Après 30 jours de grève, les syndicats opposés à la réforme des retraites promettent de ne pas laisser de répit au gouvernement. La reprise des concertations est prévue mardi, mais l'intersyndicale a appelé à manifester le 11 janvier, soit 2 jours après la journée de mobilisation déjà prévue le 9.
Vendredi 3 janvier, alors que la circulation de trains et métros était toujours compliquée, Édouard Philippe a convoqué les ministres de la Transition écologique Élisabeth Borne, de la Santé Agnès Buzyn, du Travail Muriel Pénicaud et les secrétaires d'État aux Transports Jean-Baptiste Djebbari et aux retraites Laurent Pietraszewski à une réunion de travail. Il s'agissait de "faire le point sur la situation dans les transports publics" et un "état des lieux sur l'avancée des négociations".
Le Premier ministre, en première ligne sur ce dossier, y "a rappelé son souhait d'aboutir aussi vite que possible à un compromis avec les partenaires sociaux", a assuré son entourage, précisant qu'il "introduirait" la reprise des discussions prévue au ministère du Travail mardi. Il s'exprimera auparavant sur RTL.
Les syndicats veulent durcir la grève
Le projet de loi transformant le système actuel de 42 régimes en un seul régime de retraites universel par points doit être présenté en conseil des ministres la semaine du 20 janvier. Après la période des fêtes où la grève dans les transports a été maintenue, les syndicats hostiles à la réforme espèrent durcir le mouvement dès la rentrée, avec en point d'orgue les deux nouvelles journées de manifestations prévues le 9 et le 11.Mobilisée depuis le 5 décembre, l'intersyndicale CGT, FO, FSU, CFE-CGC, Solidaires, Unef et UNL a appelé vendredi à "amplifier la mobilisation et la grève" pour obtenir le retrait pur et simple du texte. Elle a dénoncé dans un communiqué "un gouvernement qui joue l'enlisement" et a misé pour la première fois sur une manifestation un samedi qui doit permettre aux opposants de venir grossir les cortèges sans nécessairement se mettre en grève.
A l'inverse des autres organisations, la CFE-CGC n'appelle d'ailleurs pas à cesser le travail mais uniquement à manifester, jeudi comme samedi.
Dès ce lundi, de nouveaux appels à la grève ont été déposés notamment pas les avocats mais aussi par le 2e syndicat de pilote d'Air-France, des fédérations d'infirmiers ou de kinésithérapeutes."On a aucune raison de stopper la mobilisation!", a expliqué à Yves Veyrier, secrétaire général de FO. "La priorité pour ce lundi, il faut élargir au maximum", a-t-il ajouté.
Mardi, la CGT a promis un durcissement des blocages de raffineries, terminaux pétroliers et dépôts. Le même jour, patronat et syndicats sont attendus au ministère du Travail, sous l'égide de Muriel Pénicaud, absente jusqu'à maintenant des discussions sur la réforme des retraites. Un signal que le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, n'a pas manqué de relever vendredi, en distribuant des tracts devant les grands magasins du Bd Haussmann à Paris.Je découvre que Mme Pénicaud qui n'a participé à aucune réunion depuis le début, d'un seul coup c'est elle qui prend la main,
s'est-il étonné, jugeant qu'il yavait "un peu de cacophonie au gouvernement". Le choix d'organiser la multilatérale mardi au ministère du Travail peut s'expliquer par les thèmes qui y seront abordés: la pénibilité et l'emploi des seniors. "Il y a beaucoup de grain à moudre, beaucoup de choses sur la table aujourd'hui", a assuré vendredi la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye. "Il y a du grain à moudre sur autre chose que le régime à points", a rétorqué Yves Veyrier.
Les concertations permettront-elles de trouver le "compromis rapide" exigé par Emmanuel Macron dans ses voeux aux Français? Le gouvernement voudrait surtout voir sortir du mouvement les syndicats réformistes CFDT, CFTC et Unsa, furieux qu'une mesure d'âge, justifiée par le gouvernement au nom de l'équilibre financier du système, ait été ajoutée au projet.L'opposition, de gauche comme de droite, a de son côté accusé le gouvernement d'être "responsable de l'enlisement" et de la "pagaille". Malgré la lassitude liée à son installation dans la durée, deux-tiers (61%, -5 points par rapport au 19 décembre) des Français continuent de soutenir le mouvement de grève contre la réforme des retraites, selon un sondage Odoxa pour franceinfo et Le Figaro rendu public vendredi. Pour moins d'un quart (24%, +4), le gouvernement doit conserver intégralement son projet actuel.