Lors de son allocution du 17 avril, le président de la République Emmanuel Macron a promis des résultats rapides pour assurer un meilleur accès au soin, et notamment pour les services d'urgences. Mais comment ? Avec quels moyens ? Dans les hôpitaux et en médecine de ville, les professionnels sont perplexes.
C’est un vaste chantier auquel s’attaque, Emmanuel Macron. Dans son allocution de 20h ce 17 avril, le président de la République a fait une promesse : "d'ici la fin de l'année prochaine, nous devrons avoir désengorgé tous nos services d'urgences."
Une gageure, étant donné l'état dans lequel des années de manque de moyens et de fermetures de lits ont laissé ces mêmes services, avant même la crise du covid-19. Symbole de cette déliquescence : les urgences du Centre hospitalier régional d'Orléans, restées fermées plusieurs mois en 2022 suite à des vagues d'arrêts de travail et de grèves des médecins face à la dégradation de leurs conditions de travail.
Quelles solutions à l'horizon 2024 ?
Résultat : des brancards dans les couloirs, des salles d’attente bondées, et mêmes des morts : les urgences traversent, une crise qui n’en finit plus. En France, et particulièrement dans la région Centre-Val-de-Loire, le premier désert médical du pays. Mais quelles solutions d’ici la fin de l’année 2024 pour garantir l'accès au soin ?
En pleine Beauce, le cabinet médical de Bazoches-les-Gallerandes réalise une permanence des soins chaque week-end, pour l'hôpital de Pithiviers surchargé. Alors les généralistes peuvent-ils faire plus ? "Ça va être difficile, je fais toutes les semaines 50 heures de travail au minimum, constate Edmond Galipon, médecin généraliste installé ici en 1980. Et quand c’est en période d'épidémie hivernale, ça peut monter à 60 voire plus."
Il faut savoir que beaucoup de médecins sont en burn-out, n'en peuvent plus, et du jour au lendemain arrêtent leur activité, parce qu'ils sont psychologiquement et physiquement épuisés.
Edmond Galipon, médecin généraliste
Du côté des syndicats, on s’attend à un scénario plutôt glaçant pour atteindre l'objectif présidentiel. "Oui, il va la régler, la problématique des urgences, lance Sylvie Bertuit, secrétaire départementale CGT santé dans le Loiret, puisqu'il va mettre la main sur la manne financière de la sécurité sociale" et "vendre la majeure partie de l'activité des soins au privé". La syndicaliste prophétise ainsi un système à l'américaine, où l'engorgement se résoudrait de lui-même car un certain nombre de Français seraient simplement trop pauvres pour accéder à des soins devenus trop chers.
Contactée par France 3, l’Agence Régionale de la Santé (ARS) a indiqué qu’il était encore "beaucoup trop tôt pour apporter des réponses concrètes".