Depuis janvier 2020, les particuliers peuvent bénéficier d'aides financières pour leurs travaux de rénovations énergétiques grâce à la plateforme Ma Prime Rénov. Mais il n'est pas toujours simple de s'y retrouver dans les méandres du site mis en place par le gouvernement.
La transition écologique passe par la rénovation. Et pourtant, en 2024, les chantiers ont pris un coup de frein important. En cause : la modification, à deux reprises, des règles d'obtention de Ma Prime Rénov. Dans la foulée, les demandes d’aides se sont effondrées de 40% sur un an.
Plus de passoires énergétiques sur le marché en 2025
L'enjeu est pourtant de taille, puisque les nouvelles règles obligeant à produire un diagnostic de performance énergétique, ou DPE, contraignent les propriétaires bailleurs à des travaux conséquents. Sans quoi, ces derniers ne pourront plus louer leurs biens. En effet, tous les logements ayant obtenu la note de G au DPE ne pourront être loué au 1er janvier 2025. Et, au 1er janvier 2028, ce sera au tour des logements classés F de sortir du parc locatif. En Centre-Val de Loire, ces "passoires thermiques" représentent 20% du marché.
Pourtant, depuis le 15 mai, le dispositif a été assoupli pour donner un second souffle à la rénovation. Alors, comment obtenir les précieuses aides et faire des économies ? On a fait le point.
Qui peut en bénéficier ?
Des aides pour rénover énergétiquement sa maison existent depuis plusieurs années. Mais leurs modalités ont évolué. Avant 2020, ces aides prenaient la forme de crédit d'impôt et portaient le nom de CITE.
Désormais, ce coup de pouce financier prend la forme d'une prime, la fameuse "Ma Prime Rénov" versée en une seule fois dans les quatre mois maximums après le dépôt de la demande à l'Anah, l'Agence nationale de l'habitat. Les aides accordées par l'État varient en fonction des revenus du ménage demandeur et du type de travaux envisagé. Pour bénéficier de cette prime, il faut être propriétaire de son logement et en détenir la pleine propriété. Les demandes des nus-propriétaires, usufruitiers, SCI ou propriétaires indivis ne sont pas acceptés.
En revanche, depuis le 1er janvier 2021, les propriétaires bailleurs et copropriétaires peuvent prétendre à cette prime, même s'il n'occupe pas eux même le logement. Enfin, pour bénéficier de l'aide, il est obligatoire de réaliser un diagnostic énergétique de votre bien.
À noter : les logements classés F et G ne pourront pas bénéficier de la prime à compter du 1er janvier 2025, sauf si la rénovation est globale. Si vous êtes dans cette configuration, il ne vous reste donc que quelques mois pour faire votre demande d'aide et réaliser vos travaux.
À combien s'élève cette prime ?
Si le montant de l'aide varie en fonction des revenus du ménage et notamment selon le revenu fiscal de référence du foyer, Ma Prime Rénov' est désormais ouverte à tous depuis 2021. Par exemple, une famille de 4 personnes avec un revenu fiscal annuel allant jusqu'à 40 000€ peut bénéficier de 11 000€ pour l'installation d'une pompe à chaleur. Pour une famille de 4 personnes avec un revenu fiscal entre 40 000€ et 51 000€, la prime s'élèvera pour une pompe à chaleur à 5 500€.
Les plafonds des aides ont légèrement été revus à la hausse en 2024 et chaque revenu fiscal de référence correspond à un code couleur : bleu, jaune, violet et rose.
Cette prime est cumulable avec d'autres aides dans la limite du montant total des travaux. Elle peut s'ajouter à la TVA réduite à 5,5 % pour les travaux d'économies d'énergies, les aides des collectivités locales, les aides d'Action logement et le prêt éco-PTZ. Elle n'est en revanche pas cumulable avec l'aide CEE, Certificats d'économie d'énergie.
Quels travaux sont financés ?
Le changement du mode de chauffage fait partie des travaux éligibles à une demande d'aide. Que ce soit pour l'installation d'une chaudière à granulés de bois, une pompe à chaleur, une chaudière à bûche, un poêle à granulé ou à bois ou même un chauffe-eau solaire, des aides sont possibles.
