Les élus corses se rendront-ils à l'invitation lancée pour le 26 février prochain par Gérald Darmanin ? En annonçant qu'il allait proposer un texte sur l'autonomie, le ministre de l'Intérieur a semé le trouble quant au respect de la méthode qui avait prévalu jusqu’ici, celle de laisser les élus trouver ensemble un consensus.
Le communiqué a été rendu public lundi 19 février. Paul-Félix Benedetti ne sait pas encore s’il participera au repas place Beauvau le 26 février prochain, pour rencontrer Gérald Darmanin.
Invité par le ministre de l’Intérieur, le leader de Core in Fronte se montre très critique sur la suite des discussions, notamment après la dernière interview de Gérald Darmanin donnée à Corse Matin. « L’interview de Gérald Darmanin la semaine dernière est cavalière, inappropriée voire désobligeante. Lorsqu’on a des choses à dire on se comporte en homme politique et pas troubadour, qui arrangue et qui donne des invectives. […] Il y a eu une délibération majoritaire le 5 juillet, pour un Titre et l’autonomie de la Corse et on nous demande de chercher un accord avec des forces rétrogrades, c’est impossible et c’est demander un accord pour rien », écrit-il.
L’élu indépendantiste revient donc de manière ferme sur le propos du ministre, qui indique reprendre la main sur le processus de Beauvau en proposant sa propre version d’une écriture constitutionnelle.
« L’objectif est de nous entraîner là où il ne fallait pas aller »
Plus tranchée, Josepha Giacometti, conseillère territoriale Nazione, ne prendra pas part à la réunion. Pour elle, il s’agit d’un piège. « Je disais l’autre jour que c’est un piège qui se referme et que donc je ne pouvais aujourd’hui participer à quelque chose qui effectivement a pour objectif de nous entrainer bien là où il ne fallait pas aller, à marche forcée, je le répète, dans un consensus mou, au plus petit dénominateur commun aujourd’hui. En revanche je crois qu’il est urgent de dessiner, de jeter les bases, d’une véritable solution politique et de ne plus faire illusion », estime-t-elle.
Ce piège, Jean-Christophe Angelini veut justement l’éviter en se rendant à Beauvau. Il appelle donc à l’unité. « Je pense que si on tient bon ensemble, on peut y arriver. On ne va pas être d’accord sur tout, le PNC lui-même n’est pas aligné sur la position de la majorité territoriale, c’est un euphémisme, ou sur celle de la droite à plus forte raison. Il a une voix singulière, une originalité, mais nous disons que le temps est venu non pas de nous taire ou de les occulter, mais de faire prévaloir ce qui nous est commun, plutôt que ce qui nous divise », soutient-il.
« Nous ne serons pas d’accord et il faut l’assumer »
Mais à droite, cette unité paraît inatteignable. Valérie Bozzi a encore espoir que les élus insulaires tombent d’accord sur une écriture constitutionnelle. Problème, un accord en famille avec Jean-Martin Mondoloni n’a toujours pas été trouvé au niveau du pouvoir législatif.
« Le pouvoir législatif contrôlé ça me semble être un pas vers lequel on peut aller. Les élus nationalistes ayant fait des pas pour enlever ce qui pouvait poser problème dans le cadre de la Corse dans la Constitution. Je crois que c’est important de faire cette avancée là pour ne pas dire qu’on a passé tout ce temps à travailler pour au final de rien avoir », estime la co-présidente du groupe Un Soffiu novu. « Si on est sur un accord de portée générale, nous avons la responsabilité de nous entendre. Dès lors qu’il sera question de rentrer dans des détails, déclinaisons, qui sont l’expression d’une saine démocratie nous ne serons pas d’accord et il faut l’assumer », continue le co-président du même groupe.
Enfin, du côté de la majorité territoriale et de l’exécutif, la décision ne semble pas encore arrêtée. De l’avis de l’entourage de Gilles Simeoni, président du conseil exécutif de Corse, la tendance serait plutôt à la participation au repas, mais le format fait débat.
« L'interview de Gérald Darmanin a été un petit tremblement de terre »
Dans le plateau du Corsica Sera, ce mardi 20 février, la présidente de l'Assemblée de Corse, Marie-Antoinette Maupertuis, a quant à elle indiqué qu'elle n'avait pas été conviée au dîner. Selon elle, "cette interview a été un petit tremblement de terre qui est venu percuté de plein fouet le rythme de travail que nous avons au sein de la conférence de présidents de puis plusieurs mois." Ainsi, même si elle était invitée dans le prochains jours, sa présente ne serait pas assurée.
L'interview de Marie-Antoinette Maupertuis :
Femu a Corsica devrait tenir, mercredi, une conférence de presse à Bastia sans doute pour clarifier sa position. Mais cette dernière interviendra après l’ultime conférence des présidents à l’Assemblée de Corse prévu mercredi après-midi qui verra ou non les élus trouver un premier consensus.