L'Observatoire de la transition écologique des territoires a publié ce 1er juin son palmarès des Régions ayant fait le plus d'efforts en matière de transition écologique sur le mandat 2016-2021. Le Centre-Val de Loire pointe à la deuxième place du classement, malgré une note générale assez basse.
Après délibération, le conseil de classe a décidé de décerner au Centre-Val de Loire les encouragements pour les efforts produits mais note une insuffisance dans les résultats globaux. Le conseil de classe, c'est l'Observatoire de la transition écologique des territoires, une toute jeune association -qui se définit comme libre de toute influence politique- bien décidée à surveiller les actions menées par les collectivités en matière d'environnement.
L'association vient de publier ce mardi 1er juin son premier Enviroscore, un indicateur dont le but est de "rendre compte des actions des Régions en faveur de la transition écologique", explique son président Victor Ferreira.
Car les Régions ont de très importantes compétences dans le domaine écologique, et sont tenues par la loi de respecter un certain nombre d'objectifs, notamment dans les domaines de la rénovation énergétique des bâtiments, ou de la réduction de la consommation énergétique et en particulier des énergies fossiles.
L'Enviroscore a donc le projet d'évaluer le bilan environnemental de chaque exécutif régional de France métropolitaine sur le mandat 2015-2021. Ainsi, une bonne note ne consacre pas un résultat à un moment donné, mais une évolution sur six ans de mandat. La note générale est calculée à partir de notes dans sept grands domaines, comme l'énergie, les transports, la santé ou le bâtiment, elles-mêmes déterminées, à partir d'une trentaine de critères plus fins.
Et à ce petit jeu, le Centre-Val de Loire obtient un résultat décevant, mais au-dessus de la mêlée : avec une moyenne générale de 8,8 sur 20, la région semble loin du compte, tout en pointant... à la deuxième place du classement des treize régions, devancée uniquement par le Grand Est. Cette moyenne générale cache des disparités entre différentes catégories.
Le Centre-Val de Loire, bon élève en santé environnementale, en achats publics et en transports
Avec un score de 12,7/20, le Centre-Val de Loire est l'une des régions où la santé est de moins en moins affectée par des critères environnementaux, comme la pollution atmosphérique. Ainsi, le nombre d'épisodes annuels de pollution de l'air est resté assez bas et stable, entre 5 et 10, tout au long du mandat. C'est beaucoup moins que dans les Hauts-de-France, où ils sont environ 70 chaque année, selon le Laboratoire central de surveillance de la qualité de l'air (LCSQA).
La baisse de l'utilisation de pesticides est également à remarquer dans la région, étant de 2,4 chaque année en moyenne, soit la deuxième baisse la plus importante du pays. Mais la baisse nationale devant être de -50% d'ici à 2025 (après une décennie d'augmentation), la région n'obtient qu'un score de 13/20. "20/20 correspond à un respect total des objectifs environnementaux français ou européens, ou à la meilleure région dans sa catégorie quand il n'y a pas d'objectifs définis", détaille Victor Ferreira, passé dans les années 1990 par le secrétariat national d'Agir Ici, devenu depuis la branche française d'Oxfam.
Avec un 10/20 tout juste, la région se classe première en transports, en partie grâce à l'augmentation du trafic sur le réseau TER du Centre-Val de Loire. Elle est également la seule région à avoir vu son trafic aérien diminuer sur la durée du mandat. Une baisse relative (-0,2%), mais qui permet à la région de placer en tête de gondole française.
Le Centre-Val de Loire est également distingué dans le cadre des achats publics responsables : depuis 2014, une collectivité doit définir un SPASER, ou schéma de promotion des achats publics socialement et écologiquement responsables. Soit une stratégie de consommation et d'investissements les plus verts possibles par la collectivité, dans des domaines aussi variés que le bâtiment, les travaux, jusqu'aux produits d'entretien.
