L'association nationaliste, qui soutient les anciens prisonniers politiques, veut que les élus mettent à profit les négociations qui s'ouvrent avec le gouvernement pour obtenir l'inéligibilité des militants nationalistes au fichier de lutte contre le terrorisme.
"Nous sommes conscients que cette problématique n’est qu’un des nombreux éléments qui devront être traités dans les semaines et les mois à venir. Mais c’est un élément capital, dans sa symbolique et dans sa portée", écrit Aiutu Patriotticu dans son communiqué de presse.
le FIJAIT, ou fichier judiciaire national automatisé des auteurs d'infractions terroristes, fait régulièrement son apparition dans le débat dès lors qu'il est question des militants politiques corses qui ont eu affaire à la justice.
Mais l'association redoute que, dans le tourbillon des dernières semaines, et face à l'étendue du chantier qui s'ouvre le sujet soit oublié, lors des discussions qui débuteront, le 18 ou 19 mai prochains, entre la Corse et Paris.
Une mesure considérée comme injuste
Le FIJAIT, qu'est-ce que c'est ? Ce fichier a été créé en 2015, en réaction aux attentats djihadistes. Selon Paris, "il sert à empêcher le renouvellement d'actes de terrorisme et à faciliter l'identification des auteurs de ces infractions. Ce fichier recense les personnes de 13 ans ou plus condamnées ou mises en cause pour ces infractions. Ces personnes doivent se présenter tous les 3 mois aux autorités, justifier leur adresse et prévenir avant tout déplacement transfrontalier".
Patriotti, micca terroristi !
Aiutu Patriotticu
Plusieurs dizaines de militants corses, après avoir été condamnés, ou mis en examen par la justice dans des affaires considérées comme liées au terrorisme, y sont inscrits. La mesure, depuis des années, scandalise les nationalistes, qui refusent souvent de s'y plier, et réclament d'en être dispensés.
"Nous ne devons pas accepter que des militants politiques porteurs de revendications, héritiers d’une lutte de libération de 50 ans pour sa période contemporaine, soient soumis au même traitement que des assassins aveugles qui n’ont pas d’autres objectifs que de soumettre les consciences par la terreur et d’imposer au monde un modèle de pensée obscurantiste et barbare", rappelle Aiutu Patriotticu.
Pour l'association d'aide aux anciens prisonniers politiques, l'ouverture prochaine de négociations est l'occasion d'en finir avec le FIJAIT appliqué aux militants corses. Mais si les revendications insulaires en restent à l'amnistie pour les prisonniers insulaires, cela risquerait de rester à l'état d'occasion manquée.
"Si la revendication d’amnistie est un élément de la solution politique globale, il est important de comprendre que le FIJAIT, qui est une mesure administrative et non une peine, échappe totalement aux mesures d’amnistie et d’effacement du fichier judiciaire. Il est donc absolument nécessaire qu’il fasse l’objet d’une négociation spécifique."
Inéligibilité
En effet, rappelle Aiutu Patriotticu, le FIJAIT est rétroactif. "Les premiers patriotes corses qui y ont été inscrits l’ont d’ailleurs été pour des faits largement antérieurs à la loi, faits déjà jugés et pour lesquels les peines de prison avaient déjà été purgées.
Pour être clair, l’inscription est toujours possible si les faits remontent à moins de 20 ans, et le fichage est initié pour 20 ans à la date de notification".
Le risque, explique l'association c'est que, par exemple, quelqu'un de jugé en 2002 soit inscrit au FIJAIT en 2022. Conséquence, il devra pointer jusqu'en 2032, et sera fiché jusqu'en 2042. "Soit 40 ans après le premier jugement".
En clair, si, à Paris, lors des négociations, les élus et les représentants de l'île obtenaient la radiation des Corses du FIJAIT, rien "ne saurait garantir que d’autres ne le seront pas dans les années à venir au titre de condamnations remontant à 20 ans en arrière !"
Pour Aiutu Patriotticu, ce que la négociation doit permettre d'obtenir, c'est "l'inéligibilité des militants politiques corses à l'inscription au FIJAIT".