Maître Jean Giuseppi, du barreau d’Ajaccio, s’apprête à écrire aux trois magistrats instructeurs du pôle antiterroriste de Paris, pour leur demander de mettre fin à l’instruction. Quarante personnes sont toujours mises en examen.

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Seize ans après l’assassinat du préfet de Corse à Ajaccio, 40 personnes sont toujours mises en examen dans un autre volet de l’enquête, celui de ‘ La piste agricole’.

A l’époque des faits, Roger Marion, patron de la police antiterroriste était persuadé que les assassins du haut fonctionnaire se cachaient dans la mouvance agricole radicale.

Pendant des mois, jusqu'à l’arrestation du commando opérationnel en Mai 1999, la justice va interpeller ou entendre près de 400 personnes.

Jean-Pierre Chevènement Ancien ministre de l' Intérieur Janvier 1999 Mathieu Finidori 06 février 1999 Me Jean Giuseppi Avocat de Fabienne Maestracci et Stella Lacrimini Stella Lacrimini Libération de Jean-Philippe Antolini 16 novembre 2004 Jean-Philippe Antolini Reportage : Anne Marie Leccia

Une quarantaine d’entre elles  est mise en examen pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. 
Parmi les personnes arrêtées essentiellement des agriculteurs ainsi que leurs compagnes : Marcel Lorenzoni, Mathieu Filidori, Roger Simoni, ou encore Fabienne Maestracci et Stella Lacrimini.

Certains interpellés vont effectuer jusqu’à une année de détention provisoire. 

Depuis 2000, aucun  n’a plus été interrogé par les magistrats instructeurs. Gilbert Thiel, Laurence Levert et Marc Treividic.

Le dossier prend la poussière sur les étagères du pôle antiterroriste de Paris, et la justice n’a visiblement pas l’intention de sortir les fantômes du placard.


16 ans ans après l'assassinat de Claude Erignac

En demandant  la clôture du dossier, maître Jean Giuseppi risque fort de mettre les trois juges d’instruction en difficulté.

Les magistrats ont en effet un mois pour répondre à la requête de l’avocat. Dans le cas contraire, ce dernier saisira la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris. C’est elle qui contrôle le travail des juges, et qui, in fine aura le dernier mot.

Si la justice décide de poursuivre l’instruction, elle s’expose à une condamnation de la France par la cour européenne des droits de l’homme.

Cette dernière  pourrait considérer en effet,  qu’une instruction qui se poursuit depuis 16 ans, va à l’encontre d’un principe du code de procédure pénale : celui du délai raisonnable."en matière criminelle. 

La France pourrait se faire condamner pour procédure abusive. Ce qui dans une enquête de cette nature, qualifiée de cause sacrée par le gouvernement de l’époque ferait désordre. 

Pressé de répondre l’appareil judiciaire pourrait rendre un non lieu général. Mais alors l’état serait contraint de verser des dommages et intérêts aux personnes qui ont effectué de la détention provisoire. Des milliers d’euros pour le contribuable. Et un camouflet infligé à la justice et à la police antiterroriste.

A moins que la justice ne décide de pousser la logique de l’absurde jusqu'au bout et de renvoyer les 40 personnes mises en examen devant le tribunal correctionnel de Paris, pour association de malfaiteurs.

Un procès fleuve, 16 ans après l’assassinat du préfet Erignac. Et des condamnations avec sursis à la clé afin de justifier les mois de détentions provisoires effectués.

A l’heure ou la Corse et Paris ont renoué les fils du dialogue, la justice saura-t-elle pour une fois jouer l’apaisement ?
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