Thomas Engrand est référent emploi accompagné sur le bassin d'Orléans. Le but de ce métier assez récent ? Permettre aux travailleurs handicapés d'intégrer le milieu professionnel ordinaire et de s'y maintenir, s'ils le souhaitent.
Le taux de chômage est deux fois plus élevé, pour les personnes en situation de handicap. Depuis 2017 et la mise en application de la loi El Khomri, l'État prend des mesures pour tendre vers plus d'inclusion professionnelle pour les personnes handicapées. D'où la création d'un métier, celui de Thomas Engrand, que nous avons rencontré à Orléans, dans le cadre de la Semaine européenne pour l'emploi des personnes handicapées.
"Le métier de référent emploi accompagné n'existe que depuis 4 ans et demi", débute Thomas Engrand. "C'est très récent. On sait que notre action a un impact positif mais on n'en est encore qu'aux balbutiements", ajoute-t-il.
Milieu ordinaire, milieu protégé : quelle est la différence ?
Depuis un peu plus d'un an, il a rejoint le Dispositif emploi accompagné du Loiret, ou DEA 45. Sa mission ? Accompagner les personnes handicapées qui le souhaitent dans leur projet professionnel d'intégration et de maintien dans un milieu ordinaire de travail.
Milieu ordinaire, milieu protégé… Pour certaines personnes lourdement handicapées, le milieu protégé, autrement dit, les ESAT (Établissements et services d'aide par le travail) se trouve être plus adapté, plus sécurisé. Il peut être une solution durable. Mais, pour certains travailleurs handicapées, faire l'expérience du milieu ordinaire et intégrer une entreprise "classique" peut devenir un projet. C'est là que peut intervenir Thomas Engrand.
Dans le Loiret, trois référents pour une longue liste d'attente
Le monde du handicap, Thomas Engrand le connaît bien. Depuis ses 21 ans, il a exercé dans ce milieu professionnel. Une dizaine d'années dans des établissements de type foyers, une dizaine d'autres dans l'accompagnement de troubles psychiques.
Il y a deux ans, il a obtenu son titre professionnel de conseiller en insertion professionnel. Toutes ces expériences lui permettent d'être compétent sur ce poste. Dans le Loiret, il n'est pas le seul à l'être. Ils sont trois à exercer la fonction de référent emploi accompagné. Avec un alternant. C'est peu, d'autant que la liste d'attente est longue, côté bénéficiaires.
Une personne en situation de handicap a minimum deux fois moins de chances de trouver un emploi pérenne
Thomas Engrand, référent emploi accompagné
Actuellement, il suit 24 bénéficiaires porteurs d'un handicap invisible. Cela comprend les troubles psychiques, cognitifs, les Dys, troubles du spectre autistique et de l'apprentissage. "L'objectif du dispositif d'accompagnement, c'est d'intervenir sur tous les freins à l'emploi. Ils sont multiples et variés, ce qui implique un accompagnement médico-social et un soutien à l'insertion professionnelle", développe Thomas Engrand.
Ces fameux freins à l'emploi pour la personne handicapée peuvent effectivement toucher plusieurs domaines : santé, ressources financières, mobilité, formation, contraintes familiales, le logement… La mission de Thomas Engrand ne s'arrête pas là. Puisqu'il intervient également auprès des employeurs.
Un soutien, également pour l'employeur
L'employeur, public ou privé, pourra solliciter le référent emploi accompagné à tout moment. Pour l'aiguiller dans l'adaptation de l'environnement et du poste de travail ou bien encore pour l'aider à remédier aux difficultés rencontrées au quotidien par le travailleur handicapé.
L'accompagnement proposé par Thomas Engrand se décompose en plusieurs axes. Ils permettent d'évaluer la situation professionnelle, les capacités, les besoins et le marché du travail, d'aider à la mise en œuvre du projet professionnel, au moyen de stages notamment, assister à la recherche d'emploi…
Le travailleur, l'acteur principal de l'accompagnement
Thomas Engrand assiste ensuite aux entretiens d'embauche, accompagne son bénéficiaire dans sa prise de poste. Il veille également au maintien dans l'emploi du travailleur. Tout au long de l'accompagnement, le référent et la personne handicapée travaillent ensemble. "On ne fait pas à la place, on est en appui", précise Thomas Engrand.
Le travailleur handicapé peut être accompagné autant de temps qu'il le souhaite. S'il réalise que le milieu ordinaire ne lui convient pas, il peut également choisir de se réorienter vers le milieu protégé. Dans ce cas, il sortira du dispositif et sera accompagné autrement, dans le cadre d'un ESAT par exemple.
L'un de mes bénéficiaires est revenu me voir, en me disant que le milieu ordinaire était trop compliqué pour lui
Thomas Engrand, référent emploi accompagné
Cette situation, Thomas Engrand l'a déjà rencontrée avec l'un de ses bénéficiaires. "Il sortait d'ESAT et voulait aller s'essayer au milieu ordinaire", se souvient-il. Après avoir tenté l'expérience sur deux postes, dans le milieu de l'entretien et de la logistique, cette personne a finalement revu son projet.
"Ce monsieur s'est rendu compte que les demandes qu'on avait vis-à-vis de la qualité et le rendement de son travail étaient bien au-delà de ce qu'il pouvait fournir", explique le référent. L'accompagnement a donc évolué vers le milieu protégé.
"Aujourd'hui, il est embauché dans un ESAT, en tant qu'agent administratif. On pourrait dire que c'est une sortie qui n'est pas positive puisque c'est vers le milieu protégé mais c'en est une puisque ce monsieur s'épanouit aujourd'hui sur son poste de travail", conclut Thomas Engrand.
