REPLAY. Comment la brebis Solognote est revenue sur ses terres d’origine ?

La Sologne est connue pour ses étangs, ses domaines de chasse, sa forêt mais moins pour son agriculture. Depuis plus de 20 ans, des éleveurs ont décidé de réintroduire une tradition autrefois bien ancrée sur les terres solognote : l’élevage de moutons. Et pas n’importe quel mouton, le Solognot !

La Sologne avec ses sols pauvres et humides est une région austère et difficile pour les pattes des moutons lambda. La race de brebis solognote avec sa résistance au froid et son autonomie est la mieux adaptée au paysage solognot. Rustique, elle l’est car elle se nourrit du peu de végétation disponible, et résiste plus facilement aux maladies. La brebis Solognote peut rester dehors toute l’année, qu’il pleuve, qu’il neige ou qu’il vente. Les éleveurs ovins de Sologne ont (re)découvert ses capacités il y a une vingtaine d’année. En Sologne, une poignée d’éleveurs a décidé de se lancer dans l’aventure… et de reprendre la tradition de l’élevage des moutons de race Solognot sur leur terre d’origine. France 3 a été à leur rencontre.

Mais pourquoi le mouton Solognot a disparu de notre paysage?

Si du XVème au XIXème siècle, l’élevage du mouton faisait vivre une majorité de paysans en Sologne, au XXème siècle, la filière n’existe quasiment plus. En cause, l’exode rural massif. Les paysans préférant aller s’installer en ville croyant trouver un moyen de subsistance moins rude et mieux payé. De nombreuses fermes sont laissées à l’abandon.

Les politiques de reboisement et de drainage ainsi que la création des routes diminuent les espaces de pâturage. Et l’activité de chasse prend de plus d’ampleur à partir de 1918. La paysannerie Solognote est décimée et la première guerre mondiale n’aide pas à reconstruire une filière. De 50 000 individus en 1910, il ne reste qu’une poignée de brebis Solognote en 1940.

Sauver la race

En 1942, le mouton solognot refait surface avec la création du premier livre généalogique ou Flock-Book. Par extension, les créateurs du Flock-Book sont les premiers éleveurs qui s’organisent pour maintenir la race avec un nombre suffisant d’individus.

En 1968, la race est mise en "réserve génétique" car le nombre de tête continue de baisser en France malgré une tentative de relancer la race. Huit ans plus tard, un plan national d’accouplement est mis en place pour éviter la consanguinité.

Un peu de génétique

Depuis 2007, la sélection génétique est gérée par l’organisme de sélection GE.O.DE. Le but est de maintenir la race à travers dix familles. Un centre d’élevage des jeunes béliers a été crée en Sologne pour maîtriser la génétique. C’est ici que tout éleveur qui souhaite s’installer avec des brebis solognote va acquérir des mâles. Ainsi chaque année, les meilleurs jeunes mâles sont sélectionnés pour la reproduction. Une technique qui permet de maintenir toutes les spécificités génétiques de cette race rustique.

Une AOP pour l’avenir (appellation d’origine contrôlée)

Aujourd’hui, le cheptel français de la Solognote est estimée à 2000 brebis dont la moitié est engagée dans le programme de réserve génétique. La race n’est pas sauvée pour autant. On est loin des 350 000 brebis Solognote dénombrées en France en 1850, à l’apogée de l’élevage de la Solognote sur l’hexagone.

Pour autant, en région Centre-Val de Loire, des paysans ont décidé de défendre cette race autochtone. Le syndicat de défense et de promotion de l’agneau de Sologne réuni désormais 27 éleveurs de moutons solognot. Et depuis 2007, le président du syndicat, Didier Crèche a pour projet de valoriser le terroir en lançant une Appellation d’Origine Contrôlée (AOP) pour l’agneau de Sologne. Par manque d’éleveurs, le projet est mis en pause. Pour mieux reprendre il y a deux ans, lors de l’installation de plusieurs jeunes éleveurs en mouton Solognot. Des émules qui relancent le projet d’AOP Agneau de Sologne soutenu par la chambre d’agriculture et l’Union pour les ressources génétiques du Centre-Val de Loire (URGC).

Mouton à viande, mouton à laine

Si le mouton Solognot est élevé pour sa viande. Il est aussi valorisé pour sa laine! Au 19ème siècle, la laine de Solognote a eu son heure de gloire. Si Nouan-le-Fuzelier est nommé en hommage aux fileuses qui étaient légion à y habiter, il fut le centre névralgique du filage. Des fils de laine utilisés par les usines du coin comme la manufacture Normant à Romorantin qui fabriquait des draps de laine ou du serge nécessaires à la conception des habits des militaires.

Aujourd’hui, des tisseuses locales sont devenues adeptes de la couleur bise de la laine de la Solognote et de sa rusticité. Et cela convient à tous les partis. L’intérêt pour l'éleveur est de valoriser aussi bien la viande que la laine. Et pour les tisseuses, c’est d’être fourni en produits de qualité en circuit-court. Car avant que les fileuses locales, comme Lydie Hernandez, se mettent à la Solognote, les toisons étaient habituellement envoyées en Chine pour une somme dérisoire (20 centimes le kilo) et elles revenaient sur le marché français au prix fort et après moults traitements chimiques !

Une association de fileuses locales "Au Fil des Toisons" à Cellettes, espère soutenir à leur niveau la filière, en achetant 2€ le kilos et ainsi mieux rémunérer les éleveurs.

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