Les Français sont appelés aux urnes le 9 juin 2024 pour élire leurs députés européens. Une élection souvent boudée, qui représente pourtant un enjeu national important. France 3 Centre-Val de Loire reçoit Laurent Warzoulet, auteur du livre "Europe contre Europe".
"Elle fait partie des plus ignorées, et pourtant ..." Laurent Warzoulet sait que les Français boudent les élections Européennes. Ce professeur d'histoire à Sorbonne Université et auteur de l'ouvrage "Europe contre Europe" (Cnrs éditions 2022) est l'invité du 19/20 de France 3 Centre-Val de Loire, ce dimanche 14 avril.
Les Français sont appelés aux urnes le 9 juin pour élire leurs députés Européens. Lors de la dernière élection, le taux de participation avait tout juste dépassé les 50%, un record pour les vingt-sept.
Des décisions qui ont des conséquences au quotidien
"L'Europe est l'une des assemblées élues les plus puissantes au monde." Et pour cause, les traités de libre-échange comme le Mercosur, ou encore les décisions autour de la protection de l'environnement y sont discutés. Les labels énergétiques, alimentaires comme l'AOP ont aussi été décidés au niveau de l'Europe. C'est aussi grâce à une décision collégiale que les communications téléphoniques en Europe ne sont plus surtaxées.
"On ne vote pas pour ou contre l'Union Européenne" souligne Laurent Warzoulet, mais pour savoir ce que l'on veut pour elle. Plus ou moins protectrice, avec plus ou moins de libre-échange ...
Dans un pays centré sur la figure de son président, il reste difficile de faire comprendre le fonctionnement des instances Européennes. "C'est compliqué, mais en France aussi, quand on y pense" insiste Laurent Warzoulet.
Les clivages ne sont pas seulement entre la gauche, la droite et les extrêmes, mais aussi entre les pays "et entre ceux qui veulent plus, ou moins d'Europe". Le tout, dans plusieurs instances.
Y a-t-il une ou un chef à bord ?
”L'Europe, quel numéro de téléphone ?”, une phrase d'Henry Kissinger (ancien secrétaire d'Etat américain) en 1970, qui représente encore le flou, autour des décisionnaires dans cette grande organisation. "Quand on veut joindre la France, on appelle Macron, pour l'Allemagne Olaf Scholz. POur l'Europe, il n'y a pas de numéro" explique Laurent Warzoulet.
Et pour cause, le fonctionnement choisi est "basé sur le partage". À l'image de la présidence du conseil de l'UE, qui tourne tous les six mois. À chaque fois, un nouveau pays membre assume le rôle. "Une manière pour que chaque pays se sente représenté à un moment, mais qui rend les choses moins lisibles".
Le Royaume-Uni a quant à lui décidé, après un référendum en 2016, de quitter l'Union. Un Brexit qui a rendu l'UE plus Française aux yeux de Laurent Warzoulet "avec la vision d'une entité plus puissante et protectrice".