Sécheresse : des entreprises du Centre-Val de Loire sur la pistes de solutions technologiques

Face à la raréfaction de la ressource en eau, deux entreprises basées en Centre-Val de Loire proposent des solutions concrètes afin de limiter l’impact des sécheresses sur nos sociétés.

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Cet hiver, la France a connu une période de sécheresse inédite avec 32 jours sans pluie. En prévision de l’été, la situation inquiète en Centre-Val de Loire. Le niveau d’une majorité des nappes phréatiques est jugé préoccupant malgré les précipitations survenues aux mois de mars et d’avril.

Face aux défis qui s’annoncent, deux entreprises de la région ont développé des solutions pour endiguer les conséquences de la sécheresse sur l’irrigation des exploitations et plus globalement sur les réserves en eau.

Des outils high tech pour piloter "l’irrigation de précision"

Avant de se délocaliser en France, à Orléans, Seabex a d’abord officié en Tunisie, le pays d’origine de son président, Taher Mestiri. "C’est un pays qui connaît la sécheresse depuis 20 ans. On a travaillé sur place pour améliorer les conditions de travail des agriculteurs", avance-t-il.

Le produit phare de la start-up : Netirrig, "un outil d’aide à la décision sur l’irrigation" à destination des agriculteurs. Concrètement, il s’agit d’un logiciel capable de calculer les besoins en eau sur un espace délimité. Pour cela, la plateforme dispose de plusieurs informations. 

"Nous avons une base de données – la plus grande en France – qui référence 35 espèces de plantes et 100 variétés différentes. Les paramètres et les besoins en eau de chacune de ces cultures sont très différents."

Taher Mestiri, PDG de Seabex

Grâce à l’intelligence artificielle, Netirrig établit un bilan hydrique. Le logiciel émet une estimation sur le besoin en eau exact en se basant donc sur le type de culture mais aussi sur d’autres données comme le tracé des parcelles, les cycles de production et la nature du sol.

Ainsi l’agriculteur a une connaissance précise de la quantité d’eau dont a besoin chacune de ses cultures. L’idée de Seabex est de rendre l’irrigation plus efficace et plus adaptée.

Selon Taher Mestiri, l’étude-test sur une exploitation de Villamblain, dans le Loiret, pendant huit ans, a permis d’économiser 20% d’eau et fait gagner 25% de revenus à l’agriculteur.

Depuis le lancement du logiciel, au premier trimestre 2023, 230 clients ont souscrit à l’abonnement en Centre-Val de Loire, Bretagne, Normandie et Bourgogne. La start-up espère maintenant une généralisation à l’échelle nationale en nouant des partenariats avec les Chambres d’Agriculture de chaque département.

Le dessalement "écoresponsable"

Créée en 2014 et installée à Chartres, Mascara NT compte aujourd’hui 25 salariés et s’est donnée la mission d’"apporter de l’eau potable à toutes les populations".

Selon son PDG, Quentin Ragetly, l’entreprise est partie du constat inquiétant de l’OMS et de l’UNICEF : des milliards de personnes n’auront pas accès à l’eau salubre, à l’assainissement et à l’hygiène en 2030 "si les progrès n’avancent pas quatre fois plus vite".

Des perspectives mauvaises qui ont poussé Quentin Ragetly à analyser toutes les ressources en eau sur Terre. "97% de l’eau sur la planète est de l’eau de mer que nous devons dessaler pour pouvoir la consommer", indique l’entrepreneur.

Mascara NT a mis au point Osmosun, une technologie permettant le dessalage de l’eau de mer avec des énergies renouvelables utilisant le principe de "l'osmose inversée". Des tubes cylindriques vont pousser en pression l’eau de mer contre une membrane qui ne laisse passer que les molécules d’eau.

Ce procédé n’est pas nouveau, mais la particularité d’Osmosun est qu’il fonctionne à l’énergie solaire grâce à des panneaux photovoltaïques contrairement aux autres technologies utilisant des énergies fossiles.

"Ça a un intérêt écologique car on n’émet pas de CO2, et en plus l’utilisation coûte moins cher. L'autre point positif c'est que le dispositif bloque les molécules résiduelles de plusieurs produits polluants."

Quentin Ragetly, PDG de Mascara NT

Depuis le lancement d’Osmosun en 2019, la PME a multiplié son chiffre d’affaires par deux. Elle conçoit, fabrique et installe directement sur place sa technologie pour des collectivités ou des entreprises du secteur privé (agriculture, hôtellerie, loisirs).

Aujourd’hui, des unités ont été mises dans 27 pays différents parmi lesquels le Sénégal, la Mauritanie, l’Afrique du Sud, l’Australie, les Philippines, l’Indonésie et Abu Dhabi.

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