Régionales 2021 : associés sur une liste citoyenne, une élue verte et un gilet jaune déstabilisent le paysage politique

Alors que la France Insoumise et Europe-Ecologie-Les-Verts ont réussi à s’entendre, une autre liste "citoyenne" et se revendiquant de l’écologie politique prépare sa candidature, sans le soutien des partis. Une candidature surprise, qui désorganise jusque dans les rangs de la droite.

Si vous êtes de gauche, écologiste et intéressé par la démarche participative citoyennen, vous devriez avoir l'embarras du choix en juin prochain. Le 1er tour des élections régionales verra en effet s'affronter plusieurs fractions, qui ne sont pas parvenus à trouver un accord.

En annonçant leur fusion le 25 mars derrière l’appellation "Un nouveau souffle", menée par l’écologiste Charles Fournier, les listes EELV et LFI  pensaient avoir le monopole de ces sujets. D'autant plus que d'autres mouvements de gauche, ainsi qu'une assemblée citoyenne, s'étaient rassemblés derrière eux

Les partis "ne suffisent plus" : une liste citoyenne fait concurrence à gauche

Mais le 19 avril, une liste baptisée "Démocratie et écologie" se revendiquant des valeurs de la gauche a annoncé son intention de participer au scrutin. Elle sera menée par un binôme composé de Jérémy Clément, venu à la politique par le mouvement des gilets jaunes qu’il a contribué à animer dans le Giennois ; et de Christelle de Crémiers, également giennoise et actuellement vice-présidente sortante EELV du conseil régional.

Parmi les co-listiers, on trouve aussi le blésois Gildas Vieira qui avait annoncé depuis plusieurs mois son intention de mener sa propre campagne avant de sceller un accord - aujourd’hui caduque - avec le militant de droite de Bourgueil Guillaume Lapaque.

Pourquoi ne soutiennent-ils pas tout simplement la liste "Un nouveau souffle" ? D’autant plus que Christelle de Crémiers appartient encore au même parti que Charles Fournier ? "Nous soutenons la même cause : celle de la démocratie, de l’écologie et de la justice sociale, explique-t-elle. Les partis restent légitimes mais dans la crise démocratique que nous connaissons, ils ne suffisent plus. Avec cette démarche, nous espérons faire revenir dans le jeu des gens qui ne croient plus en la politique."

Un programme encore en construction

Première proposition de ces nouveaux candidats : ils veulent créer l’ARC, un Assemblée Régionale Citoyenne composée de citoyens non-élus qui proposeront des idées et accompagneront les politiques publiques régionales. Les autres principaux points de leurs programme portent sur :

  • l’alimentation : développer les circuits courts et soutenir les AMAP
  • la santé : poursuivre la politique actuellement mise en place par l’exécutif régional de création de maisons de santé avec des médecins salariés

Avec un programme encore en construction et dans l’attente du reste de leurs propositions, on peut donc se demander quel est l’intérêt de reprendre des idées déjà formulées par d’autres. "Notre idée d’Assemblée Régionale Citoyenne n’est pas compatible avec la logique des partis, justifie Jérémy Clément. Si nous avions eu un an de plus pour construire cette campagne, peut-être aurions-nous pu nous rapprocher d’eux mais là c’était trop tard pour discuter de tout ça."

"Ces pratiques abîment la confiance des citoyens"

Quelles que soient les motivations profondes de ses animateurs, cette liste risque d’affaiblir la liste de Charles Fournier qui a fortement réagi, estimant que "les ambitions individuelles cimentent cette liste hétéroclite."  En témoigne selon lui "la nouvelle implication de Christelle de Crémiers. Je dois dire que je suis très étonné puisqu’elle participait encore la semaine dernière à nos réunions. Une place lui était proposée sur notre liste, visiblement non satisfaisante puisqu’elle a depuis décidé de nous quitter."

La tête de liste EELV-FI abonde : "Plus étonnant encore, il semble qu’elle ait pu travailler sur les deux projets en parallèle, ce qui ne laisse que peu de doutes sur le fait que nous soyons devant une aventure individuelle, et non un engagement pour l’écologie et la démocratie. C’est justement ces pratiques qui abiment la confiance des citoyens dans l’action politique."

Christelle de Crémier a répondu à ces accusations auprès de France 3. "Il est vrai que quand Charles Fournier a lancé sa campagne, je me suis inscrite dans cette dynamique. Mais le fonctionnement de sa liste, qui associe des élus encartés et des citoyens, ne me convient pas. Ce n’est pas une question de place sur sa liste. Et nous pouvons quand même finalement envisager une fusion avec les autres listes de gauche après le 1er tour" lance-t-elle.

Gildas Vieira, le grand écart idéologique

Si Charles Fournier parle d’un assemblage hétéroclite, ce n’est pas uniquement en raison de l’association d’une élue verte et d’un gilet jaune, mais également à cause de la présence à leurs côtés de Gildas Vieira, choisi pour être tête de liste en Loir-et-Cher.

Elu municipal à Blois dans l’équipe du maire socialiste Marc Gricourt pendant le mandat 2014-2020, il a depuis fondé son propre mouvement "La France Autrement" et avait annoncé depuis des mois sa volonté de se présenter aux élections régionales. Il y a quelques mois, il avait conclu un accord avec Guillaume Lapaque, président de l’union commerciale de Bourgueuil et engagé à droite depuis de nombreuses années.

Récemment, le tandem Vieira-Lapaque a mené des discussions pour un rapprochement avec la liste d’Alexandre Cuignache, conseiller régional sortant, élu en 2015 sous les couleurs du Front national, avec qui il a depuis pris ses distances. Guillaume Lapaque et Gildas Vieira one aussi envisagé de se rapprocher du "Mouvement de la ruralité", parti anti-écologiste, anti-éolien, pro-chasse.

En rejoignant la liste de Christelle de Crémiers et Jérémy Clément, Gildas Vieira semble donc opérer un grand écart idéologique mais selon lui, sa démarche reste cohérente. "J’ai discuté avec des gens différents qui ont voulu me parler, mais je refuse de m’associer avec les extrêmes. Je ne suis pas anti-écolo. Mes idées ne sont pas celles du Mouvement de la ruralité. Je me retrouve dans cette liste de gauche qui adhère aux valeurs démocratiques."

La droite également destabilisée

L’apparition de cette nouvelle liste peut donc bousculer les équilibres à gauche mais aussi à droite. Car, abandonné par Gildas Vieira, Guillaume Lapaque annonce qu’il mènera une liste de rassemblement des droites au côté d’Alexandre Cuignache. Elle pourrait chasser sur les mêmes terres électorales que le Rassemblement national, puisqu’Alexandre Cuignache milite pour le rapprochement de toutes les sensibilités de la droite.

Guillaume Lapaque pourrait être la tête de liste régionale d’une campagne axée sur le combat contre les éoliennes, pour la ruralité et pour la défense du petit commerce. "Nous ne nous reconnaissons pas dans les manœuvres des appareils politiques, explique-t-il. Notre liste se situe en dehors des partis. Mais nous espérons être soutenus par des personnalités comme Jean Lassalle, Charles Million et même Hervé Novelli."

Si ces candidats déclarés arrivent à déposer des listes, on trouverait donc pour la première fois des listes citoyennes pour les régionales aux côtés des partis traditionnels du second tour. Le mouvement "Les Altruistes", mené par Sébastien Cessac compte lui aussi aller au bout.

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