Car "la commande publique a la capacité d'organiser des filières locales, de venir en soutien à des entreprises vertes, et d'accompagner la transition écologique de l'économie", explique Victor Ferreira. Or, plusieurs Régions ont signé le SPASER sans réellement l'appliquer derrière, quand d'autres (récompensées par un 0 pointé) n'en ont simplement signé aucun.
Au milieu de tout ça, le Centre-Val de Loire est l'une des trois régions "à avoir mis en place des stratégies et des groupes de travail efficaces", empochant d'un coup un 20/20 et prenant la tête de la catégorie. Elle est d'ailleurs la seule région labellisée ISO 20 400 sur les achats responsables.
D'après l'Enviroscore, le Centre est également bonne élève dans le domaine des énergies renouvelables thermiques (en grande partie grâce au bois), que ce soit dans ce qui a été réalisé et ce qui est en projet. Ces énergies viennent en général en remplacement de chauffage électrique, ou de chaudières au gaz ou au fioul.
Le tableau général de l'énergie est en revanche peu reluisant, et met en avant une stabilisation de la consommation d'énergie dans la région, y compris des énergies fossiles, quand bien même cette dernière devrait baisser de 5,5% par an pour respecter les engagements européens. L'indicateur ne prend en revanche pas en compte l'augmentation de l'éolien malgré le très bon score de la région (+75% en trois ans), car sa programmation dépend de la politique de la mandature 2010-2015, bien que déjà présidée par François Bonneau.
De (très grosses) lacunes en biodiversité et dans le bâtiment
Et si la région a ses atouts, elle a aussi ses points faibles. Malgré son bon score dans l'utilisation des pesticides, le Centre-Val de Loire pèche dans la catégorie biodiversité, avec une note de 7,3 et une 8e place sur 13. En cause notamment : la faible évolution de l'agriculture biologique (0,4 points de plus, 12e sur 13) et la pollution des eaux aux nitrates, causée par l'épandage de lisiers et d'engrais à base de nitrate. Bien que discutée, la toxicité des nitrates a engagé l'Union européenne à faire passer une directive dédiée en 2007. Celle-ci fixe un seuil maximal dans l'eau du robinet, à 50 mg/L.
Depuis, la pollution aux nitrates reste un problème partout en métropole, et la France a été condamnée en 2014 par la Cour de justice de l'Union européenne pour incapacité à améliorer sa qualité de l'eau. Une incapacité qui trouve son paroxysme en Centre-Val de Loire, "où 17% des prélèvements réalisés dépassent les 40 mg/L d'eau", alors que la moyenne des régions est de l'ordre de 6% de dépassements. Une contre-performance qui vaut à la région un 2/20 et une dernière place au classement de la qualité de l'eau.
La plus grosse lacune réside dans le bâtiment, avec un 3/20 et une dixième place au classement. La région est particulièrement pointée du doigt en matière de constructions neuves performantes (2/20) et de rénovations basse consommation (dernière place et 0/20). D'ici à 2050, l'ensemble du parc de logements et de tertiaire français devra être certifié bâtiment basse consommation (BBC). Et si le Centre-Val de Loire est récompensé d'un 0, c'est que "le nombre de rénovations BBC a baissé", note Victor Ferreira, qui concède malgré tout que le nombre de certifications pris en compte par l'indicateur est inférieur au nombre réel de rénovations basse consommation partout en France.
Dans le domaine des transports, la région est également mise en cause pour son faible nombre d'aménagement d'aires de covoiturage (808 places par million d’habitants) et de nouvelles bornes de recharge pour véhicules électriques (511 par million d’habitants), deux catégories où le Centre-Val de Loire repart 10e du classement.
Victor Ferreira le reconnaît : ce premier Enviroscore est imparfait, et possède une forte marge d'amélioration, notamment dans la prise en compte de certains critères et dans le calcul de notes. Mais il espère pouvoir "l'imposer sur la longueur, au-delà de la seule échéance des élections régionales".