Le transfèrement à Paris du bâtonnier de l'ordre des avocats d'Ajaccio, Dominique Ferrari, et de trois autres hommes, pour être interrogés au pôle anti-terroriste sur des attentats contre des gendarmeries en 2013, a provoqué la stupeur en Corse où le mouvement de protestation s'amplifie.

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Rassemblements et protestations des avocats

Arrêté lundi à Ajaccio avec dix autres personnes, Me Ferrari a été embarqué dans un avion spécial pour Paris à la mi-journée après plus de cinquante heures de garde à vue dans la base militaire d'Aspretto à Ajaccio. Quatre personnes ont été transférées à Paris selon une source judiciaire. Une source proche de l'enquête avait fait état précédemment de cinq personnes.

Le conseil de l'ordre des avocats s'est "insurgé contre cette nouvelle violation des droits les plus élémentaires de la défense".

Il a souligné dans une motion avoir appris "avec stupéfaction" le transfèrement du bâtonnier "dans ces conditions de célérité inhabituelles, empêchant ainsi son conseil, prévenu tardivement, d'assister son client pour une audience d'ores et déjà fixée à 20h à Levallois-Perret" (Hauts-de-Seine).

La garde à vue peut être portée à quatre jours dans les dossiers de terrorisme et Me Ferrari pourrait être déféré devant le parquet anti-terroriste de Paris.

Les avocats, qui ont appelé à de nouvelles assemblées générales, ont évoqué l'adhésion de Me Ferrari aux thèses nationalistes mais ont rejeté, comme notamment son défenseur, Me Jean-Marc Lanfranchi, toute idée d'une quelconque implication du bâtonnier dans des attentats contre des gendarmeries.

Par dizaines, les avocats manifestent depuis lundi devant la caserne d'Aspretto et se rassemblent dans les palais de justice d'Ajaccio et Bastia.

Un ancien bâtonnier d'Ajaccio, gardé à vue depuis lundi, Me Philippe Gatti, avait été remis en liberté mardi soir sans qu'aucune charge ne soit retenue contre lui, "au terme d'une audition éprouvante de 40 heures", selon son défenseur, Me Camille Romani.

"Cela démontre bien le caractère scandaleux de cette garde à vue", a ajouté Me Romani, soulignant qu'une "simple convocation aurait donc suffi" pour entendre son client.

Cinq personnes, dont l'épouse de Me Gatti, ont aussi été remises en liberté mardi sans charge. Les avocats ont notamment stigmatisé "la médiatisation faite par le pouvoir politique autour de ces interpellations".

Le conseil de l'ordre dénonce en outre la violation du secret de l'enquête et du droit à la présomption d'innocence.

Les avocats ont parallèlement souligné que l'enquête sur l'assassinat de l'ancien bâtonnier d'Ajaccio Antoine Sollacaro, il y aura deux ans le 16 octobre, n'avait toujours donné aucun résultat.

Protestation politique

Les arrestations de lundi ont été effectuées par la police antiterroriste et la gendarmerie dans le cadre de l'enquête sur des attentats à la roquette anti-char contre deux casernes de gendarmerie d'Ajaccio et Bastia, le 5 décembre 2013.

Ces actions n'avaient fait aucune victime et n'avaient pas été revendiquées. Les gardés à vue appartenant généralement à la mouvance nationaliste, la protestation politique est tout aussi vive.

De nouveaux rassemblements étaient prévus mercredi soir devant les préfectures d'Ajaccio et de Bastia, à l'appel du parti indépendantiste Corsica Libera et de l'association de défense des prisonniers politiques corses Sulidarità, ainsi que d'autres formations nationalistes.

Ministre de l'Intérieur lors des attentats contre les gendarmeries, Manuel Valls avait lié ces actions à des arrestations de sympathisants nationalistes présumés soupçonnés d'avoir commis des attentats en 2012 contre des résidences secondaires.

Pour les partis nationalistes, les interpellations de cette semaine visent à faire échouer un processus politique marqué notamment par l'annonce en juin par le Front de libération nationale de la Corse (FLNC), bras armé du mouvement indépendantiste, de la mise en oeuvre d'un "processus progressif de démilitarisation".

Cette décision du FLNC doit permettre de favoriser l'application de réformes votées par l'Assemblée de Corse. Elles concernent notamment la co-officialité de la langue corse, l'instauration d'un statut de résident pour lutter contre la spéculation foncière et immobilière, la fiscalité et une adaptation en ce sens de la constitution française.
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