La mère de Michel Mahjoubi, restaurateur assassiné en Corse, a exprimé mardi devant la cour d'assises de Paris son absence de doute sur la culpabilité
des accusés, Cédric Pieri et Antoine Santoni. La Cour d'assises est revenue le 27 février sur la personnalité des accusés.
"Pour moi il n'y a pas de zone d'ombre, c'est l'un des deux qui a tiré puisqu'ils étaient ensemble", a-t-elle expliqué à la barre.
Le corps de son fils criblé de chevrotines a été découvert le 7 juin 2008 en contrebas d'une route départementale sur la commune d'Olmetta-di-Tuda (Haute-Corse).
Propriétaire d'un piano bar, le "White", il a été victime d'intimidations et d'attentats jusqu'à ce qu'une charge explosive dévaste totalement l'établissement.
"J'ai vécu le calvaire de Michel, il ne me cachait rien. Je lui avais dit: Michel fais attention, il va te tuer, c'est un fou", a expliqué à la barre Marie-José
Bastiani, cheveux blancs coupés courts, petites lunettes d'écaille, en rapportant la menace dont son fils avait été l'objet de la part d'Antoine Santoni.
Lors d'une dispute au téléphone, elle explique avoir entendu l'accusé dire à son fils: "Je vais descendre te manger le foie, dors tranquille cette nuit, tu peux dormir tranquille pour l'instant".
Selon elle, son fils avait peu avant sa mort "repris du poil de la bête" et "ne voulait plus se laisser faire".
Marie-José Bastiani a également cité les noms de membres du milieu corse qui auraient fréquenté l'établissement de son fils, en refusant de payer et auraient voulu placer chez lui des machines à sous, ce qu'il aurait refusé.
"Ces noms ne disent rien à Paris mais ils signifient tout en Corse", a souligné Me Eric Dupond-Moretti, avocat de Santoni, pour qui ils constituent
une autre piste sérieuse pour l'assassinat. Il a dénoncé le dépaysement du procès en appel à Paris.
En première instance les accusés ont été acquittés devant la cour d'assises de Haute-Corse mais le parquet a fait appel et obtenu la délocalisation
à Paris en faisant valoir les risques de pressions sur les jurés.
La journée a été également marquée par un incident d'audience, une jurée suppléante ayant quitté la salle un instant sans l'autorisation de la présidente pour répondre à un appel téléphonique. Furieux, Me Dupond-Moretti a fait acter l'incident en précisant qu'il lui fournirait un excellent moyen de cassation.
Dernière journée de débat, le 27 février: La Cour d'Assises de Paris est revenue sur la personnalité d'Antoine Santoni et sur son rôle éventuel dans l'affaire de racket visant le bar restaurant de la victime.