Le Premier ministre a brièvement évoqué le cas de la Corse lors de son discours de politique générale face à l'Assemblée nationale, et une reprise du dialogue avec les élus. Pour les députés insulaires, c'est un signal positif, mais les députés nationalistes regrettent que les modalités restent floues.
C'était, vu de l'île, l'une des grandes interrogations que suscitait la perspective du discours de politique générale de Michel Barnier : la question de l'autonomie de la Corse, au point mort depuis la dissolution, allait-elle être abordée ?
Alors que le Premier ministre abordait la question de la décentralisation, ce fut le cas :
"Quarante ans après les grandes lois de décentralisation, il nous faut bâtir un nouveau contrat de responsabilité entre les collectivités locales et l'Etat. Nous respecterons les compétences de ces collectivités et regarderons les possibilités de les augmenter et de les renforcer. C'est dans cet esprit en particulier que le ministre du partenariat avec les territoires et la décentralisation reprendra le dialogue avec les élus et les responsables socio-économiques, notamment de la Collectivité de Corse".
"Après les paroles, on attend des actes"
Cette mention de la reprise d'un dialogue, qui se nouera vraisemblablement avec Catherine Vautrin, est un signal positif envoyé par Paris, mais les députés insulaires attendaient plus.
Sans surprise, alors que Michel Barnier a balayé, en un peu plus d'une heure, un nombre important de chantiers parmi ceux qui l'attendent sur le bureau de Matignon, le Premier ministre n'a pas évoqué les détails du processus d'autonomie qui avait lié Paris et la Corse durant de long mois. Le terme lui-même n'a pas été prononcé.
Pour Michel Castellani, certes, "l'essentiel est que la porte soit entrouverte, et que la Collectivité de Corse soit mentionnée. Mais il faut qu'on sache où l'on va. Les modalités pratiques restent floues. Ici, à Paris, les choses ont profondément changé, et personne ne peut dire comment ça va se passer. Si j'ai une ouverture, je poserai la question dès la semaine prochaine, afin d'obtenir une réponse officielle".
Même son de cloche du côté de l'autre député nationaliste, Paul-André Colombani : "On reste un peu sur notre faim. Cette mention de la Corse veut tout dire et rien dire. Sur la Nouvelle-Calédonie, par exemple, il a été beaucoup plus loin dans ses propos. Reste donc à attendre les premières rencontres avec Madame Vautrin. Après les paroles, on attend des actes. Il faut se mettre en capacité de convoquer un congrès. Est-ce que le gouvernement en a la volonté ? Ce soir, pour ma part, je ne sais pas répondre".
"Symbole"
Pour François-Xavier Ceccoli, membre de la majorité, la brièveté de l'évocation n'est "pas une surprise". "Il l'a évoqué dans le sens du symbole. Manière de dire qu'il avait entendu le message du peuple lui aussi, et qu'il continuait dans le sens du processus Beauvau. Mais il n'est pas rentré dans les détails, c'est vrai..."
Laurent Marcangeli, lui, s'est exprimé à la tribune, en tant que président du groupe Horizons. Il y a cité à son tour la Corse, se félicitant que le Premier ministre ait évoqué l'île au cours de sa prise de parole.
Il a accordé un entretien à Paul Salort à la sortie de l'hémicycle :
Enfin, la Corse a été évoquée, une dernière fois, lors des prises de parole des présidents de groupe, par Stéphane Lenormand, au nom du groupe Liot : "La Corse est dans l'expectative. Un processus, dit de Beauvau, a été engagé sous la précédente législature. Le groupe Liot estime fondamentalement qu'il doit y avoir la reprise de ce processus, qui est une attente majeure, longuement exprimée par le peuple corse et ses élus".