Une association vient de voir le jour dans le milieu viticole. Les Wineuses de Loire veut rassembler toutes les femmes qui travaillent dans le vin : vigneronnes, cavistes, spécialistes du commerce... Objectif : faire évoluer des mentalités parfois encore sexistes.
L'association a vu le jour en janvier 2020. Les Wineuses de Loire, une nouvelle structure créee à Tours qui veut rassembler des femmes de différents profils dans le milieu parfois très masculin du vin.
L'initiative est venue de Mathilde Lefebvre, assitante commerciale free-lance qui travaille notamment pour des vignerons. La jeune femme âgée de 30 ans est devenue présidente de l'association les Wineuses de Loire suite au sexisme auquel elle s'est parfois retrouvée confrontée.
"Quand on est une femme dans le milieu du vin on se lève le matin avec une envie de conquérir le monde mais on se couche le soir avec beaucoup moins d’énergie et c'est à cause de cette misogynie qui vient aussi bien des hommes que des femmes. Je me suis demandé si j’étais seule à vivre ça ou s’il y en avait d’autres comme moi."
Déconstruire l'image de la femme qui travaille dans l'ombre de son mari
L'association n'a pas la prétention de trouver une solution mais elle a la volonté de sortir les personnes de leur isolement. Les Wineuses de Loire souhaitent déconstruire la caricature de l’image de la femme qui travaille dans l’ombre de son mari vigneron.
"Par exemple, un groupe de personnes va entrer dans un point de vente dans une exploitation viticole et si je me trouve avec un homme, instinctivement, les femmes vont se diriger vers le monsieur qu’il soit vigneron, ouvrier ou homme de ménage. Cela me fait toujours un pincement au cœur... A force de vivre ça, ça devient lourd et pesant."
Des expériences que n'a pas forcément vécu Julie Joyez qui a participé aussi à la création de l'association les Wineuses de Loire. Agée de 33 ans, elle est chargée de communication pour des salons du vin ou des vignerons.
"Je n’ai pas été confrontée à la misogynie car dans le milieu de la communication on accepte plus facilement les femmes. Et dans les plus jeunes appellations comme celles qui font du vin nature il y a une plus grande ouverture à la diversité et une plus grande tolérance."
Pour une vigneronne, la plus grande difficulté est de trouver un équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle
Pour les femmes vigneronnes, il a souvent fallu faire sa place dans un milieu historiquement masculin. Isabelle Pangault, exploitante viticole de 37 ans qui a repris un domaine de l'appelation Touraine-Oisly dans le sud du Loir-et-Cher, vient d'adhérer à l'association les Wineuses de Loire. Pourtant, elle avoue s'être rarement posé la question du sexisme.
"Pour moi la plus grande difficulté n’est pas de lutter contre le machisme mais de trouver un équilibre dans ma vie. Avec un enfant en bas âge et un conjoint qui travaille dans un autre secteur cela demande beaucoup d’organisation. Même si mon conjoint m’aide à la maison, la charge mentale reste féminine."
Un équilibre pas évident à trouver pour les femmes vigneronnes d'autant qu'elles sont souvent en déplacement. Ces trois derniers week-ends, Isabelle Pangault travaillait sur différents salons. Le prix à payer pour exercer un métier-passion.
"Pour les générations précédentes, c’était plus simple car les hommes vignerons avaient bien souvent leur épouse comme collaboratrice, des femmes qui ont parfois travaillé et se sont sacrifiées toute leur vie sans véritable statut."
Ce qui est certain c'est que le monde du vin se féminise de plus en plus. Aujourd'hui, on compte environ 27% de femmes chefs d'exploitation viticole en France contre 13,5% en 1988 (selon les chiffres du recensement agricole sur la viticulture, novembre 2011).
Leur prochain défi - avec toutes les femmes qui travaillent dans le monde viticole - sera de s'assurer une plus grande visibilité dans un milieu encore largement masculin.