"C'est une destination agréable toute l'année, pas seulement l'été", ces touristes qui viennent découvrir la Corse en novembre

Après une saison estivale en demi-teinte, les professionnels du tourisme misaient beaucoup sur cette arrière-saison. Mais si pour ces vacances de la Toussaint, les avions et bateaux affichent presque complets, cet afflux touristique ne se retrouverait pas dans tous les établissements hôteliers de l'île, avec pour certains, des chutes importantes de leurs réservations.

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Sac à dos sur les épaules et chaussures de marche aux pieds, ces quatre touristes italiens inspectent minutieusement leur guide de voyage.

Débarqués ce mercredi 1er novembre à Bastia, ils s'apprêtent à entamer cinq jours de randonnée jusqu'à Macinaggio, sans valises et sans voiture, pour profiter autant que possible des paysages du Cap Corse. "C'est notre première fois ici, on cherchait un endroit où partir, quelque chose que nous n'avions pas encore fait avant, et on s'est dit : pourquoi pas la Corse ?"

Premier voyage sur l'île aussi pour Romina et Harold, un couple d'Allemands. Tout juste sortis du ferry, ils révisent leur parcours de visite, planifiée sur 16 jours, au volant de leur camping-car. "On a prévu de rouler d'un bout à l'autre, en s'arrêtant dans plusieurs villes pour en profiter, et en alternant avec des randonnées à pied, aussi", détaillent-ils. "L'année dernière, nous étions partis en Sardaigne. Et comme nous aimons beaucoup les îles, nous avons décidé que c'était le bon moment pour la Corse."

La saison estivale est bien passée, mais en ce début de mois de novembre et au plein cœur des vacances de la Toussaint, les touristes sont encore un certain nombre à faire le déplacement pour découvrir - ou redécouvrir - l'île de beauté.

"Ce que j'aime ici, ce sont les gens, les plages, la nourriture... Et le fait aussi qu'il n'y ait pas trop de monde"

"En été, c'est trop cher pour nous, indique Nora, 32 ans. On est une famille de quatre personnes, mon mari et mes deux enfants, alors rien que le prix du billet de ferry au mois d'août ou de juillet, c'est hors budget. Mais on a trouvé des offres intéressantes pour cette semaine en nous y prenant assez tôt, en mars dernier. On adore la Corse et sa nature, alors on a sauté sur l'occasion."

La trentenaire l'admet : "C'est sûr qu'on perd la possibilité de se baigner en mer. Mais l'avantage, plaisante-t-elle, c'est qu'on a aussi moins de risque de coup de soleil ! Et puis il fait toujours très bon... On espère juste qu'il ne pleuvra pas trop."

Liv Hjelbrekke, Norvégienne, ne s'y trompe pas non plus : "La Corse c'est une destination très agréable toute l'année, pas seulement en été." Arrivée ce mercredi matin par avion, celle-ci s'apprête à retrouver pour deux semaines sa location habituelle dont elle profite depuis 25 ans, à Moriani-plage.

"Je viens tous les ans, plusieurs fois par an, parfois seule, parfois avec des amis. Ce que j'aime ici, ce sont les gens, les plages, la nourriture... Et le fait aussi qu'il n'y ait pas trop de monde - même en été, assure-t-elle -, contrairement à des destinations comme l'Espagne qui sont bondées."

Des touristes présents... mais pas forcément dans les hôtels

Un attrait touristique qui se traduit bien dans les moyens de transport : les taux de remplissage des avions avoisinent depuis la fin octobre les 90 %, et nombre de ferries affichent également complet. Mais qui ne profiterait pourtant pas forcément à tous les professionnels du tourisme.

À l'hôtel Costa Salina, à Porto-Vecchio, on déplore ainsi un faible taux d'occupation des chambres : ce mercredi, elles ne sont que 16 à être occupées, sur les 62 disponibles, constate Vanina Piazza d'Olmo, directrice adjointe de l'établissement. Et les prévisions pour les semaines suivantes ne sont pas plus encourageantes. Résultat, l'hôtel a choisi de fermer ses portes dix jours plus tôt que prévu, le 17 novembre à défaut du 27, "parce que malheureusement, il n'y a pas de réservation."

Une impression confirmée par César Filippi, Président du GHR Corsica, le groupement des hôtelleries et restaurations, et lui-même propriétaire de l'hôtel Le Belvédère, à Porto-Vecchio. "L'arrière-saison est à l'image de la saison estivale : très médiocre, et très loin des prévisionnelles optimistes de l'institution, souffle-t-il. Octobre confirme cette chute qui est autour de 30 à 40 % par rapport à l'année dernière."

Lui accuse dans son établissement une baisse de réservation conséquente pour les vacances de la Toussaint : de 63 % de chambres occupées en 2022, à seulement 40 % pour la même période cette année.

Une chute de fréquentation qui serait selon lui partagée par de nombreux établissements hôteliers de l'Extrême Sud. Les raisons, estiment-ils, sont multiples : en premier lieu, "l'inflation. Elle a frappé partout, mais les chiffres sur le continent sont meilleurs que les nôtres. Ici, nous avons le prix des billets, avion et bateau, qui ont singulièrement augmenté", jusqu'à devenir peut-être inaccessible pour une partie de la clientèle habituelle.

Ensuite, "il y a eu cet essai pour maîtriser le tourisme en Corse, avec l'annonce en juillet/août qu'il y en avait trop. Ce n'est pas la cause essentielle, mais ça n'a pas fait du bien aux réservations."

"On ne voit plus des voyages de 15 jours, trois semaines. Aujourd'hui, ce sont des très courts séjours et plus fréquents. Il faut adapter les offres de transport à cette nouvelle réalité de fréquentation touristique."

César Filippi, président du GHR Corsica

Plus encore, analyse-t-il, l'offre de voyage serait aujourd'hui décalée avec celle désormais recherchée par la clientèle : "On ne voit plus des voyages de 15 jours, trois semaines. Aujourd'hui, ce sont des très courts séjours et plus fréquents. Il faut adapter les offres de transport à cette nouvelle réalité de fréquentation touristique. Il faudrait revoir l'ensemble de la distribution, en pensant par exemple à faire un lien direct avec le hub de Nice, avec un trafic permanent qui collecterait l'ensemble de la clientèle européenne et mondiale. Et puis, conclut-il, surtout revoir le prix des billets."

Les tarifs pour l'aéroport de Figari, se désole César Filippi, seraient ainsi exorbitants, et bien supérieurs à ceux - déjà élevés - constatés dans les autres aéroports de l'île. "Il serait temps de faire la parité des tarifs sur tous les aéroports, ce serait beaucoup plus intelligent et sympathique pour l'Extrême Sud. D’autant plus que n'en déplaise à certains de mes collèges, c'est un peu la Mecque du tourisme, Porto-Vecchio en particulier. Alors pourquoi ne pas le mettre à égalité avec les autres régions ? "

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