Parents en croisière, refus de sujet, rencontre avec l'Histoire... Le baccalauréat n'a pas été de tout repos pour eux !
Le 17 juin, 26520 bacheliers de la région Centre se rendaient à leur examen, la boule au ventre. "Est-il possible d’échapper au temps ?", "Les lois peuvent-elles faire notre bonheur ?", la philosophie a lancé comme de coutume les hostilités.
Mais pour certains, le bac, c'est déjà un souvenir. Parfois, même, un souvenir qui commence à se faire lointain mais qui est resté particulièrement vif. A l'occasion du bac 2019, cinq personnalités de la région nous ont raconté le leur, entre rire et nostalgie.
Nadia Essayan, députée du Cher
"J'ai passé le bac français à Beyrouth, en 1975. Comme c'était un bac un peu spécial, j'étais la seule à le faire, et je n'avais pas une bonne préparation. Je me suis retrouvée la veille avec un programme de maths que je n'avais pas fait. J'ai passé toute la nuit avec mon prof, qui est venu chez moi, pour me faire rattraper. J'avais également de l'arabe en seconde langue. C'était une école arménienne, on était toutes plus nulles les unes que les autres (rires). On avait préparé 10 textes, mais l'examinatrice a refusé de n'avoir que ces 10 textes et en a choisi un tout autre, au hasard ! Et malgré ça, j'ai eu mon bac, malgré tout !
Et le jour où je suis allée chercher mes résultats, là, ce n'est pas marrant du tout. On est arrivées place des canons avec maman et les premières fusillades de Beyrouth ont commencé. On a été prises dedans, on a dû partir en catastrophe. On est arrivées à la maison complètement tremblantes."
Avec Nadia Essayan
David Forge, agriculteur et youtubeur
"Je me souviens de cette pression, pfffouuu... Je passais un bac technologique. Ce qui est particulier, c'est que je ne savais toujours pas si je voulais travailler dans l'agriculture. Je m'en détournais, même, puisque j'ai travaillé ensuite dans le para-agricole. Je me donnais d'autres mois explorables, avec ce bac pas trop professionnalisant. C'est quand même un moment où on a l'impression que si on échoue, c'est qu'on est nul ! Je me posais beaucoup de questions. C'étaient les années d'internat, les bonnes années, puisque les parents ne sont pas là ! (rires)
Evidemment, je ne me posais même pas la question de si j'allais arriver sur Youtube, ça n'existait même pas en 98. Google démarrait, je venais de faire ma première requête sur un ordinateur de l'école. Quand on se remémore ça, on se dit que c'était une autre vie."
Avec David Forge
Laure de la Raudière, députée d'Eure-et-Loir
"Je me souviens de ces grandes salles dans lesquelles on était assis... C'est ça qui m'avais impressionnée. Et je me souviens aussi du bac de français. A l'oral, l'examinateur m'avait dit : "Madame de la Raudière, vous allez avoir un texte de Platon" et j'ai dit : "Non. Pas ça, je ne sais absolument RIEN sur Platon, et je ne me souviens de RIEN" (rires).
Il était tellement surpris qu'il m'avait finalement donné Le Spleen, de Baudelaire . Je l'ai remercié mille fois. Et il ne m'a pas tenu rigueur du fait que j'ai fait comme un cheval qui refuse l'obstacle... L'audace paye, quand c'est spontané !"
Avec Laure de la Raudière
Laélia Véron, enseignante-chercheuse, militante et autrice
"Mon bac ne s'est pas déroulé dans la plus parfaite sérénité... Pour l'oral de l'épreuve anticipée de français, je devais me rendre dans un autre établissement dans une autre ville. La communication n'avait pas bien été gérée entre les deux lycées, et l'horaire qu'on m'avait donné n'était pas le bond. Résultat : une examinatrice furibonde à cause des retars en cascade, et une élève en train de préparer en larmes...
Je me suis dit que c'était la catastrophe. Alors que le français était ma matière forte, j'ai cru que tout allait être fichu à cause d'une erreur extérieure. Mais je me suis accrochée pour parler tant bien que mal de l'art de l'apologue ! Et j'ai eu une bonne note."
Avec Laélia Véron
Jean-Pierre Door, député du Loiret
"J'ai passé le bac normalement, en 1960. J'attendais les résultats, on est toujours un peu impatient... Et pendant ce temps-là, mes parents navigaient vers les Etats-Unis, sur le bateau le France. Il a fallu que je trouve le moyen de les appeler, pour leur dire que j'avais été reçu. Je ne savais pas comment m'y prendre : à cette époque-là, il n'y avait pas de portable.
Il a fallu qu'une tante qui me gardait appelle la Compagnie Générale Transatlantique, qui a fait passer le message. Mes parents m'ont rappelé après, le soir, pour me féliciter. J'étais très heureux, et j'ai eu le droit d'aller au bal du bac, à Orléans."
Avec Jean-Pierre Door