Conjointement organisé par l'Académie de Corse et le Medef, le concours "Clash tes stéréotypes" a été officiellement lancé mardi 12 octobre au lycée professionnel Jules Antonini d'Ajaccio. Des élèves de seconde et de première présenteront au printemps prochain un clip pour dénoncer certains clichés.
"À 20 ans, ma mère m'a dit tu seras hôtesse de l'air. J'ai répondu et pourquoi pas pilote ? Non, tu seras hôtesse de l'air. La raison c'est que j'étais une femme et que, par rapport à la génération de mes parents, je devais faire un "métier de femme"."
Aujourd'hui, Alexandra Gauthier dirige une entreprise de télécoms dans la région ajaccienne. À côté d'elle, Audrey Pieri est conducteur de travaux dans la même société. Elle exerce une profession "davantage masculine" et n'encadre que des hommes.
Devant les deux femmes, une vingtaine d'élèves de seconde et première des lycées Fesch et Jules Antonini d'Ajaccio. Si ces derniers les écoutent attentivement dérouler la longue liste de préjugés sexistes qu'elles ont pu entendre dans leur carrière, c'est parce qu'ils vont participer au concours "Clash tes stéréotypes".
Réalisation d'un clip
Co-organisé par l'Académie de Corse et le Medef de Corse, ce challenge a trois objectifs : dénoncer les clichés en tout genre, favoriser une prise de conscience chez les jeunes et les aider à faire fi des préjugés en lien avec le monde professionnel.
Par petits groupes, les élèves réaliseront un clip illustrant une dénonciation des stéréotypes. "Le sujet pourra être traité de manière humoristique, dramatique ou neutre", indique l'Académie de Corse.
"Les thématiques sont également variées, souligne Jeanne Salvador Battini, qui enseigne l'architecture au lycée professionnel des Salines. Je pense d'ailleurs que, naturellement, ils vont se diriger vers d'autres sujets que celui du genré."
Beaucoup d'interrogations
Chez les élèves, après un petit round d'observation, le débat s'installe. Matteo n'est pas d'accord avec l'un de ses camarades sur sa vision de la place de l'homme et de la femme : "Je pense qu'une personne peut faire le métier qu'elle veut même s'il est principalement féminin ou masculin. Personnellement, j'ai eu la chance d'être élevé dans une famille qui m'a toujours dit que je pouvais être ce que je voulais et faire ce que je voulais. J'en suis très fier et je souhaiterais partager ça avec tout le monde."
"Est-ce plus difficile pour un homme ou une femme d'exercer certains métiers ?" La question fait réagir les élèves. "Ça dépend, répond Morane. Par exemple, pour une femme, c'est plus compliqué si elle rentre dans un métier où il n'y a presque que des hommes. Il faut travailler deux fois plus pour prouver qu’on est capable de le faire. Cela va être pareil pour un homme qui veut exercer une profession considérée comme plus féminine."
Juste à côté, Laura, qui souhaiterait devenir hôtesse de l’air, se demande si "un garçon qui voudrait être steward ne sera pas jugé car, pour certaines personnes, c’est un métier de femme."
Lisandrina s’interroge quant à elle sur sa capacité future à gérer une entreprise. "Je me pose souvent la question de savoir si je réussirai à le faire", confie-t-elle, pensive.
"Ils sont beaucoup dans la macagna"
Côté enseignants, on observe les élèves échanger et avancer leurs arguments. "En général, quand ils s'interpellent au lycée, cela va être plus sur des caractéristiques physiques ou des origines, note Jeanne Salvador Battini, qui les accompagne dans ce projet avec sa collègue Aurore Provost, professeure de lettres-histoire. Après, ils sont aussi beaucoup dans la macagna et on ne sait pas toujours jusqu'où ça va."
Cela fait 16 ans que je suis personnel de direction et je vois une évolution.
"Les établissements scolaires ne sont pas des lieux étanches et donc, ce qui se passe à l'extérieur, avec le mouvement de l'égalité, on le ressent aussi à l'intérieur, souligne Pierre Albertini, proviseur du lycée Jules Antonini. Par conséquent, à chaque fois qu'on mène une action, on travaille pour oeuvrer à l'égalité homme-femme. Cela fait 16 ans que je suis personnel de direction et je vois une évolution. Je pense que le rôle de l'Éducation nationale est de renforcer des actions et de les accompagner car on forme des citoyens et des citoyennes avec cet objectif-là."
Reste désormais aux élèves à rivaliser d'imagination pour réaliser leur clip. Celui-ci sera ensuite évalué par un jury composé de représentants du monde de l’entreprise, de l’éducation, des médias et du secteur artistique.
La remise des prix du concours est prévue en avril prochain.