Le mouvement social qui touche la Corse a été initié après que l'État a évoqué des faiblesses juridiques concernant la création d'un syndicat mixte ouvert (SMO) pour gérer les ports et les aéroports de l'île à partir du 1er janvier 2025. Selon les parties, les interprétations autour de ce syndicat mixte divergent. Depuis jeudi soir, les premières discussions ont commencé entre l'exécutif insulaire, le préfet et le gouvernement.
Désormais en charge du dossier corse, Catherine Vautrin, ministre du Partenariat avec les territoires et de la Décentralisation, a entamé des discussions, dans la soirée du jeudi 3 octobre, avec Gilles Simeoni.
Le président de l'exécutif avait d'abord pu s'entretenir par téléphone avec le préfet de région, Amaury de Saint-Quentin. Ses exigences sont claires :
"J'attends une clarification écrite au niveau du gouvernement et que les engagements qui ont été pris entre la Collectivité de Corse et la Chambre de commerce et d’industrie, en présence et avec l’accord des membres du gouvernement, soient respectés", a déclaré Gilles Simeoni hier soir.
Syndicat mixte ouvert
Jeudi matin, l'assemblée générale de la Chambre de commerce s'annonçait comme une simple réunion pour acter la création d'un syndicat mixte ouvert. Le SMO se présente comme la structure chargée de gérer les ports et aéroports de l'île à partir du 1er janvier 2025, dans la continuité de ce qui se fait aujourd'hui.
Présenté comme une "quasi-régie", il est destiné à permettre le maintien d'une gestion publique des structures afin d'éviter, selon l'exécutif insulaire, une ouverture à la concurrence privée et extérieure.
Cependant, hier, Patrick Patrou, Secrétaire général pour les affaires de la Corse (Sgac) qui représentait l'État devant l'assemblée générale, a évoqué des faiblesses juridiques. En ajoutant qu'il serait préférable de passer par un appel d'offres, le clash a éclaté. En colère, Gilles Simeoni a quitté la salle.
Jeudi soir, le préfet de Corse a voulu calmer la situation.
"Dans les statuts du SMO qui est mis en place, il est prévu non pas une gestion directe des ports et des aéroports de Corse par le SMO, mais une subdélégation à la Chambre de commerce et d'industrie, explique Amaury de Saint-Quentin. Ce que nous avons dit, c’est "faites attention, il y a potentiellement un risque juridique". Ce qu'il faudrait faire en fait, c'est un SMO il était donc prévu initialement, Chambre de commerce et d'industrie et Collectivité de Corse, avec une gestion directe des aéroports et des ports de Corse en reprenant les effectifs de la Chambre de commerce et d'industrie."
U riportu di Dominique Moret :
Selon nos informations, pour parvenir à la création d'un SMO qui intégrerait les employés de l'actuelle Chambre de commerce, il faudrait plusieurs agréments ; ce qui prendrait un certain temps.
Or, le délai reste court. En effet, les concessions pour les quatre aéroports de l'île se terminent le 31 décembre prochain. La question a été abordée vendredi 27 septembre dans l'hémicycle de l'Assemblée de Corse. L'opposition avait demandé à l'exécutif pourquoi il avait tant attendu.
Christelle Combette, du groupe de droite "Un soffiu novu", s'était adressée à Gilles Simeoni :
"Pour nous, Monsieur le président, ce sera oui au SMO mais nous regrettons tout de même, encore une fois, votre procrastination."
Loi PACTE
Si la Collectivité de Corse a attendu d'être au pied du mur pour prendre une décision, l'État a également pris son temps.
Car c'est depuis la loi PACTE de 2019 que l'on parle d'une loi pour lier les Chambres de commerce à la Collectivité de Corse. Pour l'heure, ce n'est toujours pas le cas.
Ce vendredi, certains politiques ont pris la parole.
Sur le réseau social X, le député Laurent Marcangeli écrit qu'il "comprend parfaitement l'émotion" mais que la "première des urgences est de débloquer l'île et de se remettre autour d'une table pour discuter".