Paroles de confinés : la journaliste tourangelle Marie-Laure Augry partage ses moments de confinement à Paris

Elle fut l’une des premières femmes à présenter un journal télévisé dans les années 1980, seule puis en duo avec Yves Mourousi sur TF1. Médiatrice des rédactions de France 3 pendant plus de 15 ans, Marie-Laure Augry vit son confinement à Paris, auprès de son époux.
 

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« Sidération », c’est le premier mot qui vient à la bouche de Marie-Laure Augry, quand on lui demande quelle a été sa réaction à l’annonce du confinement, le 16 mars dernier. « Les premières nuits, il m’est arrivé de me réveiller avec l’impression que tout ça n’était qu’un rêve, ou plutôt un cauchemar. » La veille de l’annonce du confinement, la journaliste était à Tours : « J’étais venue pour travailler sur la prochaine édition des Assises du Journalisme qui devraient d’ailleurs se tenir en ce moment-même », se souvient-elle. « Quand je suis repartie pour Paris, je n’imaginais pas que je n’en bougerai plus pour un bon moment ! »

Mi-Tourangelle, mi-Parisienne

Car Marie-Laure Augry se rend très régulièrement en Touraine. Née à Tours, de parents commerçants, elle y a grandi puis étudié le journalisme. Elle y passe depuis une partie de l’année, au calme, dans sa maison de Fondettes. Pourtant, à l’annonce du confinement, la journaliste a repris le chemin de son domicile parisien. « Je voulais retrouver mon mari, être près de mes enfants et de mes petits-enfants qui habitent également à Paris. Même si vivre à quelques kilomètres seulement ne nous permet pas pour autant de nous voir ! »

Depuis, elle bouge peu. Sauf pour faire quelques courses chez les commerçants de son quartier tout proche des anciens studios de Cognacq-Jay, dans le VIIe arrondissement de Paris. Ce qu’elle pense de celles et ceux qui ont fui les grandes villes, dont la capitale, pour rallier des résidences secondaires en province ?

À l’annonce du confinement, l’étonnement était tel que personne ne réalisait vraiment l’ampleur de la crise. Je ne suis pas sûre que ces gens soient partis consciemment, ni qu’ils aient tous réalisé le risque de propager le virus et de se retrouver dans des régions sans doute moins équipées en termes de structures médicales.

Le temps suspendu

Bloquée chez elle depuis plusieurs semaines, Marie-Laure Augry en profite pour faire ce qu’on ne prend jamais le temps de faire : « Je range, je vide des tiroirs, je redécouvre de vieilles photos oubliées, ça a son charme… Et puis, ça y est : j’ai enfin repeint le mur de l’ancienne chambre de ma fille ! » s’amuse-t-elle, joviale. Même si elle le reconnaît : "on finit par perdre la notion du temps."

Elle confesse qu’un ouvrage de Jean-Claude Carrière attend sagement d’être ouvert, mais que pour l’heure, pas une page n’a été tournée. « Je suis plus attirée par les articles de presse, j’écoute toujours beaucoup la radio. Cette réalité est complètement inédite pour chacun de nous, et je trouve passionnant d’observer la façon dont travaille la presse, comment l’info est traitée dans ces conditions. C’est du jamais-vu ! »

Vers un retour de la « grand-messe » du 20h ?

L’ancienne présentatrice de journaux télévisés assiste au retour en force des 13h et des 20h. Depuis le début de la crise sanitaire, ils enregistrent des records d’audience. "Pas un hasard", selon elle. « Le confinement gonfle les chiffres, c’est certain, mais il faut aussi se rendre compte que les JT ont su évoluer et s’adapter. Ce sont des moments qui nous rassemblent, particulièrement en ce moment » se réjouit Marie-Laure Augry.

« Avant, c’était le moment où l’on apprenait ce qui se passait dans le monde. Aujourd’hui, on regarde le 20h en sachant déjà ce qu’il s’est passé. On regarde parce qu’on attend autre chose : du décryptage, de la mise en perspective, de l’interactivité. C’est pour cela, à mon avis, que les journaux télévisés ont survécu à l’arrivée des chaînes infos et qu'ils sont toujours très regardés. » Un pied de nez à ceux qui annonçaient la mort certaine de ces grands rendez-vous il y a une décennie à peine, à l’image de l’ancien sociologue Jean-Louis Missika.

On se rend compte, et c’est particulièrement vrai dans une situation telle que celle que nous vivons actuellement, que les JT constituent des repères pour les gens,  assure Marie-Laure Augry.

Et pour les jeunes, souvent happés par les réseaux sociaux ? « Je fais beaucoup d’éducation aux médias, et je peux vous dire que les collégiens et les lycéens, tant qu’ils habitent chez leurs parents, sont également des consommateurs de journaux télévisés. »

Et Marie-Laure Augry de mettre en garde : « Attention toutefois aux plus jeunes, surtout en ce moment. Les informations sont très anxiogènes, ne les laissons pas devant les écrans… » 

Remercier et encourager chaque jour les soignants

À 20h pourtant, ce n’est pas vers son poste de télévision que se dirige Marie-Laure Augry, mais vers son balcon. A l’instar de millions de Français, elle participe à ces témoignages de soutien, ces applaudissements à destination des soignants qui sont sur le front depuis plusieurs semaines.

Je trouve ces instants incroyables. Au-delà de l’hommage rendu, on se voit, on peut se dire bonjour, parfois même on découvre ses voisins. Tous les soirs, je suis là et j’applaudis. C’est devenu un rendez-vous quotidien très important pour moi.

À quelque chose malheur est bon. L’adage lui sied bien. « Je crois sincèrement qu’une prise de conscience est en train d’émerger. Les gens se mobilisent, sont solidaires. J’espère juste que tout cela se poursuivra après la crise. Parce que ce qui nous arrive aujourd’hui, pourquoi ça ne recommencerait pas ? »

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