Un rassemblement de soutien à Joseph Colombani s'est tenu devant le Palais de justice de Bastia, ce mercredi. Le cortège, composé d'une centaine d'agriculteurs, s'est ensuite rendu au commissariat. Des barrages filtrants sont prévus jeudi matin à Sagone, Ajaccio, Propriano et Porto-Vecchio.
Joseph Colombani est ressorti libre du commissariat de Bastia après 7 heures d'audition ce mercredi. Mais le président de la chambre d'agriculture de Haute-Corse comparaîtra le 3 décembre prochain devant le tribunal correctionnel de Bastia.
"L'injustice c'est ce qu'on dénonce depuis un an et demi, explique Stéphane Paquet, président de la Chambre d'Agriculture de la Corse-du-Sud. C'est-à-dire qu'aujourd'hui un travail a été fait en 2015 avec la reconnaissance de nos parcours pastoraux par rapport au référentiel qu'on avait mis en place. Il a été acté au niveau de Paris et de la Corse entière. Derrière ce référentiel qui a été mis en place, on a eu des contrôles et tout se passait bien jusqu'à ce que l'Etat change les règles en cours de jeu."
Des actions mercredi en Haute-Corse
Une centaine d'éleveurs et d'agriculteurs se sont rassemblés devant le Palais de Justice de Bastia mercredi matin pour le soutenir. Parmi eux, Lionel Mortini, président de l'office du développement agricole et rural de la Corse (ORDAC), et Jean-Guy Talamoni, président de l'Assemblée de Corse.Le cortège s'est ensuite déplacé vers le commissariat de Bastia, où Joseph Colombani était entendu comme témoin avec un autre agriculteur à la suite du saccage du bureau du directeur de la DDTM.
En fin de journée mercredi, on a appris qu'une réunion aurait lieu mardi prochain au ministère de l'Agriculture entre les services de l'Etat, les élus de la Collectivité de Corse et les représentants des syndicats agricoles insulaires pour trouver une sortie de crise.
Des premières échauffourées ont éclaté peu avant 13h entre les manifestants et les CRS, nombreux sur les lieux. Après la mise à feu de plusieurs poubelles et des jets de pierre, les forces de l'ordre ont tiré des grenades lacrymogènes sur le rassemblement.
La route menant au port de Bastia était bloquée.
Pour rappel des faits, lundi, Joseph Colombani, accompagné d'un agriculteur de la FDSEA, a saccagé le bureau du directeur de la direction des territoires et de la mer de Haute-Corse. Le préfet de Haute-Corse a déposé plainte, et une enquête de flagrance a été ouverte pour dégradation de biens publics. Le Président de la Chambre d'agriculture de Haute-Corse encourt jusqu'à 2 ans de prison et 30.000 euros d'amende.
Si Joseph Colombani reconnaît avoir commis un geste "grave", et assure qu'il ne demandera "pas de faveurs" et compter assumer ses "responsabilités", il enjoignait hier "les politiques et l'administration" à en faire de même. "Moi quand il y a de la détresse, je ne vais pas tourner les yeux. Il y a des gens qui sont dans des situations catastrophiques."
Convoqué ce matin au tribunal de Bastia, le président de la chambre d'agriculture de Haute-Corse a rejoint le rassemblement à 9h, avant de pénétrer dans le bureau de la procureure, accompagné de l'agriculteur également mis en cause dans cette affaire et de leurs avocats. A la sortie de leur audition, les deux hommes ont été exfiltrés du Palais de justice, et transférés à l'Hôtel de police.
Fortes tensions
Ce rassemblement fait suite à plusieurs jours de fortes tensions dans le milieu agricole corse. Les syndicats dénoncent les contrôles "massifs" menés dans l'île.
Ainsi, sur les 2150 déclarants corses, 850 ont été visés par des contrôles visant à vérifier la légitimité des surfaces agricoles déclarées. 493 de ces contrôles ont été réalisés par photo-interprétation, un nouveau système de vue aérienne. Et c'est en majeure partie sur ces contrôles-là que des "anomalies" ont été relevées : 373 surfaces au total.
Problème, durant ces contrôles, le versement de certaines primes - telles que l'indemnité compensatoire de handicap naturel et le droit au paiement de base - est bloqué. Une situation qui mettrait en péril le devenir financier de certaines exploitations assurent les syndicats agricoles.