Tête de liste de Lutte ouvrière en Centre-Val de Loire, Farida Megdoud, enseignante du quartier de la Source à Orléans, s'est fixé comme but de "porter la voix des travailleurs" et un discours radicalement anti-capitaliste aux élections régionales.
Alors que les plus gros partis rivalisent de promesses plus ou moins réalistes sur les thèmes de la sécurité, de l'accès au soin ou de l'économie, il en est un pour qui l'enjeu du scrutin n'est pas de se faire élire, mais de se faire entendre. Après un score de 1,13% en 2010 et de 1,7% en 2015, la liste Lutte ouvrière portée par Farida Megdoud est créditée de 2% des intentions de vote en 2021 selon un sondage Ipsos dévoilé le 18 mai.
Engagée de longue date dans le militantisme, enseignante dans le quartier de la Source à Orléans, au sein d'un "lycée professionnel aux classes surchargées", Farida Megdoud représente régulièrement LO aux différentes échéances électorales orléanaises. En 2021, pour le parti trotskiste, il s'agit moins d'essayer d'obtenir un siège au conseil régional que de porter un discours radicalement anticapitaliste.
Faire entendre "ceux qu'on entend jamais"
"On est pour l'expropriation des grands groupes capitalistes, qui imposent leur dictature sur toute la société", clame Farida Megdoud, citant par exemple les brevets déposés par les laboratoires pharmaceutiques autour des différents vaccins contre le covid-19. "Ces laboratoires se sont appropriés le progrès au nom du profit. Aujourd'hui, la santé est victime de la guerre sociale, de la concurrence que se livrent les groupes capitalistes entre eux, et ça débouche sur une pénurie alors qu'on devrait être en mesure de soigner tout le monde."
D'accord, mais qu'en est-il des compétences propres à la région ? La tête de liste de LO balaie la question. Les élections régionales dépendent selon elles de tractations entre intérêts politiciens "qui sont à mille lieues des intérêts des travailleurs". "Que ça soit au niveau de la région, de l'État, de l'Europe, ce système est une machinerie qui sert à distribuer l'argent public aux grands groupes. Pour nous, l'argent public doit aller aux services publics, à la population. Ça manque cruellement dans les hôpitaux, les établissements scolaires, les transports."
"Bien sûr, ce scrutin est régional", concède la candidate, mais dans le contexte de "crise sociale aggravée par la pandémie", proposer de voter sur les compétences relevant uniquement de la région revient, selon elle, "à demander à quelqu'un qui est en train de se noyer de se prononcer sur la couleur de la bouée !"
Quand la maison brûle, on ne va pas parler du papier peint ! On a l'ambition de représenter les intérêts politiques de travailleurs, de ceux qui portent tout et qu'on entend jamais.
Contrer le vote d'extrême-droite parmi les classes populaires
Mais si l'enjeu est de parler au nom des classes populaires, comment expliquer l'attrait toujours croissant de ces dernières pour un parti aux antipodes de LO, le Rassemblement national ? Par "dégoût", par "colère" devant les politiques menées aussi bien par la droite que par la gauche, estime Farida Megdoud. Et surtout "parce qu'ils pensent que le Rassemblement national est anti-système, mais ils se trompent : le Rassemblement national lutte pour conserver cet ordre social comme les autres et s'inclinera devant la loi du profit comme les autres" insiste la candidate, qui voit dans le vote RN un "faux vote radical".
En réponse, la candidate LO affirme "qu'il n'y aura pas de sauveur, qu'il vienne du RN, de LFI ou de LREM". "Le sort des travailleurs, il dépendra des travailleurs, de leur mobilisation et de personne d'autre."