Emmanuel Denis, Marc Gricourt ainsi qu'une soixantaine d'élus de gauche réclament au gouvernement, dans une tribune dans le JDD, la tenue d'un moratoire sur le déploiement de la 5G. Les signataires mettent en avant des problèmes d'ordre démocratique, environnemental et sanitaire.
Cette fin de septembre devrait sonner comme le coup d'envoi du déploiement de la 5G en France. Entre le 20 et le 30 septembre, onze blocs de fréquences seront répartis entre Orange, SFR, Free et Bouygues. La dernière étape avant la mise en place matérielle des équipements nécessaires à la transmission de ces nouvelles ondes haut-débit.
En réaction, une soixantaine d'élus de gauche, dont le maire de Tours Emmanuel Denis (qui s'est fait connaître par son engagement contre les antennes relais) et le maire de Blois Marc Gricourt, ont signé une tribune dans le Journal du Dimanche ce 13 septembre. Le texte réclame la mise en place d'un "moratoire sur le déploiement de la 5G au moins jusqu'à l'été 2021", et de mettre à profit cette pause par "la tenue d'un débat démocratique décentralisé sur la 5G et sur les usages numériques".
Pour les signataires, le déploiement de ce nouveau réseau "intervient sans étude d'impact climatique et environnemental ni aucune consultation publique préalable. Pourtant l'utilité réelle de la 5G est loin d'être aussi évidente que le prétendent les opérateurs de téléphonie mobile ou le gouvernement."
"L'inflation numérique doit nous amener à réfléchir d'urgence à nos besoins et à nos usages en la matière". Avec de https://t.co/rlzpJSOzjV collègues maires et parlementaires, nous demandons un débat démocratique sur la #5Ghttps://t.co/1OIfhyfBab
— Emmanuel Denis (@EmmanuelDenis37) September 13, 2020
Effets biologiques, sanitaires, environnementaux
"Il est urgent de s'interroger sur l'impact sanitaire de la multiplication d'objets hyperconnectés", assènent les signataires, mettant en avant notamment une conclusion d'une expertise de l'Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) :Cette expertise de l'Anses sur la 5G, lancée en 2019, et dont certaines réflexions ont été rendues publiques en octobre 2019 et juin 2020, est toujours en cours, et "il nous semble indispensables d'attendre ses conclusions avant de déployer la 5G dans nos villes et dans nos campagnes".Le travail d’identification des publications a mis en évidence un manque important, voire une absence de données relatives aux effets biologiques et sanitaires potentiels dans les bandes de fréquences considérées. De plus, les données de la recherche sur les fréquences les plus élevées entre 20 et 60 GHz, sont encore peu nombreuses.
De plus, le déploiement de la 5G risque, selon les signataires, d'"exponentiellement accélérer l'exploitation de ressources naturelles non renouvelables due à l'extraction de métaux rares, et la génération de quantité de déchet pas ou peu recyclable".
Le texte s'interroge également sur l'utilité de ce réseau très haut débit, dont seules quelques villes pourront profiter à court terme, alors que "la technologie 4G n'est toujours pas totalement déployée, que les collectivités dépensent des sommes importantes pour équiper en fibre les espaces ruraux et mal desservis".La technologie 5G est conçue pour permettre des débits dix fois supérieurs à la 4G sur les smartphones, mais son déploiement en France aboutira à un 'effet rebond' par la hausse de la consommation de données et d'usage des télécommunications, synonyme d'une très forte consommation d'énergie par la sollicitation des antennes et des serveurs.
Selon les signataire, "l'arrivée de la 5G risque surtout d'aggraver les fractures numériques existantes".