Au mois de septembre, le gouvernement expérimentera la gratuité des protections hygiéniques pour lutter contre la précarité menstruelle. De plus en plus de femmes n'ont pas accès à des protections hygiéniques coûteuses. A Tours ou Orléans, des associations se sont déjà emparées du sujet.
C'est un phénomène encore tabou en France, pourtant la précarité menstruelle concerne 1,7 million de femmes et d'hommes transgenres dans notre pays. Des personnes parfois pauvres, sans-abri, migrantes ou en prison, confrontées à la difficulté d'avoir accès à des protections hygiéniques en période de règles. En 2020, le gouvernement a alloué un million d'euros à l'expérimentation de protections gratuites, mais en attendant, certaines associations ont pris le relais.
"Riche ou pas riche, les protections sont les mêmes !"
C'est le cas du Secours populaire, à Orléans, où les bénévoles essaient de maintenir à flots le stock de protections. "Riche ou pas riche, les protections sont les mêmes, et il les faut !" observe le secrétaire général adjoint de l'organisation pour le département du Loiret, Jean-François Lunebitz. "C'est quand même un produit qui coûte cher, ce n'est pas négligeable."De fait, les protections hygiéniques et les antidouleurs avoisinent un budget de plusieurs centaines d'euros chaque année. Un prix qui, pour les plus démunies, peut conduire à des risques sanitaires. Face à la précarité, certaines personnes utilisent leurs protections de façon prolongée, ou des produits qui ne sont pas adaptés, menant à des douleurs ou des infections qui peuvent avoir de sérieuses conséquences.
Bientôt des protections gratuites ?
Par ailleurs, la précarité menstruelle peut aussi être synonyme d'humiliation, la faute au tabou ancien qui pèse sur le phénomène des règles. Pourtant, comme l'explique Nadine Ferrandon, animatrice au planning familial d'Orléans, "c'est quelque chose de naturel, de biologique". "On est femme, on a des règles, et on n'a pas à subir les jugements, les oppressions et même les propos malveillants vis-à-vis de ça."A Tours, des associations et même des commerces, comme le bar "Les Dix Fûts" dans le centre-ville n'ont pas attendu les annonces du gouvernement pour commencer à collecter des dons de protections hygiéniques. "Il y a eu un très gros engouement là-dessus" constate le gérant, Valentin Coulon. "Ça nous a permis pendant le confinement de fournir la Croix-Rouge, pour les plus démunis."
A partir de septembre, la mise à disposition de protections hygiéniques gratuites sera expérimentée auprès d’élèves du second degré et d’étudiantes, de femmes détenues, de femmes précaires et sans abri. Au début de l'année, l'Ecosse est devenue le premier pays du monde à voter la distribution gratuite des protections hygiéniques.
Retrouvez ci-dessous le reportage de C. Peltin, Y. Le Bloa et A. Garreau ou cliquez ici