Dans "Le problème du pantalon", Guillaume Levil réussit à aborder avec humour et sérieux un sujet dont on ne parle pas souvent : la contraception masculine. Quelle que soit la méthode choisie, pour les trois hommes présents dans ce film, la contraception : c'est aussi le problème des garçons.
En 1967, la pilule contraceptive devenait légale en France. Une révolution !
50 ans après, alors que le souci d'égalité entre les femmes et les hommes est dans tous les débats, les différentes méthodes de contraception masculine sont rarement employées ou exposées.
Pourquoi ont-ils choisi la contraception masculine ?
Les trois personnages du film, Quentin, William et David, gravitent autour de la trentaine. Ils profitent de leur vie tout à fait ordinaire entre famille et amis. Par contre, les questions qu'ils se posent sur l'effort masculin à gérer la contraception du couple ne sont pas si courantes. L'un ne désire pas d'enfant et s’apprête à pratiquer une vasectomie, l'autre utilise une méthode réversible et le dernier cherche toujours le procédé qui lui correspond. Les gens autour d'eux ont toujours un avis sur la question, sans jamais s'être vraiment renseignés : la famille rigole lorsqu'on aborde le sujets, certains amis semblent réfractaires.
Pourtant, quelle que soit la méthode employés, ces trois hommes veulent simplement s'approprier un élément de plus pour la liberté de chacun.
3 questions à Guillaume Levil, réalisateur du film
1/ Qu'est-ce qui vous a motivé à écrire un documentaire sur la contraception masculine ?
J'ai voulu faire un documentaire sur la contraception masculine parce qu'un jour, une très bonne copine à moi a pleuré sur mon épaule, car elle devait subir une IVG. Je me suis dit que moi, je n'avais pas ce problème, parce que je n'ai pas d'utérus. Ça m'a marqué de me rendre compte - je le savais déjà mais là ça a été un déclic - que finalement, moi, en tant que garçon, des problèmes je n'en ai pas trop. Enfin si, c'est compliqué de gérer l'amour, les amitiés, le stress au quotidien, et parfois j'ai des goûts très critiquables au cinéma et je me fais engueuler, mais bon ça c'est pour tout le monde.
Des soucis liés à une véritable injustice historique, ça je n'en ai pas, et je me suis dit que puisque le but de notre existence, c'est que tout le monde soit heureux, il faut enquêter sur la contraception à un autre niveau que celui qui nous est inculqué.
Dans un premier temps, j'ai réalisé un court-métrage "Courir toute nue dans l'Univers", qui parle de la liberté, et de l'oppression ressentie parfois en tant que femme - mais aussi en tant que garçon - concernant la normalisation de la société. Puis grâce à la société de production de Fanny Chrétien, "La Boîte à Songes", je me suis lancé dans l'écriture du documentaire sur la contraception masculine, afin de participer humblement à la libération générale qui doit avoir lieu.
Dans cette vidéo publiée sur la page Facebook consacrée au documentaire, Guillaume Levil nous explique pourquoi il a décidé de se lancer dans la réalisation de ce film :
2/ Quels sont les différentes techniques de contraception dont on parle dans le film ?
Les trois méthodes de contraception évoquées dans le films sont la méthode thermique, la méthode hormonale et la vasectomie : je filme trois personnages qui sont intéressés chacun par une méthode.
La vasectomie, c'est d'interrompre les canaux déférents par une opération chirurgicale, et comme il y a 50% de chance que ce ne soit pas réversible, ce n'est pas vraiment une contraception.
Les deux autres méthodes sont de vraies contraceptions mais peu connues, car peu de médecins s'y intéressent. La méthode thermique : il faut porter un "slip chauffant" ou un anneau pendant environ 12h par jour. Le terme "slip chauffant" est mauvais car le slip ne chauffe pas, il permet juste de rehausser les testicules pour que le corps augmente la température de manière naturelle. Quant à la méthode hormonale, c'est une piqûre par semaine, l'équivalent de la pilule pour les filles. Mais comme je l'ai dit, c'est le parcours du combattant pour accéder à cette méthode. Sinon, l'un des personnage du film évoque d'autres méthodes qui ne sont pas véritablement testées, comme un inventeur allemand qui s'est greffé un véritable interrupteur sur les canaux !!
Le film est volontairement lumineux, sans prise de tête, parce que le but c'est de faire une comédie pour désacraliser ce sujet un peu tabou.
Guillaume Levil, réalisateur
3/ Quel(s) souvenir(s) garderez vous de ces rencontres ?
J'ai adoré filmer ces trois histoires. Le film est volontairement lumineux, sans prise de tête, parce que le but c'est de faire une comédie pour désacraliser ce sujet un peu tabou. J'ai tellement rigolé avec les enfants dans le film, ou avec les adultes dans les bars où ailleurs, et aussi avec mes parents, ça nous a rapprochés. Moi je vous le dis : si vous voulez rencontrer des personnes formidables et vous prendre des fous-rires bienveillants, portez le slip chauffant !
► "Le problème du pantalon", un documentaire de 52 minutes réalisé par Guillaume Levil. Une coproduction La Boîte à Songes, France Télévisions et TV Tours-Val de Loire. Avec la participation de Ciclic Centre-Val de Loire. Disponible à la demande jusqu'au 23 mai 2023.