À l'issue d'une audience qui aura duré une heure, le tribunal de commerce de Bobigny a décidé de placer une nouvelle fois en redressement judiciaire le transporteur de colis MoryGlobal (ex-Mory Ducros).
La décision du tribunal de commerce s'accompagne d'une période d'observation de six mois. Un bilan d'étape est prévu le 7 avril, lors d'une nouvelle audience. Mardi matin, le P-DG Jean-Louis Demeulenaere croyait déjà en une telle décision. Il se disait "tout à fait confiant" dans l'avenir de l'entreprise et espérait "trouver un actionnaire solide et pérenne". À l'inverse, lundi, à la veille de la décision judiciaire, la déception et l'amertume dominaient chez les 2.200 salariés restants, notamment sur le site d'Ormes, dans le Loiret. Et pour cause : dans la région Centre, ce sont pas moins de 383 emplois qui sont en sursis.
À l'échelle de l'entreprise, en tenant compte des 1.800 emplois en sous-traitance dépendant de MoryGlobal, c'est l'avenir de 4.000 familles au total qui est en jeu.
Attaquant directement Arcole, le fonds propriétaire de MoryGlobal, le P-DG lui a reproché que "les financements promis à la création de l'entreprise [il y a un an] n'ont pas été au rendez-vous".
Le CE va porter plainte contre Arcole, propriétaire de MoryGlobal
Les syndicats de l'entreprise ne disent pas l'inverse : ils accusent Arcole d'avoir retiré de la trésorerie de MoryGlobal, il y a quelques mois, 7,5 millions d'euros sur les 17,5 millions qu'il avait injectés pour remettre à flot l'entreprise en 2014. Le comité d'entreprise et la CFTC déposeront plainte contre le fonds dans la semaine pour demander des "éclaircissements sur cette rétrocession".La prochaine étape pour la survie de l'entreprise se jouera le 25 février devant le tribunal de commerce de Pontoise. Ce dernier devra autoriser la vente ou non d'actifs immobiliers. Cela permettrait à l'entreprise de récupérer jusqu'à 25 millions d'euros. Les juges pourraient dire oui à deux conditions : si "Bercy accepte d'étalonner la dette sociale" et si Arcole "amène de l'argent frais", explique Denis Jean-Baptiste (CFTC), secrétaire du CE.
1.000 anciens salariés saisissent les Prud'hommes
MoryGlobal avait pris la suite il y a un an de Mory Ducros, lorsque cette dernière entreprise avait - déjà - été mise en redressement judiciaire. MoryGlobal s'était alors séparée de 2.800 salariés. À l'époque, le régime de garantie des salaires (AGS) avait déboursé plus de 83 millions d'euros (dont 13 ont depuis été récupérés). Plus de 1.000 salariés licenciés ont déposé des recours aux prud'hommes (demandant 66 millions d'euros de dommages-intérêts).► VIDEO : MoryGlobal placé en liquidation judiciaire - Rappel des faits (F. Marcel)