En grève de la faim depuis 40 jours, la militante des droits humains vient d'être hospitalisée. Les parlementaires français se mobilisent pour sa libération.
Elle a lutté plus de 40 jours et ses amis et soutiens craignent aujourd'hui que son corps ne lâche. L'avocate iranienne Nasrin Sotoudeh a été hospitalisée après une grève de la fin de plus d'un mois, selon les informations transmises par son mari, Reza Khandan. Après un passage aux urgences, Nasrin Sotoudeh a été admise dans un service de cardiologie.
Co-lauréate 2012 du prix Sakharov décerné par le Parlement européen, l'avocate a été condamnée en 2019 à 12 ans de de prison et 148 coups de fouet après avoir défendu une femme arrêtée pour avoir manifesté contre l'obligation faite aux Iraniennes de porter le voile.از بند زنان تماس گرفتند و گفتند كه نسرين حالش وخيم تر شده و به خاطر مشكل قلبي به بيمارستان طالقاني اعزام شد. ما تو راه بيمارستانيم.
— Reza Khandan (@RezaKhandan4) September 19, 2020
Le 11 août, elle avait annoncé sur les réseaux sociaux entamer une grève de la faim, dans le but de dénoncer les conditions d'incarcération des prisonniers politiques détenus pour des motifs "invraisemblables" et leur horizon judiciaire bouché, tandis que le Covid-19 fait des ravages en Iran et encore plus dans ses prisons.
"Une question de vie ou de mort"
Députée LREM d'Indre-et-Loire, Fabienne Colboc a exprimé son "soutien clair et net" à Nasrin Sotoudeh. "Son courage et son engagement pour le droits des femmes en Iran nous obligent. Aujourd’hui c’est une question de vie ou de mort" alerte de son côté la députée du Cher Nadia Essayan, qui prend régulièrement position pour les défenseurs des droits humains à travers le monde.
"Cher Mr Reza Khandan, plus de 150 membres du Parlement français, ainsi que moi-même, sont mobilisés pour demander au président Rohani la libération de votre femme" écrit sur Twitter François Cormier-Bouligeon, député LREM du Cher. Il a également relayé les appels à la liberté lancés par Hillary Clinton, Justin Trudeau, ou encore la rapporteure des Nations-Unies Mary Lawlor.??Son courage et son engagement pour le #DroitsDesFemmes en #Iran nous obligent #NasrinSotoudeh
— Nadia Essayan (@NadiaEssayan) September 20, 2020
Aujourd’hui c’est une question de vie ou de mort ?appel à sa libération immédiate #FreeNasrin @CNCDH @ONUFemmes pic.twitter.com/GTWiGk7oMl
Si le député est mobilisé pour la libération de Nasrin Sotoudeh depuis son incarcération, en 2019, la défense de l'avocate iranienne apporte de l'eau à un moulin bien français. Car juste avant la série de tweets très nourrie en faveur de la militante des droits de l'homme, le compte twitter de François Cormier-Bouligeon enchaîne les prises de position discrètes mais radicales sur le port du voile.Nasrin SOTOUDEH hospitalisée aux urgences après 39 jours de grève de la faim.
— F Cormier Bouligeon (@FCBDeputeduCher) September 19, 2020
Elle proteste contre les conditions d’incarcération dont ses codétenues et elle sont victimes. #NasrinSotoudeh est une des femmes les plus courageuses de notre monde.
Son combat est le nôtre. https://t.co/2RTXcz3n0h
Venue à une audience à l'Assemblée Nationale coiffée de son hijab, comme le règlement l'y autorise, la syndicaliste de l'UNEF Maryam Pougetoux a été prétexte à une nouvelle passe d'arme à la française autour du port du voile. François Cormier-Bouligion a par exemple relayé sur le sujet un article du journal Causeur, réputé proche de la droite dure. Le combat contre l'obligation de porter le voile en Iran de Nasrien Sotoudeh, pourrait s'avérer un parallèle bien pratique.
En Iran, "la plus sévère répression" depuis 1979
L'Iran a été secoué par des sanctions internationales, puis par d'importantes manifestations contre la hausse des prix en novembre 2019, qui ont entraîné, selon les opposants, la plus sévère répression depuis le renversement du Shah en 1979. L'ONG Amnesty International a diffusé fin août un rapport après avoir recueilli le témoignage de 500 personnes, arrêtées après les manifestations et qui ont été victimes de procédures judiciaires abusives, évoquant une "épidémie" de tortures dans les prisons.
Iranian authorities committed shocking human rights violations against detainees after the November 2019 protests including beatings, floggings, electric shocks and sexual violence.
— Amnesty International (@amnesty) September 2, 2020
Read more in our new report https://t.co/aITqRiqGFt pic.twitter.com/gcfFzZuyIA