Jean Zay, le très jeune ministre de l'Education nationale et des beaux-arts (l'équivalent de notre ministère de la Culture) sous Léon Blum reste de nos jours un homme politique méconnu, une figure républicaine inconnue. Pourtant son oeuvre de réformateur est exceptionnelle.
Jean Zay s'engage très tôt en politique. Dès ses études secondaires, il adhère aux Jeunesses laïques et républicaines, puis, à sa majorité (21 ans) il s'inscrit au Parti radical.
En 1936, le président du conseil des ministres Albert Sarraut le nomme sous-secrétaire d'État à la présidence du conseil. Quelques mois plus tard, il est réélu et devient, le 4 juin 1936, membre du gouvernement du Front populaire comme ministre de l'Éducation nationale et des Beaux-Arts. A 31 ans, sous le gouvernement Léon Blum, il est le plus jeune ministre de toute la Troisième République.
Léon Blum a parié, en le nommant, sur sa jeunesse et sur sa compétence politique
Sa nomination est pleine d'audace et d'intelligence. Le ministère de Jean Zay va être décisif dans l'histoire des politiques éducatives et culturelles. Il s'entoure d'une équipe jeune et politiquement très à gauche.Il conservera cette fonction, sans interruption, pendant quarante mois, jusqu’à la guerre. Il connaîtra cinq gouvernements, le record absolu à ce poste sous la troisième République.
En janvier 1938, Jean Zay récupère, en les unifiant, les deux sous-secrétariats d'Etat à l'Education physique et aux Loisirs et sports. Jean Zay souhaite faire avancer l’Education.
Pour Jean Zay, il ne suffit pas de garantir l’accès de tous les enfants à l’école, il veut aussi leur donner les moyens et les mêmes chances de réussir.
Il souhaite mettre en place : la démocratisation, l'orientation, selon les goûts et les aptitudes des élèves, éveillés par une pédagogie novatrice.
Jean Zay transforme radicalement l'école
Le projet de réforme de Jean Zay est bloqué par de nombreuses oppositions. La droite dénonce un "danger autoritaire" et entend "protéger les droits du père de famille et les disciplines gréco-latines contre l'école unique totalitaire et athée". A gauche, le Syndicat national des instituteurs craint une absorption du primaire supérieur par le secondaire.Jean Zay prolonge de treize à quatorze ans l'obligation scolaire. Puis il dédouble les classes au-delà de trente-cinq élèves (octobre 1936), ce qui permet la création de postes dans le primaire (5241 en 1936) et dans le secondaire (2252 chaires créées en 1936-1937). Sa politique d'équipement scolaire, dans le cadre des Grands Travaux, est exemplaire. L'Etat multiplie par cinq et rationalise ses dotations qui financent pour la première fois l'ensemble de l'équipement pédagogique.
Le projet de loi qui rend obligatoire l'éducation physique de 6 à 16 ans (juin-juillet 1937), dans et hors de l'école, piétine à l'Assemblée. En attendant, Jean Zay expérimente "l'heure quotidienne" de sport dans le Loiret, l'Aude, la Meurthe-et-Moselle, dès la rentrée de 1936. Il s'agit en fait, d'une demi-heure de sport par jour et la fameuse demi-journée de "plein air". L'expérience est élargie à 29 départements en 1937, et à 40 en 1938.
Le couronnement de cette politique est l'institution du brevet sportif populaire (mars 1937), initiative partagée avec Léo Lagrange, sous-secrétaire d'Etat aux Loisirs et Sports : 450 000 candidats dès la première saison, un énorme succès.
► VIDÉO : Jean Zay, ministre de l'Education nationale devait inaugurer le nouveau refuge Vallot, situé sur le Mont Blanc, à 4.362 mètres d'altitude. Mais la caravane ministérielle a été obligée, à cause du mauvais temps, de renoncer à sa tentative. La cérémonie d'inauguration a finalement eu lieu aux Têtes Rousses à 3.200 mètres. Cette vidéo a été diffusée en août 1938 (Pathé Gaumont-Journal Eclair)
Dans l'enseignement supérieur le ministre démocratise l'accès aux bourses. Le montant de celles-ci est multiplié par deux dès 1936, et leur volume total par deux et demi. La création du Comité supérieur des oeuvres sSociales en faveur des étudiants, ancêtre des CROUS, est confiée à Alfred Rosier (juillet 1936).
Le projet d'une École nationale d'administration (ENA) appartient au programme du Front populaire. L'Etat souhaite contrôler la formation des hauts fonctionnaires qui vont le servir et garantir à tous l'égalité d'accès aux carrières publiques.
De 1937 à 1939, Jean Zay se rend en Autriche, Yougoslavie et Angleterre, en URSS et aux Pays-Bas, plus longuement en Grèce, en Egypte et aux Etats-Unis. Il conforte les établissements d'enseignement et de recherche français à l'étranger, tout particulièrement les missions archéologiques de Grèce et d'Egypte. Il se montre partout curieux des méthodes pédagogiques étrangères.
Jean Zay a marqué son temps ... son époque ... on le considère aujourd'hui comme un ministre d'avant-garde pour son époque.