Près d'un quart de rendement en moins cette année pour les producteurs de patates en Beauce (Eure-et-Loir). A l'heure de la récolte, les conséquences des fortes chaleurs se font ressentir. La pomme de terre risque donc de se faire plus rare dans les supermarchés cet hiver.
C'est la pire récolte du 21e siècle selon l’Union Nationale des Producteurs de Pomme de Terre. Depuis le début de l’arrachage, début août, les baisses de rendement atteignent 20 à 30% selon les régions. C’est aussi le cas parmi les 10 000 hectares plantés dans la Beauce, en région Centre-Val de Loire. Ici, les champs ont perdu près d'un quart de leur rendement par rapport à une année classique.
Grégoire Jaquemet est agriculteur et délégué Centre-Val de Loire de l'Union Nationale des Planteurs, en pleine récolte, il ne peut que constater les dégâts. En cause, la chaleur : "c'est même pire que des gros coups de chaud, c'est des coups de chalumeau, ça a bloqué la végétation" explique l'agriculteur.
Une conservation incertaine
Les pommes de terres récoltées ont le bon poids et la bonne forme pour être vendues, mais le doute se cristallise autour de leur conservation. Les acheteurs en gros ont ainsi demandé un "délai d'observation". Dans son hangar réfrigéré, Grégoire Jaquemet va entreposer 2 000 tonnes de patates, sans certitudes de toutes pouvoir les écouler dans ces conditions : "on ne sait pas ce que ça va donner, soit elles peuvent très bien tenir, soit elles peuvent tomber rapidement en pourriture, ou se dégrader".
Les températures ont atteint "l'aspect physiologique de la plante" précise l'agriculteur, ce qui explique cette crainte. "La grosse question c'est : quelle qualité va-t-elle avoir, dans un mois, deux mois, six mois ?" s'interroge le professionnel. Si la pomme de terre ne se conserve pas bien, les producteurs ont tout à perdre, puisque les grossistes n'achèteront pas.
Les coûts de production augmentent
A ce mauvais rendement, les professionnels doivent ajouter l'augmentation de leurs coûts "aujourd'hui on est sur 9 000 euros de l'hectare, c'est exorbitant" se désole Grégoire Jaquemet. Main d'œuvre, électricité, irrigation, les prix flambent. Une situation qui amène l'Union des Planteurs à demander à l'Etat une aide exceptionnelle pour le secteur.
Pour la quantité de patate made in La Beauce dans les supermarchés, rien n'est donc moins sûr. Pour l'instant, les producteurs n'ont aucun moyen de se projeter sur la part de leur récolte qui pourra être vendue. Les raclettes de cet hiver seront donc peut-être plus fournies en fromage, qu'en pommes de terre.