Scandale Pegasus : un conseiller municipal de Chartres surveillé par le Kazakhstan

L'élu écologiste, Quentin Guillemain, conseiller municipal à Chartres ferait partie des victimes du scandale Pegasus. Son téléphone aurait été surveillé par le Kazakhstan.

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Les révélations du consortium de dix-sept médias internationaux autour du projet Pegasus se poursuivent. Après la Hongrie, le Maroc ou encore le Mexique, on apprend que le Kazakhstan a utilisé le logiciel pour espionner des figures politiques en vue, ainsi que des opposants. Parmi les victimes potentielles, le conseiller municipal de Chartres (Eure-et-Loir), Quentin Guillemain. L’actuel porte-parole de Génération écologie a été informé par un journaliste du Monde. Son numéro de téléphone ferait partie des 50 000 numéros ciblés par Pegasus. Il va porter plainte.

Comment avez-vous réagi quand vous avez appris que vous faisiez partie des victimes du scandale Pegasus ?

Quentin Guillemain : Il y a un choc parce qu’on ne s’attend pas que ce soit possible dans cette ampleur-là. Certes j’ai eu des activités internationales importantes sur les questions des droits de l’homme en particulier. Mais je ne pensais pas pouvoir être ciblé par un État directement comme ça a été, apparemment, le cas.

En même temps, ce n’est pas surprenant quand on parle du Kazakhstan. On connait les méthodes qu’il utilise en répression, notamment contre les personnes qui ne sont pas clairement dans sa ligne de conduite.

Ce scandale montre que des pressions sont toujours actives contre les défenseurs des droits de l’homme et des libertés individuelles. C’est assez scandaleux que l’on puisse utiliser des méthodes d’ordre militaire pour surveiller des militants.

Pourquoi avez-vous été ciblé ?

Q.G. : J’ai créé une ONG en 2014, la Cosmopolitan Project Foundation, qui travaille avec les pays en transition démocratique, comme l’Ukraine, l’Iran, la Tunisie ou encore la Hongrie. L’objectif est de soutenir les projets menés par la société civile et par des personnalités intellectuelles ou universitaires qui pourraient être actives dans leurs pays. En 2017, en particulier, on a organisé un évènement à Paris avec un certain nombre d’acteurs kazakhs réfugiés en France, sur la question des droits de l’homme au Kazakhstan. C’était en partenariat avec Amnesty International et une autre ONG, Open Dialogue Fondation.

On ne sait pas combien de temps a pu durer l’intrusion, si elle y est encore, quand ça a été mené. Tout ça est très difficile à voir techniquement. Mais on imagine que c’est suite à cet évènement qu’il y a eu une volonté d’intrusion de la part du Kazakhstan dans mes communications et dans mon téléphone.

Allez-vous porter plainte ?

Q.G. : Il va y avoir trois suites. Une plainte sera déposée lundi pour six chefs d’accusation (N.D.L.R. : dont atteinte à l’intimité de la vie privée, atteinte au secret des correspondances et association de malfaiteurs). Il faut que la justice puisse se saisir de ce sujet même si c’est déjà en partie fait. Je confierai mon téléphone aux services de police quand on me le demandera.

J’ai aussi vu que l’ANSI, l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information, mettait à disposition ses services technologiques pour aider ceux qui, potentiellement, auraient pu être surveillés en analysant les téléphones et en faisant des investigations.

Et puis, de manière plus diplomatique, je vais écrire à la fois au Président Macron et à l’ambassade du Kazakhstan en France pour demander des explications. Cet outil est censé être destiné à surveiller, soit des terroristes, soit des gens qui veulent avoir des actions violentes voire meurtrières, ce que je ne suis pas. Je vais demander des comptes quant à l’utilisation de cet outil.

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