15 ans que ce projet de dossier médical partagé, une sorte de carnet de santé numérisé, est dans les tiroirs du ministère.
"Maintes et maintes fois repoussé", le dossier médical partagé (DMP), "doit devenir demain une évidence pour tous les Français, comme l'est devenue la carte Vitale."La ministre de la santé Agnès Buzyn a relancé officiellement ce 6 novembre un projet vieux de 15 ans. La nouvelle version du DMP, un carnet de santé numérique, est testée depuis 2016 dans 9 départements, sous la houlette du directeur de l'Assurance Maladie, Nicolas Revel.
Il a été rejoint dans sa mission par Alain-Michel Ceretti, le président de France Assos Santé.
DMP : qu'est-ce que c'est ?
En créant votre carnet en ligne, sur l'application ou sur dmp.fr, l'utilisateur pourra y stocker son historique de soins sur 24 mois, mais aussi ses antécédents médicaux, contre-indications et résultats d'examen, ainsi que les coordonnées de proches à contacter en cas d'urgence.
Censé éviter les actes médicaux redondants et les surchages médicamenteuses, le DMP a également vocation, selon ses défenseurs, à faciliter les échanges entre les différents praticiens.
Version optimisée
Ce DMP existait déjà, avec 1.9 millions de personnes inscrites à ce jour. L'objectif de la ministre : 40 millions d'ici 5 ans. Avec cette version rénovée, les patients pourront ouvrir eux-même leur dossier en ligne, auprès des agents des caisses d'assurance maladie, ou des pharmaciens.
Le dossier sera aussi alimenté directement par les caisses d'assurance maladie sur la base des remboursements.
Seul le médecin traitant disposera cependant de l'ensemble des informations du patient, qui pourra bloquer des professionnels mais aussi ajouter ou masquer des documents.
Quels risques pour la sécurité des données ?
Selon Nicolas Revel, ces données seront conservées 10 ans, "dans des conditions de grande sécurité". Une précision qui n'est pas sans importance. Les données médicales sont sensibles et intéressent beaucoup les pirates informatiques. Entre 2010 et 2017, 176 millions de dossiers médicaux auraient été piratés aux Etats-Unis. La France n'est pas exempte non plus de ce phénomène.
Que peuvent faire les pirates de ces données ? Demander une rançon aux organismes d'où ils proviennent, d'abord. Les revendre, sur le Darknet, par exemple, ou même à des compagnies d'assurances qui se baseraient ensuite sur ces données pour augmenter leurs prix.
Si vous souhaitez peser le pour et le contre, sachez également que le DMP intégrera dès 2019 une plateforme spécifiquement destinée à la fin de vie. Le dispositif ne sera en aucun cas obligatoire.