Le verdict est tombé ce jeudi soir : la cour d'appel de Blois condamne Jacqueline Sauvage à dix ans de réclusion pour le meurtre de son mari. La même peine qu'en première instance en octobre 2014.
La cour d'appel de Blois condamne Jacqueline Sauvage à dix ans de réclusion
A l'annonce du verdict, Fabienne Marot, l'une des filles de Jacqueline Sauvage, se rend vers le box où se trouve sa mère en larmes pour la serrer dans ses bras. C'est la déception. Une fois encore, la cour a suivi les réquisitions de l'avocat général : Jacqueline Sauvage écope de 10 ans de réclusion criminelle pour le meurtre de Norbert Marot, son mari qui l'a battu pendant 47 ans. La préméditation n'a pas été retenue. Pas plus que l'état de légitime défense. En première instance déjà, la cour d'assises du Loiret avait suivi la demande de l'avocat général. C'était le 28 octobre 2014.►Reportage de Rébecca Benbourek et Amélie Rigodanzo
A l'époque, la presse s'insurge contre une peine jugée trop sévère d'autant que, quelques années plus tôt, en 2012, une autre femme avait été jugée pour les mêmes faits. Alexandra Lange avait tué son mari violent en 2009, d'un coup de couteau dans la gorge. Dans son cas, la légitime défense avait été retenue et la jeune femme avait été acquittée.
Le 10 septembre 2012, Jacqueline Sauvage, 67 ans tue de trois coups de fusil de chasse son mari Norbert Marot, 65 ans, à leur domicile de La Selle-sur-le-Bied près de Montargis (Loiret). Elle met fin à 47 années de violences pendant lesquelles Norbert Marot frappe et humilie sa femme et abuse sexuellement de ses filles.
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►Compte-rendu de la première journée d'audience
Autant l'accusée s'était montrée distante, en retrait lors du premier procès devant la cour d'assises du Loiret en octobre 2014, autant cette fois elle s'est laissée envahir pas l'émotion. Elle a relaté son enfance agréable, heureuse. Même si son père frappait sa mère, elle, en tant que petite dernière d'une fratrie de cinq enfants, était bien aimée, assure-t-elle. Un de ses frères, aîné de dix ans, appelé à la barre, va par contre démentir avoir jamais vu son père taper sa mère. Jacqueline Sauvage a longuement évoqué ses relations avec son défunt mari, qu'elle a connu quand elle avait 14/15 ans alors qu'il sortait de maison de correction, et dont elle était "éperdument amoureuse". "Je l'avais dans la peau", a-t-elle répété à plusieurs reprises.
► Compte rendu de la deuxième journée d'audience
C'était un monstre. J'aimerais qu'il soit devant vous pour que vous compreniez,
exulte Fabienne Marot l'une des filles de Jacqueline Sauvage. A la barre, elle raconte le calvaire que lui a fait subir son père pendant des années : le viol à l'âge de 15 ans, les violences physiques, le surnom "la pisse" dont il l'affuble, et puis les humiliations et la manipulation... L'avocate des sœurs de Norbert Marot, parties civiles, regrette que toutes ces déclarations n'aient pas été faites lors du procès en première instance et s'interroge sur le fait que ces violences n'aient pas été déclarées avant aux services de police. Fabienne Marot affirme pourtant avoir déposé plainte contre son père pour viol il y a plus de 20 ans. Plainte ensuite retirée, mais il n'en reste aucune trace.
►Reportage Rébecca Benbourek / Amélie Rigodanzo
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