Annonces de Jean-Michel Blanquer : entre "écoute et attente" pour les organisations corses

À la suite de la grève des enseignants, le ministre de l’Éducation nationale a annoncé plusieurs mesures, dont la distribution des masques FFP2 et le renforcement des effectifs. Dans l'île, responsables syndicaux et associations de parents d'élèves ne sont pas complètement rassurés.

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"Era ora !" Pour Antoine Pedinielli, secrétaire départemental SE-Unsa, les annonces de Jean-Michel Blanquer montrent qu'"après des mois de revendication et une grève très massive, l'exécutif a été contraint d'écouter son personnel et d'apporter des réponses. Maintenant, ajoute le syndicaliste insulaire, il faudra que cela se concrétise sur le terrain. Elle est là l'attente." 

"Il y a de petites avancées mais ce n’est pas grand-chose pour une si belle journée d’action, estime de son côté Fabien Mineo, secrétaire général du Snuipp-FSU de Haute-Corse. On en a un peu ras-le-bol d’entendre des annonces et de ne rien voir venir." 

8.000 personnes en renfort

Jeudi soir, à la suite de la forte mobilisation des enseignants, le ministre de l'Éducation nationale a fait plusieurs annonces.

Au sortir d'une longue réunion avec les organisations syndicales, le Premier ministre et le ministre de la Santé, Jean-Michel Blanquer a notamment affirmé que "5 millions de masques FFP2 seront diffusés dans le système scolaire pour répondre aux besoins".

L'autre annonce majeure concerne le déploiement d’effectifs supplémentaires dans les établissements scolaires, où l’on compte de nombreux enseignants absents en raison de l’épidémie. 3 300 contractuels vont être recrutés prochainement. "Nous allons avoir recours à des listes complémentaires dans le premier degré, a expliqué Jean-Michel Blanquer au micro de France Info, ce vendredi matin. Cela concerne plusieurs centaines de personnes."

Dans le second degré, 1 500 assistants d’éducation (surveillants) seront également recrutés jusqu’à la fin de l’année. "C’est très important parce que beaucoup de personnes sur le terrain et les organisations nous signalent que la vie scolaire est perturbée", a confié le ministre à ce même micro. À cela s’ajoutent 1 500 vacataires administratifs et 1.700 médiateurs lutte anti-coronavirus, notamment chargés des tests salivaires.

Au total, ce sont 8 000 renforts qui seront déployés dès la semaine prochaine.

Protocole sanitaire inchangé

Au niveau national, pour la plupart des syndicats, ces annonces montrent "que le dialogue est renoué et que la forte mobilisation a donné des résultats". Néanmoins, la prudence demeure. D’autant plus que le ministre de l’Éducation nationale n’a pas modifié le protocole sanitaire, principale revendication des organisations.

"Ça nous chagrine un peu, reconnaît Antoine Pedinielli du SE-Unsa. Le protocole est toujours très compliqué à appliquer. Ces 3 tests successifs sont pour les parents d’élèves et leurs enfants des contraintes lourdes et difficiles. De plus, nous ne sommes pas persuadés que les autotests soient disponibles en pharmacie. On est quand même dans des réalisations qui restent encore compliquées."

"Pour moi, poursuit Fabien Mineo, du Snuipp-FSU de Haute-Corse, il fallait revenir au protocole sanitaire tel qu’il était avant : au premier cas de covid, on ferme la classe. Ce qui ne veut pas dire que les cours s'arrêtent. Mais là, ce protocole est vraiment compliqué."

Même son de cloche du côté de certains représentants des parents d'élèves : "Certaines mesures vont dans le bon sens, comme celle sur le recrutement, note Denis Luciani, président de l'Associu di i parenti corsi (APC). Après, le compte n’y est pas sur le point essentiel du protocole qui demeure inchangé. Il est en grande partie responsable du ras-le-bol qu’il y a aujourd’hui. On ne peut pas continuer sur ce tempo-là dans les écoles. Soit on revient à l’ancien protocole, soit on l'allège complètement si les scientifiques estiment que le virus est moins dangereux. Actuellement, il y a une telle circulation du virus dans les écoles que ça ne rime à rien de garder ce protocole qui est inefficace et inopérant."

"Ça peut paraître cohérent de fermer une classe une semaine, à condition que l'on puisse véritablement mettre en place un suivi pédagogique entre l'enseignant, s'il n'est pas malade, et les élèves à la maison", confie de son côté Claude Perrin, président de la fédération de parents d'élèves FCPE Corse-du-Sud.

Ce dernier est en revanche plus dubitatif sur le renforcement des effectifs : "Je prends l'exemple de ma fille dont le professeur, absent, n'a pas été remplacé cette semaine. J'ai même appelé l'inspection académique pour en savoir plus. Rien n'a changé. C'est pour ça que je suis un peu sceptique. 8 000 personnes supplémentaires, ce n'est pas grand-chose au niveau national.

"On aurait pu anticiper"

Concernant la demande de purificateurs d’air, le ministre a rappelé que l’État mettra à disposition des collectivités locales (en charge des établissements scolaires) un fonds de 20 millions d’euros pour les installer.

"20 millions d’euros, c’est "peanuts", réagit Fabien Mineo. Les écoles gérées par des communes riches pourront installer des purificateurs, celles gérées par des communes avec moins d’argent, non. Cela va créer une école à deux vitesses."

On a l’impression que c’est encore pire qu’il y a un an et demi.

Malgré les annonces du ministre - qui a également repoussé les évaluations en CP -, le sentiment de lassitude du corps enseignant, après 22 mois de crise sanitaire, ne semble pas s’estomper. "On ne fait plus d’enseignement mais de la garderie, confie une institutrice du sud de l’île. On a du mal à assurer un véritable suivi pédagogique aux élèves, eux aussi éprouvés par cette situation. On a l’impression que c’est encore pire qu’il y a un an et demi.

"On savait dès le mois d'octobre que la crise arrivait, souligne Antoine Pedinielli. On aurait pu anticiper et mettre en place des moyens de remplacement plus importants et faire appel à d’autres contractuels et aux listes complémentaires. On l’avait demandé depuis longtemps avec le SE-Unsa. Ça n’a jamais abouti. Néanmoins, il semble que la mesure de la gravité de la situation soit prise en compte.  Era ora..."

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