Un projet lucratif de parc à Loup à Cerdon dans le Loiret soulève des inquiétudes. Porté par deux spécialistes de l'espèce, il doit permettre l'organisation de séminaires d'entreprises.
Observer le loup pour lutter contre le mal-être en entreprise. Étrange ? Absolument pas ! C'est en tout cas ce qu'affirment Irina Andryushchenko-Basquin et Anne Frésard, les deux femmes à l'initiative de ce projet détonnant.
Ce 6 décembre s'est ouverte l'enquête publique qui doit déterminer si oui ou non ce projet remplit toutes les conditions pour être réalisé. De quoi raviver une polémique, née il y a plus d'un an et demi.
Appréhender les relations du monde du travail
Depuis un an et demi, elles tentent d'ouvrir un parc à loup à Cerdon-du-Loiret dans le but d'y proposer des séminaires d'entreprises, le "Wolf project". "Une meute est un modèle de comportement. Ce sont des animaux très coopératifs et très communicants. Tout cela est observable en temps réel", explique Irina Andryushchenko-Basquin qui se présente comme zoothérapeute, une discipline non reconnue en France.
Selon elle, observer le comportement du loup permet de mieux appréhender les relations du monde du travail : "On veut le proposer aux entreprises où il y a de la souffrance, des tensions, du harcèlement. Les sujets sont nombreux", énumère-t-elle. "Chez les humains, il y a souvent des projections sur l'autre. Elles sont parfois négatives. Ce n'est pas le cas du loup. L'animal va agir en fonction du comportement de l'autre et pas de sa projection".
Des loups arctiques nés en captivité
Pour mener à bien ce projet, les deux femmes souhaitent faire venir des loups arctiques, une espèce "qui s'adapte mieux aux conditions de captivité que le loup d'Europe", précise Anne Frésard, éthologue et responsable d’exploitation du parc Argonne découverte (Ardennes).
Six d'entre eux seront installés sur un enclos de plus de 4 000 m² :"Ça correspond à ce que l'on trouve en termes d'espace dans les parcs animaliers de France", poursuit la spécialiste.
Un projet qui divise
Mais ce projet est loin de faire l'unanimité. La mairie de Cerdon-du-Loiret, par exemple, y est opposée : "D'un point de vue général et notamment éthique, il est pour nous inacceptable d'imaginer six loups enfermés dans un enclos de 4 000 m²", s'agace Helene Tubach, deuxième adjointe au maire.
On enferme plus, en 2023, des espèces sauvages, dangereuses, dans un enclos grillagé.
Helene Tubach, adjointe au maire de Cerdon-du-Loiret
Des habitants expriment également leur désapprobation : "L'enclos est trop petit. Il y a aussi les nuisances sonores, la sécurité. Si une tempête fait tomber un arbre sur le grillage et qu'ils s'échappent ?" s'interroge une cerdonnaise.
Pour Anne Frésard, les arguments des opposants ne tiennent pas, en particulier concernant le bien-être animal : " Le loup n'est pas une espèce compliquée à élever. Il faut une zone de quiétude, un point d'eau, de l'ombre et de la lumière, et évidemment, de la nourriture en conséquence", explique-t-elle, vantant son expérience de spécialiste.
Désormais, la balle est dans le camp de la préfecture. C'est à elle de décider si oui ou non, ce parc à loup mérite de voir le jour. Un début de réponse pourrait être envisagé le 22 décembre prochain, date à laquelle les conclusions de l'enquête publique seront rendues.