C'est une décision prise par le bureau du groupe Renaissance. Tout député qui vote contre, s'abstient, ou ne vote pas la loi de réforme des retraites se verra expulsé du groupe. Des députés réagissent.
Le bureau du groupe Renaissance vient de prendre une décision qui pourrait convaincre les hésitants. Tout député qui vote contre, s'abstient, ou ne vote pas la réforme des retraites se verra exclu du groupe à l'assemblée.
"Ça me semble assez cohérent" réagit Caroline Janvier, députée Renaissance du Loiret. "C'est une règle tacite pour tout vote budgétaire" précise l'élue, habituée à revendiquer à la fois son indépendance et sa loyauté envers le groupe majoritaire.
La réforme se joue effectivement dans le cadre budgétaire. Celui du projet de loi de financement rectificative de la sécurité sociale 2023 : "C'est ce qui nous permettra de voter d'autres avancées sociales plus populaires", estime-t-elle. Et si on ne vote pas le budget, pas question de se prétendre de la majorité.
"Personne n'est pris par surprise"
Du côté des alliés proches de la majorité, Richard Ramos, député Modem, regrette la méthode, mais reconnaît que sur le fond, "si on vote contre un texte de budget, on se met en opposition". Pas besoin de menace selon lui, les élus prennent eux même leurs responsabilités dans ces cas : "comme dans un conseil municipal".
Caroline Janvier, qui est pourtant parfois en désaccord "et ça m'arrivera encore", sur des projets ou propositions de loi, considère qu'il y a deux poids de mesures. Entre ce qui tient de la ligne politique, et ce qui est davantage négociable. "C'est une réforme qui était dans notre programme, personne n'est pris par surprise."
Pour elle, c'est très clair : "On ne peut pas être d'accord avec ce qui est facile à porter, comme le 'quoi qu'il en coûte' (pendant la crise sanitaire ndlr) et ne pas assumer les réformes difficiles à porter." Au risque de faire de la "démagogie".
Des élus qui représentent leurs électeurs
Lorsque l'on évoque une entrave à la liberté de vote, elle botte en touche. "Chacun représente les habitants qui l'ont élu et décide de son vote" maintient-elle, "on a le droit de ne pas être d'accord, mais il faut en assumer les conséquences".
Dans l'opposition, le député Rassemblement National de Montargis Thomas Ménagé fustige quant à lui cette décision sur les réseaux sociaux. "Chers collègues, un peu de courage dans l'intérêt des Français !", qualifiant la méthode de "chantage".
Une majorité relative en danger ?
Un texte, adressé à tous les groupes de la majorité, indiquait la nécessité, pour chaque député, d'aller dans le sens du gouvernement. Une "charte", qualifie Caroline Janvier. Richard Ramos, quant à lui, assure ne pas avoir signé ce texte.
Cette décision pourrait concerner une poignée de députés, cinq ou six, qui menacent de s'abstenir ou de ne pas voter. Dans un contexte de majorité relative, Caroline Janvier estime qu'il ne faudrait pas "céder", ni à des groupes d'opposition, ni à un petit groupe de députés frondeurs.