À la prison de Saran, dans le Loiret, neuf détenus ont participé à un concours d'éloquence organisé ce 27 février. Avec, au final, beaucoup à gagner en confiance en soi et en capacité à envisager autre chose que la vie derrière les barreaux.
Les concours d’éloquence se multiplient en France. Savoir argumenter, défendre un point de vue, gérer ses émotions... les concours d’éloquence améliorent la confiance en soi, entre autres. Alors forcément, certains ont pensé à introduire de telles initiatives dans les prisons.
À Saran, neuf détenus se sont prêtés à l'exercice de l'art oratoire. Thématique imposée : les Jeux olympiques. C'est d'actualité. Ce mardi 27 février, après des mois de préparation, ils ont prononcé tour à tour leur discours devant un petit auditoire de détenus et personnels de la prison.
Rentrer et sortir de sa bulle
"Je vais vous expliquer pourquoi je considère que la pétanque, qui a été retirée après les Jeux de 1992, mérite amplement de faire son retour", commence Michel. Argumenter, capter l’auditoire, donner à réfléchir : l’éloquence est un art, un exercice total qui nécessite pour les participants une mise en condition. Pour Mathilde, c'est passé par "beaucoup de travail sur la respiration", et tenter de "faire abstraction de ce qu'il y a autour, de se mettre un peu dans une bulle".
Pour elle, cet atelier, ce n'est que du positif :
À être enfermée, on perd beaucoup d'estime de soi, de confiance en soi. Réussir à faire ça, ça permet de se rappeler qu'on n'est pas personne. Que même si on est enfermé, on est capable de faire des choses.
Mathilde, détenue au centre pénitentiaire d'Orléans-Saran
Même constat pour Samuel, pour qui "écrire, c'est facile".
Effets concrets
Mais la seconde étape, parler devant une audience, lui semblait "infaisable" : "C'est dans le thème des JO, se surpasser. C'est ce que j'ai fait." Lui aussi affirme avoir gagné en confiance en lui, "c'est vraiment un pas en avant".
Ce qui ravit Raphaël Trano, comédien et animateur du concours d'éloquence à la prison de Saran. "C’est comme si mon métier avait un vrai sens, je vois des choses concrètes, je vois une évolution, se réjouit-il. On voit une utilité pour la vie d'une personne. C’est très émouvant."
En se prêtant à un concours d’éloquence, les apprentis tribuns franchissent une étape sur la voie de la réinsertion. Un encouragement à envisager l’avenir au-delà de leur lieu de détention.