Invité du JT de France 3 Centre-Val de Loire ce 27 mai, Pierre Allorant, politologue et professeur d'histoire du droit, est revenu sur les enseignements à tirer des élections européennes 2019.
Victoire du Rassemblement national, fractures politiques, effondrement des autres partis d'opposition... Quels enseignements peut-on tirer des élections européennes 2019 ? Pierre Allorant, invité de France 3 Centre-Val de Loire, a livré quelques indices sur les leçons à tirer de ce week-end électoral.
Vote des villes, vote des champs
Après plusieurs mois de mobilisation des gilets jaunes, le résultat des élections européennes entérine une "fracture à toutes les échelles", pour Pierre Allorant. En témoigne l'arrivée en tête du Rassemblement national dans une majorité de communes rurales, cristallisant "une colère de la France périphérique". A l'inverse, les centres urbains et les chefs-lieux ont davantage voté pour le parti présidentiel LREM, ou pour la liste Europe Écologie.
Autre aspect frappant : "l'effondrement de la droite classique", et le retour sur le devant de la scène d'une "partie de la gauche" avec la troisième place des écologistes. Un terrain déjà prêt pour les élections municipales de 2020 et, au-delà, les présidentielles de 2022.
Un vote sanction
Emmanuel Macron voulait nationaliser le débat. Le président de la République a réussi son pari, mais "à son propre détriment". Le président, qui s'est engagé personnellement, n'a pas su rassembler une majorité de suffrages. "Il y a eu un problème de casting en tête de liste, incontestablement", concède Pierre Allorant.
L'échec reste relatif, pour deux raisons : un faible écart entre le RN et LREM d'une part et, d'autre part, le changement du paysage politique. "Il n'y a plus d'autre opposition que le Rassemblement national, c'est ce que souhaitait Emmanuel Macron."
Les partis traditionnels sur la sellette
Le PS, déjà secoué par les élections présidentielles 2017, a subi un nouveau coup dur lors des européennes. Même donne pour la droite, "aujourd'hui pratiquement dans la même situation", avec des scores comparables à ceux des formations de gauche, autour de 5 ou 6%.
Au milieu de 34 listes, les listes "avec une position claire" ont été favorisées : le RN avec un positionnement contre l'Europe actuelle, la liste LREM plutôt pour un renforcement de cette Europe, et la liste Europe écologie elle aussi très pro-européenne.