Au lendemain de la victoire d'Emmanuel Macron et à un mois des élections législatives, LREM tente déjà de capitaliser sur ses acquis, notamment dans son bastion tourangeau, tandis que le Rassemblement national et la France insoumise serrent les rangs pour devenir la première force d'opposition.
Ce 25 avril a un goût de victoire pour les partisans du président Emmanuel Macron, réélu à 58%. Mais ce score, en net recul par rapport à 2017, ne masque pas les ambitions des forces d'opposition, qui fourbissent déjà leurs armes pour conquérir l'Assemblée nationale.
LREM prête à s'adapter pour les législatives
A un peu plus d'un mois des prochaines élections législatives, les élus de la majorité sortante ne s'y trompent d'ailleurs pas. En Centre-Val de Loire, le député de Touraine Daniel Labaronne se félicite de la "sur-performance" du président réélu dans son département, où il a réuni 62,66% des votes du second tour.
La Touraine est une terre d'équilibre, de bienveillance et de modération, qui refuse les extrêmes, en l'occurrence l'extrême-droite
Daniel Labaronne, député En marche de la 2e circonscription d'Indre-et-Loire
Pour autant, "il ne faut pas considérer que cette élection nous permet d'être arrogants", que ce soit localement, avec les électeurs, ou au niveau national, avec d'autres formations politiques. A l'inverse, le député insiste sur une "stratégie du respect" et de l'écoute, pour convaincre un électorat désabusé.
"Ce ne sont pas cinq ans de plus pour rien, c'est cinq de mieux !", abonde son collègue LREM de la première circonscription, Philippe Chalumeau. Ce dernier salue une "très belle campagne" du parti LREM autour du président réélu. "On l'a bien vu au cours du débat : il n'y a pas photo dans la maîtrise des dossiers." Reste à mener une campagne des législatives qui s'annoncent loin d'être faciles pour la majorité sortante.
Le Rassemblement national se sent pousser des ailes
Les législatives sont d'ailleurs aussi en ligne de mire du Rassemblement national, qui malgré la défaite compte bien saisir l'opportunité de devenir la principale force d'opposition pour les cinq ans à venir.
Ce résultat, explique Aleksandar Nikolic, président du groupe RN au conseil régional et directeur des Jeunes avec Marine "est un motif d'espoir, le plafond de verre a été brisé". L'objectif selon lui sera désormais de mobiliser un "vote patriote" et un "vote populaire et social", et de concurrencer Jean-Luc Mélenchon, désigné comme "complice de la victoire d'Emmanuel Macron et de la casse sociale de ce quinquennat".
Un "troisième tour" sous haute tension
Parmi les partis privés de second tour, la France insoumise est pourtant, elle aussi, remontée à bloc dans la perspective des législatives. Le 19 avril, Jean-Luc Mélenchon a demandé aux Français de "l'élire Premier ministre" par le biais d'une majorité parlementaire qui imposerait une cohabitation à Emmanuel Macron.
"On est tendus vers cet objectif" confirme la conseillère régionale Karin Fischer. Le duel Macron - Le Pen, marqué par 28% d'abstention et plus de 6% de votes blancs ou nuls, donne raison au candidat de la France insoumise.
On pense aussi que cette situation du second tour tend à confirmer la nécessité d'une 6e République, lorsqu'on voit qu'entre 30 et 40% des électeurs ne se reconnaissent pas dans ce second tour
Karin Fischer, conseillère régionale LFI
Pour ce faire, la formation de gauche cherche désormais un accord, sur la base de son programme, avec EELV, le PCF ou encore le NPA. Et, in fine, porter "les sujets de fonds : le refus de la retraite à 65 ans, une vraie planification écologique et la fin du démantèlement des services publics".
"On ne peut pas se satisfaire de voir des forces politiques qui se trémoussent à 2500 sur le Champs de Mars et qui sont contents d'avoir le Front national à 42%" commente pour sa part le maire PCF de Vierzon, Nicolas Sansu. "Quand il n'y a qu'un seul bulletin en face, certains le prennent" déplorent l'édile communiste, déjà sur le pied de guerre pour unir la gauche dans le Cher. Les citoyens qui ont choisi le RN au second tour sont, selon lui "des fachos, pas tous" mais "des fâchés, oui !".
Il faut faire en sorte qu'il y ait une alternative au combat mortifère entre la droite libérale et l'extrême-droite haineuse
Nicolas Sansu, maire PCF de Vierzon
A droite, les Républicains aussi vont devoir batailler pour continuer à exister entre le RN et LREM. "Nette et sans appel" sur le plan "arithmétique", la victoire d'Emmanuel Macron est toutefois "en demi-teinte" sur le plan politique, estime par exemple Jean-Gérard Paumier, président LR du conseil départemental d'Indre-et-Loire.
"Après deux ans de crise covid, de retour de l'inflation et désormais de guerre en Europe, le quinquennat 2022-2027 s'ouvre sous le signe d'un désenchantement certain et d'une morosité inquiète." Ce désenchantement est d'ailleurs aussi reflété au sein de l'ancien parti gaulliste, hanté par le spectre d'une scission.