Un ancien des Brigades rouges, habitant du Loiret, arrêté

Quarante après, son passé le rattrape. Narciso Manenti, installé à Châlette-sur-Loing, près de Montargis dans le Loiret, a été arrêté ce mercredi 28 avril. Cet ancien membre des Brigades rouges est recherché par son pays, l'Italie. Six autres personnes ont été interpellées.

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Installé à Châlette-sur-Loing, près de Montargis dans le Loiret, Narciso Manenti fait partie des sept anciens membres des Brigades rouges, arrêtés ce mercredi 28 avril. Trois autres personnes sont recherchées.

Le Châlettois d’adoption était en fuite depuis plus de quarante ans pour le meurtre d'un carabinier, Giuseppe Gurrieri, le 13 mars 1979, à Bergame. En 1983, il avait été jugé coupable par contumace et condamné à la réclusion criminelle à perpétuité.

Selon la presse italienne, il est marié à une Française depuis 1985. Dans le Loiret, il possède une entreprise de services à la personne. Son passé n'était pas connu quand il s’est installé dans la commune, selon Franck Demaumont, le maire de Châlette-sur-Loing. "C’est ressorti quand on a commencé à reparler d’extradition il y a deux ou trois ans", raconte-t-il.

Un "besoin de justice" pour l'Elysée

Le Président de la République, Emmanuel Macron a décidé de ces arrestations, à la demande de l’Italie. "La France, elle-même touchée par le terrorisme, comprend l'absolu besoin de justice des victimes", explique l'Elysée. La décision de transmettre au Parquet ces dix noms "a été prise par le Président et s'inscrit strictement dans la "doctrine Mitterrand" datant de 1985 et consistant à accorder l'asile aux ex-brigadistes sauf pour les crimes de sang, a précisé l'Élysée. 

Ces activistes d’extrême-gauche ont été condamnés dans les années 70-80 pour des actes de terrorisme. Ils se sont réfugiés en France après ces "années de plomb". Depuis 1981, seuls deux décrets d'extradition ont été signés, sous Jacques Chirac : celui de Paolo Persichetti en 1995, extradé en Italie en 2002, et celui de Cesare Battisti en 2004, le plus recherché des anciens activistes, qui vivait en France depuis 1990 et s'est alors réfugié à l'étranger. Il a ensuite été arrêté en Bolivie.

En 2008, Nicolas Sarkozy avait décidé de ne pas appliquer le décret d'extradition de l'ex-membre des Brigades rouges Marina Petrella, condamnée à perpétuité en Italie, en raison de son état de santé. Elle fait partie des sept personnes interpellées. Figurent également Giorgio Petriostefani, Roberta Capelli, Enzo Calvitti, Giovanni Alimonti et Sergio Tornaghi. Les trois personnes encore recherchées sont Maurizio Di Marzio, Ermenegildo Marginelli et Raffaele Ventura.

"Une trahison innommable de la France" pour l'avocate des anciens Brigades rouges

"C'est une trahison innommable de la France. Je suis indignée et je n'ai pas les mots pour décrire cette opération qui s'apparente à une mini-rafle", a déclaré à l'AFP Maître Irène Terrel, avocate de cinq des sept ex-brigadistes interpellés.

Depuis les années 1980, ces gens-là sont sous la protection de la France, ils ont refait leur vie ici depuis 30 ans, sont installés au vu et au su de tous, avec leurs enfants, leurs petits-enfants... et au petit matin, on vient les chercher, 40 ans après les faits ? C'est innommable et irrecevable en droit.

Maître Irène Terrel, avocate de cinq des sept ex-brigadistes interpellés.

La justice doit maintenant se prononcer sur leur extradition, au cas par cas. Les ex-brigadistes arrêtés doivent être présentés d'ici 48 heures devant le Parquet général de la Cour d'appel de Paris, avant qu'un juge ne statue sur leur éventuelle détention ou leur remise en liberté sous contrôle judiciaire, le temps de l'examen des demandes d'extraditions italiennes, a-t-on appris de source judiciaire.

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