La dépose de cuve à fioul est aussi accompagnée par le dispositif. Sont aussi prises en charge, les isolations de toitures, de murs par l'intérieur ou l'extérieur ou encore des fenêtres. À noter que certains travaux doivent être associés pour pouvoir bénéficier d'une prime. La dépose d'une cuve à fioul doit par exemple s'accompagner d'un changement de mode de chauffage pour être prise en charge.
Le dispositif Ma Prime Rénov aide aussi les propriétaires sur les DPE ou l'installation d'une VMC. Quels que soient les travaux que vous choisissez d'effectuer, il faudra qu'ils soient réalisés par une entreprise certifiée RGE, condition indispensable pour obtenir votre financement. En Centre-Val de Loire, le nombre d'artisans qualifié RGE ne s'élèvent qu'à 6 %. Ils sont par conséquent très demandés.
Pensez à la rénovation globale
Pour les propriétaires qui souhaitent effectuer une rénovation énergétique globale de leur maison, il existe deux dispositifs pour les travaux d'ampleur, appelé Ma Prime Rénov' Sérénité et Ma Prime Rénov' rénovation globale.
Un choix intéressant pour de réelles économies sur votre facture, puisque pour être réellement efficace, la rénovation énergétique d'une maison doit être globale. Actuellement, seulement 5 % des rénovations réalisées permettent de gagner deux classes énergétiques ou plus sur le DPE.
La prime à la rénovation globale a justement été pensée pour gagner en efficacité puisque le montant de la prime est bonifié de 10 % si le logement n'est plus considéré comme une passoire thermique après travaux.
Comment monter un dossier Ma Prime Rénov' ?
Pour faire une demande d'aide, il faut créer un compte sur le site MaPrimeRenov.gouv.fr où il vous sera demandé le dernier avis d'imposition. Dans un second temps, il vous sera demandé de transmettre les devis des travaux à réaliser ainsi que le montant des autres aides dont vous bénéficiez.
Les pièces justificatives ne peuvent être envoyées que par internet. Une réponse vous est apportée à votre demande dans les deux mois maximum, mais la plupart des dossiers sont traités dans les quinze jours. Pour vous aider dans ces démarches, une plateforme appelée France Rénov' a été lancée en janvier 2022.
La plateforme permet notamment de faire des simulations avant de demander une aide. Des conseillers sont joignables par téléphone, sur le site internet ou physiquement dans les espaces-conseils.
En région Centre-Val de Loire, des espaces conseils France Rénov' existent à Bourges, Châteauroux, Le Blanc, Montargis, Orléans, Chartres, Luisant, Loches, Tours, Blois, Bracieux, Romorantin ou encore Vendôme. Il est également possible d'être accompagné par Mon accompagnateur Rénov', des agents agréés de l'Anah et du réseau FAIRE (Faciliter, Accompagner et Informer à la Rénovation Energétique).
Quel est le reste à charge ?
Premier élément à garder en tête, la prime ne vous sera versée qu'une fois les travaux terminés. Il vous faudra donc avancer l'argent de la rénovation ce qui nécessite donc d'être anticipé avant de se lancer.
Les ménages en difficulté peuvent bénéficier d'une avance, la demande doit être faite en ligne. À noter également que Ma Prime Rénov' ne permet pas de couvrir à 100 % le coût des travaux, même pour les ménages les plus modestes. Le reste à charge reste souvent conséquent.
Pour les ménages les plus précaires, il est de 10 % minimum, pour les ménages modestes, de 25 %, les ménages intermédiaires de 40 % et pour les ménages aisés, il s'élève à 60 %. Ce reste à charge reste un frein qui ralentit de nombreux projets de rénovations, alors même que le gouvernement voudrait accélérer la réhabilitation des passoires thermiques.
Rénover oui, mais pour quels bénéfices ?
Rénover sa maison permet de réduire sa consommation d'énergie et donc ses factures, d'améliorer le confort thermique de la maison, mais aussi le confort acoustique. Se lancer dans des travaux, c'est aussi valoriser son bien en cas de revente de la maison.
Enfin, et c'est le bénéfice auquel on pense le moins, rénover sa maison permet aussi de préserver sa santé. Selon une étude du ministère de la transition écologique, les occupants des 5 % des logements les plus énergivores sont exposés à des risques de santé accrus, à savoir des risques cardiovasculaires et respiratoires. La rénovation de l'ensemble des passoires énergétique d'ici à 2028 permettrait d'éviter des coûts de santé de 10 milliards d'euros par an.