Le coup d'envoi des vendanges 2020 a été donné ce vendredi 21 août. Cette année, la vigne est plus en avance que jamais. Ce qui n'empêche pas les viticulteurs de la région Centre-Val de Loire de promettre un beau millésime.
Un vieux proverbe de vigneron disait "Quand octobre prend sa fin, dans la cuve est le raisin". Une époque désormais révolue ! Cette année encore, le raisin sera récolté un peu plus tôt que l'année précédente : le coup d'envoi des vendanges a été donné ce vendredi 21 août. Dans la région Centre-Val de Loire, c'est traditionnellement le Pinot gris qui ouvre le bal.
"En l'espace de 20 ou 30 ans, la date des vendanges a avancé de trois semaines à un mois : avant, on récoltait plutôt autour du 15-20 septembre", se rappelle Denis Jamain, propriétaire d'une vingtaine d'hectares de vignes à Reuilly dans l'Indre. Pour le viticulteur, qui possède des cépages de Pinot gris, Pinot noir et Sauvignon blanc, la récolte débutera la dernière semaine d'août. Du côté du Loir-et-Cher, à Thoré-la-Rochette, Patrice Colin, producteur de Coteaux-du-Vendômois, attendra la première semaine de septembre pour vendanger. "Nous avons plus de 8 jours d'avance par rapport à l'année 2019", constate-t-il.
La précocité est encore plus importante pour le Sancerre : au domaine de la Perrière dans le Cher, les récoltes commenceront tout début septembre au lieu de mi-septembre habituellement.
Pour le Chinon, les vendanges sont plus tardives : elles se déroulent généralement à cheval entre fin septembre et début octobre. "Mais cette année, on ramassera autour du 15-20 septembre", commente Jean-Max Manceau, propriétaire du domaine de Noiré en Indre-et-Loire.
Un hiver très doux
Cette année, l'hiver a été plutôt clément pour les viticulteurs : des températures douces, pas ou peu de gel et une pluviométrie importante. Les mois qui ont suivis ont été tout aussi propices au bon développement de la vigne. "On a eu un printemps très chaud et ensoleillé. Le débourrement des bourgeons a commencé dès la fin du mois de mars", explique Denis Jamain."Du coup, nos vignes ont pris beaucoup d'avance, elles ont mûri très vite", complète Philippe Reculet du domaine de la Perrière. "Ça explique pourquoi la récolte est particulièrement précoce cette année."Pour la plupart des viticulteurs de la région, la précocité a une influence limitée, mais plutôt positive, sur la qualité du raisin.
Une chose est certaine pour les producteurs : ces vendanges précoces ne seront pas les dernières. Ils sont unanimement convaincus que le réchauffement climatique aura un impact toujours plus grand sur leur production à l'avenir. En attendant, ils sont très optimistes sur le millésime 2020.Quand la récolte s'effectue plus tôt, c'est généralement que la vigne a été gorgée de soleil. Le fruit aura un goût plus puissant : il sera plus riche en saveur, en couleur et en sucre.
Les saisonniers au rendez-vous
Malgré le contexte inédit du Covid-19 et des dates de récoltes très avancées, les domaines n'ont eu aucun mal à trouver de la main d'oeuvre pour les vendanges. "Nous travaillons toujours avec les mêmes personnes et cette année encore, elles ont répondu présentes", confie Patrice Colin.Même constat du côté de l'Indre. "Chaque année, on se regroupe avec d'autres producteurs et leurs équipes. Nous savions que la récolte se ferait plus tôt cette année, du coup a demandé à tout le monde de décaler les congés à début août pour être opérationnels à la fin du mois", ajoute Denis Jamain.Le domaine de Noiré a lui aussi recruté sans problème : en plus des saisonniers habituels, de nombreux étudiants ont répondu à l'appel, constate Jean-Max Manceau. "Forcément, comme les dates sont avancées, beaucoup de jeunes n'auront pas encore repris les cours. Du coup, ils sont contents de venir et d'avoir quelques sous en plus dans le porte-monnaie."
Reste à savoir comment assurer le bon déroulement des vendanges tout en respectant les gestes barrières.
D'autres exploitations envisagent de ne laisser qu'une personne par rangée, voire même d'imposer le masque pendant la récolte.Lors des transports, nous allons demander aux saisonniers de rester masqués. Dans les vignes, on leur dira de garder deux mètres de distance entre eux dans les rangées. De notre côté, nous allons désinfecter les machines et les outils régulièrement pour limiter les risques. Il n'est pas impossible que nous demandions à nos saisonniers de faire un test PCR avant de venir.