Joseph Colombani, Président de la Chambre d’agriculture de Haute-Corse, accompagné d’un agriculteur de la FDSEA ont saccagé le bureau du directeur de la direction des territoires et de la mer ce lundi matin. Ils protestent contre les contrôles de surface menés à la demande de l'Europe.
Joseph Colombani, Président de la Chambre d’agriculture de Haute-Corse, accompagné d’un autre agriculteur de la FDSEA ont fait irruption ce lundi matin dans le bureau du Directeur départemental des territoires et de la mer (DDTM) de la Haute-Corse, a confirmé la Préfecture de Haute-Corse.Action coup de poing à la DDTM : la préfecture accuse Joseph Colombani, Président de la chambre d'agriculture de Haute-Corse https://t.co/1m3b44bUVg pic.twitter.com/3dGXe7PYe5
— France 3 Corse (@FTViaStella) October 21, 2019
"Après un bref échange verbal, M. Joseph Colombani s’est emparé d’un extincteur pour commettre des dégradations sur le mobilier se trouvant dans le bureau du directeur. Deux tables de bureau, deux fauteuils, un téléphone et un ordinateur ont été détruits", précise la Préfecture dans un communiqué. Une plainte a été déposée par le directeur de cabinet du préfet de la Haute-Corse.Une enquête de flagrance est ouverte pour "dégradation de biens publics", elle a été confiée à la DDSP de Bastia.
Sur Twitter, Jean-Guy Talamoni, Président de l'Assemblée de Corse, a apporté son soutien aux agriculteurs et à Joseph Colombani.
Sulidarità incù l’agricultori corsi. Sustegnu fraternu à Ghjiseppu Colombani !
— Jean-Guy Talamoni (@JeanGuyTalamoni) October 21, 2019
Une plainte déposée
Le directeur de la DDTM et le Préfet ont décidé de porter plainte.En soutien à l'action menée dans les locaux de la DDTM, plusieurs dizaines d'agriculteurs se sont réunis au rond-point de Casamozza, sur la communee de Lucciana en début d'après-midi. A l'appel de la FDSEA et des jeunes agriculteurs indépendants ils ont établi un barrage filtrant.
Ces action interviennent dans une climat de fortes tensions pour les agriculteurs corses.
L'élimination des #surfacespastorales, un élevage de #montagne stigmatisé, un taux de contrôle 4 fois supérieur au national, des trésoreries exsangues, un premier pilier de la #PAC menacé, c'est l'#agriculture #corse qui vacille, l'#economie régionale ne sera pas épargnée. pic.twitter.com/5RYF7U2msu
— FDSEA2B (@fdsea2b) October 21, 2019
La semaine dernière, déjà, des membres du syndicat Mossa Paisana avaient occupé les bureaux de la DDTM à Ajaccio. Ils dénoncaient des contrôles "massifs" menés sur les exploitations insulaires par les agents de l'Etat.
La chambre d'Agriculture de Haute-Corse a réagi ce lundi après-midi dans un communiqué et déclaré comprendre "le désespoir des agriculteurs". Elle demande la mise en place d'une cellule de crise tripartite (Collectivité de Corse- Syndicats- Etat) "dans les plus brefs délais". Le communiqué ne cite pas le nom ou la responsabilité du président de la chambre d'agriculture, Joseph Colombani, dans les événements survenus à la DDTM.
COMMUNIQUE DE LA CHAMBRE D’AGRICULTURE DE HAUTE-CORSE
"Cette situation de désespoir pouvant porter atteinte à l’intégrité physique des agriculteurs eux même comme des contrôleurs, la Chambre d’Agriculture demande à sursoir aux contrôles tant que cette cellule de crise ne se sera pas réunie", précise le communiqué.
Contrôles "massifs"
Ainsi, sur les 2150 déclarants corses, 850 ont été visés par des contrôles visant à vérifier la légitimité des surfaces agricoles déclarées.
493 de ces contrôles ont été réalisés par photo-interprétation, un nouveau système de vue aérienne. Et c'est en majeure partie sur ces contrôles-là que des "anomalies" ont été relevées : 373 surfaces au total.
Sabine Hofferer, directrice régionale de l'alimentation, l'agriculture et de la forêt (Draaf), relevait ainsi que "des surfaces déclarées excessives" avaient été recensées, ainsi que des problèmes sur le pourcentage sur le pourcentage de terrain proprice au pâturage.
"Si vous déclarez dix hectares en montagne et qu'il y a deux hectares de cailloux où rien ne pousse, ça n'est pas éligible [comme pâturage]. Et si une route goudronnée traverse une parcelle, elle doit être exclue du calcul de surface", expliquait-elle.
Problème, durant ces contrôles, le versement de certaines primes - telles que l'indemnité compensatoire de handicap naturel et le droit au paiement de base - est bloqué. Au risque de mettre en péril l'équilibre financier de certaines exploitations, assurait le 17 octobre dernier le syndicat Mossa Paisana.