Trois enquêteurs de la "brigade corse" vont être mutés dans les prochains jours, le patron de la PJ de Corse serait également sur le départ. En toile de fond, des fuites présumées lors d'un coup de filet mené par les hommes de la PJ dans l'enquête sur la tentative d'assassinat de Guy Orsoni en 2018.
La tension règne depuis plusieurs semaines au sein de la direction régionale de la police judiciaire (DRPJ) insulaire. Selon nos informations, l’avenir des principaux dirigeants serait plus que jamais incertain : deux ou trois des plus hauts responsables pourraient bientôt être débarqués. Une mutation-sanction qui ferait suite à des fuites présumées au sein du service.
Une information confirmée par l'Obs mardi 27 octobre. Selon l'hebdomadaire, trois fonctionnaires affectés à la brigade nationale de lutte contre la criminalité corse (BNLCOC) vont prochainement être mutés vers des postes administratifs.
Deux d'entre eux devraient rester à l'office centre de lutte contre le grand banditisme (OCLCO), dont dépend la brigade corse, pour exercer des fonctions non-opérationnelles. Le troisième homme pourrait rejoindre la division des relations internationales (DRI) mais loin des enquêtes précise l'Obs.
Des décisions prises après que les trois enquêteurs ont passé un marché avec une figure du grand banditisme insulaire suspectée d'avoir fourni une aide logistique à la bande du Petit Bar dans la tentative d'assissanat visant Guy Orsoni en septembre 2018. Le deal : que l'homme donne le nom de la personne qui informe les voyous au sein de la police en échange de quoi ils fermeraient les yeux sur son implication dans le dossier.
D'autre part, le patron de la police judiciaire, Lucien Arléri, arrivé il y a quelques mois en Corse, serait également sur le départ. Ce dernier aurait validé le marché passé par les enquêteurs et la figure du grand banditisme insulaire.
Soupçons de fuites au sein du service
La fuite initiale n'a, pour l'heure, pas été mise au jour. Ainsi, lundi 28 septembre, une vaste opération d’interpellations est orchestrée par les hommes de la police judiciaire – épaulée du raid -, dans le cadre de l’enquête portant sur la tentative d’assassinat de Guy Orsoni en 2018.Problème, deux membres présumés de la bande criminelle du Petit Bar, Pascal Porri et André Bacchioli, ne se trouvent pas à leur domicile au moment de l’arrivée de policiers, et échappent ainsi à la vague d’interpellations.
Face au doute, la DRPJ de Corse a été écartée de l’affaire. Le juge d'instruction en charge des investigations a décidé, le 5 octobre, de confier l'enquête aux gendarmes de la section de recherche de l’île.
Climat tendu entre la justice et les services d'enquête
Cet épisode intervient dans un contexte de défiance important entre la justice et les services d’enquête.L’an passé, Franck Rastoul, alors procureur général, avait ainsi réclamé dans un courrier adressé à la direction des affaires criminelles et des grâces le départ du chef de police judiciaire, Christian Sivy. Ce dernier était en poste depuis 2014.
Des soupçons de porosité avec le banditisme dans plusieurs enquêtes menées par la police judiciaire avaient alors été relevés par le haut magistrat, de même qu’un "problème de relation de confiance avec les deux parquets du ressort".
Christian Sivy a depuis quitté ses fonctions en Corse. Depuis l'été 2020, il a rejoint la direction interrégionale de la PJ de Bordeaux.