Le rapprochement observé depuis plusieurs semaines entre Marion Maréchal et le candidat Eric Zemmour a été officialisé ce dimanche 06 mars, à l’occasion du meeting du candidat à l’élection présidentielle. Pour les élus RN de la région Centre-Val de Loire que nous avons interrogés, c’est un non-évènement.
"Pas une surprise". "Un non-évènement". "Secondaire". Côté Rassemblement National en région Centre-Val de Loire, le message est clair. Le ralliement de Marion Maréchal à Eric Zemmour est dédramatisé. "Je pense que ça ne change rien maintenant", commente Michel Chassier, délégué départemental du RN dans le Loir-et-Cher "Les électeurs proches de Marion Maréchal était déjà dans le camp de Zemmour. Je ne pense pas que cela lui apporte davantage". D’autant que le timing n’est pas bon, estime Aleksandar Nikolic, président du groupe RN au conseil régional du Centre-Val de Loire. "Du fait de la crise ukrainienne, de la crise énergétique, et donc de la baisse du pouvoir d’achat des Français, c’est quelque chose qui fait pschitt".
Que pèse politiquement Marion Maréchal ? L’ancienne députée du Vaucluse a quitté la politique depuis 2017. Mais avec cette participation au meeting du candidat de Reconquête, à Toulon ce dimanche 6 mars, la petite-fille de Jean-Marie Le Pen, la nièce de Marine Le Pen, s’éloigne encore un peu plus de sa famille politique – et de sa famille tout court. "C’est quelqu’un qui cherche à revenir en politique et à se placer", juge Mylène Wunsch, déléguée départementale du RN dans l’Indre.
Les élus RN retiennent surtout que Marion Maréchal n’a pas tenu sa promesse. Celle de soutenir le candidat le mieux placé. "Peut-être que c’est l’après qui la préoccupe le plus. Nous, on n’est pas dans l’après. Ce que l’on veut, c’est immédiatement changer la vie des Français", assure Aleksandar Nikolic.
Depuis le début de la campagne présidentielle, Reconquête a enregistré plusieurs arrivées d’anciens cadres du RN : Gilbert Collard, Nicolas Bay... Au niveau régional, le délégué départemental du Loiret et conseiller régional, Cyril Hemardinquer, a lui aussi rejoint le camp Zemmour, en février dernier.
Continuer une campagne de terrain
Il faudra attendre quelques jours pour connaitre l’impact du ralliement de Marion Maréchal sur la campagne d'Éric Zemmour. Selon un sondage d'Ipsos-Sopra-Steria pour Le Monde, publié samedi 5 mars, soit la veille du meeting de Toulon, Marine Le Pen était à 14,5 % d'intentions de vote au premier tour, contre 13 % pour Éric Zemmour. "Ce que je crains, c’est que les électeurs un peu perdus dispersent le vote national et prennent le risque que Marine Le Pen ne soit pas au second tour", admet Mylène Wunsch. "Nos concurrents sont dans une perspective qui n’est pas de gagner l’élection présidentielle mais simplement nous empêcher de l’emporter", analyse Michel Chassier. Les écarts restaient très faibles avec les autres concurrents : 12 % pour Jean-Luc Mélenchon, de la France insoumise et 11,5 % pour Valérie Pécresse, la candidate des LR. Emmanuel Macron était, lui, en tête avec 30,5 % d'intentions de vote.
Au niveau local, quelques adhérents quittent le partis. Mais le phénomène reste limité, assurent les élus. "Ça se compte sur les doigts d’une main", calcule Michel Chassier. Alors pour resserrer les rangs, on se concentre sur le fond. "On réfléchit à de nouvelles solutions. On a souvent évoqué notre baisse de la TVA à 5,5 %. Est-ce que ce sera suffisant pour faire face à la montée du prix des carburants ? C’est une des solutions, mais il faudra peut-être en trouver d’autres", explique Aleksandar Nicolic.
Les élus se tournent aussi vers le terrain. Affichage classique, distribution de tracts sur les marchés. Un bus à l’effigie de Marine Le Pen sillonne également la région. "C’est très réconfortant quand les gens klaxonnent, quand ils disent "vive Marine", quand ils viennent vous voir pour récupérer des tracts. Nous, on est sur le terrain", conclut Mylène Wunsch.