Ce jeudi, des élus insulaires et des représentants des associations de prisonniers se sont rendus à l'Assemblée nationale pour sensibiliser les députés sur le retour en Corse des trois détenus. Dans le même temps, un accord aurait été trouvé avec l'État concernant le dossier de la Corsica Ferries.
Depuis ce jeudi matin, élus et parlementaires insulaires et représentants des associations des prisonniers corses sont reçus à l’Assemblée nationale par les présidents des différents groupes.
La venue au Palais Bourbon de cette délégation emmenée par Gilles Simeoni et Marie-Antoinette Maupertuis a un objectif principal : plaider la cause auprès des députés du rapprochement de Pierre Alessandri, Alain Ferrandi et Yvan Colonna, incarcérés sur le continent pour l’assassinat du préfet Erignac. Le cas de ces trois détenus, dont le statut de DPS (Détenu particulièrement signalé) fait obstacle à leur incarcération dans l'île, constitue l'un des points de tension entre la majorité nationaliste et Paris.
Pour rappel, fin octobre, l'Assemblée de Corse avait voté à l'unanimité une résolution solennelle en faveur de leur transfèrement vers le centre pénitentiaire de Borgo.
À l’exception du groupe Un soffiu Novu et de son président Laurent Marcangeli (absent pour une raison de planning), tous les présidents de groupe de l’Assemblée de Corse ont fait le déplacement ce jeudi à Paris : Jean Biancucci (Fà populu inseme), Jean-Christophe Angelini (Avanzemu) et Paul-Félix Benedetti (Core in Fronte). Apparentée Avanzemu, l'élue Corsica Libera Josepha Giacometti-Piredda est également présente.
Tous les parlementaires nationalistes sont eux aussi assis à la table des discussions : le sénateur Paulu Santu Parigi, les députés Jean-Félix Acquaviva et Michel Castellani pour Femu, Paul-André Colombani pour le PNC.
À droite, le député Jean-Jacques Ferrara est arrivé en milieu de matinée. En revanche, le sénateur Jean-Jacques Panunzi n'est pas là. Une absence qui, selon nos informations, "n'est pas due à un désaccord politique".
Réunies sous la bannière Unità strategica, les cinq associations de défense des prisonniers sont toutes représentées. Jean-Philippe Antolini, porte-parole du collectif, Patrice Murati, Thierry Casanova, Simon'Paulu Ferrandi et Thierry Casolasco sont eux aussi montés à Paris.
LREM représenté par le député Bruno Questel
D'abord engagées par le président de l’exécutif Gilles Simeoni, ces discussions se poursuivent ensuite librement avec les parlementaires. D'une durée d'environ 45 minutes chacune, elles ne concernent uniquement que le sujet des prisonniers.
Ce matin, les élus corses se sont notamment entretenus avec des représentants de la gauche et de l’UDI, ainsi qu’avec ceux du groupe LREM. Une entrevue ô combien attendue avec le groupe majoritaire dans l’hémicycle mais à laquelle son président, Christophe Castaner, n’a pas participé.
L’ex-ministre de l’Intérieur, proche du président Emmanuel Macron, a été suppléé par le député de l’Eure Bruno Questel. Originaire de l’île, ce dernier est un spécialiste des questions carcérales et s’est déjà prononcé en faveur du rapprochement des membres du commando Erignac en Corse.
Selon nos informations, ces différents échanges de la matinée auraient été "tous positifs".
Toujours à l'Assemblée cet après-midi
Après le déjeuner, les élus insulaires devaient initialement se rendre au Sénat. Mais le programme a changé. Aucune séance n'étant prévue au Palais du Luxembourg ce jeudi, très peu de sénateurs étaient donc présents sur place. Un nouveau rendez-vous pourrait être fixé prochainement avec les parlementaires de la chambre haute.
En attendant, les discussions se poursuivent cet après-midi à l'Assemblée nationale. Élus corses et représentants d'Unità strategica doivent notamment s'entretenir avec les députés socialistes et ceux de la France insoumise.
Dossier Corsica Ferries : un accord trouvé ?
En marge de ces discussions sur les prisonniers, un autre sujet sensible est également d'actualité : il concerne l’indemnité due par la Collectivité de Corse à la Corsica Ferries.
Lui aussi à l’origine d’un bras de fer entre la majorité territoriale et l’État, cet épineux dossier pourrait peut-être connaître son épilogue. En coulisses, des discussions entre l’exécutif et le gouvernement auraient permis d’aboutir à un accord : l’Etat règlerait la majorité des 94 millions d’euros dus à la compagnie maritime aux bateaux jaunes. De son côté, la CdC prendrait à sa charge le reste à payer via un étalement sur plusieurs années. Celle-ci avait d'ailleurs déjà provisionné 20 millions d'euros.
Du côté des élus insulaires, la prudence reste de mise tant que cette somme n’est pas inscrite au projet de loi de finances pour 2022. Le timing est d'ailleurs très serré, ledit projet de loi devant passer en nouvelle lecture ce vendredi 10 décembre à l’Assemblée nationale.
Sottu voce, on évoque également des discussions, ce vendredi, entre le président de l'Exécutif et le gouvernement sur la question politique corse.