Bernadette Desprès sera à l’honneur, ce weekend à Angoulême, avec une exposition. Cinq pièces seront dédiées à la dessinatrice de « Tom Tom et Nana ». Portrait d’une femme tout sourire.
Elle nous ouvre sa maison de Givraines, près de Pithiviers avec un sourire mutin. Tout l’amuse, Bernadette, et bien sûr voir tous ces journalistes qui la demandent pour la mettre à l’honneur, ça lui fait plaisir, et ça l’agace un peu aussi, parfois. Avec son regard espiègle, ses 77 ans passent inaperçu.
Bécassine, Zig et Puce, Sylvain et Sylvestre
Derrière ses lunettes, on devine l’enfant coquine et aimée par ses parents. Elle a lu Bécassine, de Zig et Puce ou encore Sylvain et Sylvette. Elevée au sein d’une famille plutôt catholique traditionnelle, elle décidera d’être illustratrice. Une fille qui dessine, très bien. Elle ira donc dans une école de dessin parisienne, l'École des Arts Décoratifs de la rue Beethoven.
Une des pionnières de la Bd jeunesse
En 1965, elle publiera Annie fait les courses. Un an après, elle travaille chez Bayard ( Pomme d’Api ). En 1977, elle dessine pour Jacqueline Cohen, Tom Tom et Nana. La série paraîtra dans j’aime lire et sera proposée, dans les années 80 à tous les élèves de primaire. Rien de tel que des histoires courtes pour apprendre la lecture.
Elle croque les clients du restaurant !
Les aventures d’un garçon aux cheveux hirsutes et au tee-shirt rayé blanc et rouge, et de sa sœur Nana, font vite un carton. Le père Monsieur Dubouchon fait la cuisine. Bernadette Després s’inspire d’un vrai restaurant de Pithiviers, une échoppe qui n’existe plus aujourd’hui. Pour les visages, ce sont ceux de ses enfants, et puis, la tante Roberte, c’est elle, tout simplement. Elle insuffle à son dessin sa joie de vivre et son humour.
Se moquer des adultes
40 ans plus tard, elle s’étonne toujours de son succès. Elle dit que ce « n’est pas d’actualité Tom Tom et Nana, car les parents Dubouchon sont toujours ensemble ». A la question mais qu’est ce qui a fait le succès de cette série, elle répond : « Ce qui a plu, je crois, c’est qu’il y a toujours un gag à la fin. Et puis le fait que l’on se moque des adultes.A l’exposition d’Angoulême, elle montrera également ses autres publications : Les mots de Zaza, Lili moutarde, Clémence du balai. Là, encore, les visages sont tout ronds, le trait presque naïf…
"Je dessine n'importe quoi, avec n'importe qui !"
Alors Bernadette de quoi vous avez envie maintenant ? « Rien, je suis comblée ! » Un regret ?« Ce qu’il me manquait dans toutes ses histoires, c’est le fantastique : les sorcières, les dragons, j’adore les dessiner. » Elle nous avoue que récemment des enfants lui ont demandé de dessiner des zombies. Aussitôt dit aussitôt fait, elle a cherché sur internet et hop. L’interview n’en finit plus. Ce petit bout de femme sort des livres et des livres, elle veut tout montrer. Elle conclut joyeuse : « Recevoir une récompense pour s’être amusée, c’est formidable, non ? ».Exposition au Festival d'Angoulême 2019, pour lequel elle a dessiné une des trois affiches, : du jeudi 24 jusqu'au dimanche 27 janvier.