L'Etat et les départements vont débloquer 160 millions d'euros pour verser une prime exceptionnelle aux aides à domicile. "C’est le début d’une reconnaissance" réagissent les associations, même si elles doutent que les départements trouvent la ressource pour financer leur part.
1 000 euros de prime versées d’ici à la fin de l’année. Les auxiliaires de vie l’avaient fait valoir début mai 2020, au même titre que les personnels soignants. Emmanuel Macron s’est engagé le 4 août à ce qu’elle soit attribuée à 320 000 bénéficiaires, au plus tard à Noël.
"C’est une très bonne nouvelle, le début d’une vraie reconnaissance" a réagi Priscilia Heuland, déléguée du personnel au service d’Aide à Domicile de Châteaudun (Eure-et-Loir). Les 60 salarié.é.s de l’association du département s’étaient mis en grève le 22 juillet pour revendiquer une hausse de leur prime Covid . Elle s’élevait à 123 euros.? DERNIÈRE MINUTE
— LCI (@LCI) August 4, 2020
EN DIRECT - Aides à domicile : une enveloppe de 160 millions d'euros pour les "oubliés de la prime Covid" https://t.co/Rz5lFaRVpA pic.twitter.com/MTPgPv6BzW
"Ca fait du bien au moral, on ne peut que se réjouir, renchérit-elle. Nous espérons maintenant que les départements pourront s’engager dans le versement de cette prime."
Les départements en difficulté
Sur les 160 millions d’euros de prime annoncés par le Chef de l’Etat, la moitié - soit 80 millions - doit être pourvue par les départements. "Je me demande où la collectivité va trouver la ressource pour financer cette prime" s’interroge Mehdi Hachelef, directeur de l’association Auprès de vous à Orléans. Durant le confinement, le département du Loiret avait accordé 1 euros supplémentaire par heure travaillée aux auxiliaires de vie, soit 200 000 euros de débloqués. Pour M. Hachelef, "c’est clair, le département ne suivra pas." "On attend de voir comment va réagir le département d’Eure-et-Loir, abonde Priscilla Heuland. "On est comme Saint Thomas, on ne croit que ce qu’on voit."
Pour le département d'Indre-et-Loire, qui a réagi à l'annonce dans un communiqué, c'est tout vu. "Depuis le début de l'été, l'adage populaire 'Qui commande paie' semble bien oublié de nos gouvernants" déplore le département. Si ce dernier reconnaît "l'attente forte" que représentait la prime aux aides à domicile, il estime son coût d'application à environ 700 000 euros, qui s'ajoute aux 400 000 euros déjà consacrés par l'Indre-et-Loire à la prime de feu versée aux pompiers.
Depuis le transfert aux département de la gestion du RSA (Revenu de solidarité active), un tiers d’entre eux éprouvent des difficultés à boucler leur budget, en raison de l’envolée de leurs dépenses sociales.Dans les deux cas, cela relève de la solidarité nationale qui doit être financée par l'État et non par les Départements, qui ne peuvent pas, eux, creuser la dette publique et doivent, eux, voter un budget en équilibre.
Une prime dans l’attente d’une revalorisation des salaires
"Nous espérons que nos métiers soient revalorisés, et ça passe par une augmentation des salaires" avance Mehdi Hachelef.
Selon la CGT Organismes sociaux, interrogée par l'AFP, le salaire brut moyen d'un salarié non-qualifié est de 972 euros pour un équivalent temps plein, avec 16 ans d'ancienneté. Actuellement, selon l'Union syndicale de branche de l'aide à domicile (AFP), il faut 18 ans à un salarié pour que sa rémunération dépasse le niveau du Smic.
La hausse des rémunérations des aides à domicile sera au menu de la future "loi grand âge et autonomie", a assuré mardi sur LCI la ministre déléguée à l'Autonomie, Brigitte Bourguignon, précisant qu'elle comporterait "tout un pan sur les métiers, la revalorisation professionnelle, également des formations professionnelles".
3/4 Le versement de cette prime n'est pas un aboutissement. C'est la 1ère étape vers la juste et nécessaire reconnaissance des professionnels de l'#autonomie.
— Brigitte Bourguignon (@BrigBourguignon) August 4, 2020
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