Si le cancer colorectal est un des plus meurtriers en France, un dépistage précoce permet la guérison dans 90% des cas. La prévention est donc essentielle. C'est le message du docteur Sauveur Merlenghi, président du comité de la Corse-du-Sud de lutte contre le cancer. Nous l'avons rencontré lors d'une conférence organisée sur ce thème ce jeudi 11 mai à Ajaccio.
Une personne sur 30 est touchée par le cancer colorectal au cours de sa vie. Cette donnée peut impressionner. Pour cause, le cancer colorectal est le 3ème plus fréquent en France. Il est même le 2ème plus meurtrier. Pourtant, des solutions existent, notamment la détection et la prévention.
À l'image des autres cancers, il vaut mieux prévenir que guérir ?
La prévention est un élément essentiel, pour toute la vie, aussi bien pour les cancers que pour d'autres maladies. Et la prévention repose sur des comportements normaux, habituels, qui doivent être celui de l'être humain : consommer un air pur, boire de l'eau et avoir une alimentation qui correspond à nos besoins, à nos standards. Le standard, c'est celui de la nature, qui est notre élément nourricier au départ et pour toute la vie. L'ennui, c'est qu'actuellement nous avons une alimentation qui n'est plus conforme à ce que notre organisme est en droit d'attendre. Autrement dit, c'est comme une voiture : si on n'a pas le bon carburant, on va avoir des déchets qui vont nous empoisonner un peu la vie. C'est ce qui se passe avec le cancer du côlon. Donc il faut associer prévention et dépistage. Le dépistage quant à lui, c'est la recherche de présence de sang dans les selles, à l'aide d'un kit qui est un kit très simple à mettre en œuvre.
À quel âge il faut commencer à se faire dépister ?
Alors traditionnellement, le dépistage, c'est 50/74 ans. Parce que, à partir de 50 ans, les défenses diminuent et on sait que le cancer, c'est en rapport non seulement avec une agression extérieure, mais en même temps avec une baisse des défenses immunitaires.
Les kits de dépistage seront disponibles en pharmacie, c’est une nouveauté ?
Ils étaient disponibles chez le médecin jusqu'à présent, ils vont l'être aussi en pharmacie. Et ils sont aussi accessibles sur le site Amélie. C'est tous les 2 ans, cela suffit largement, il n’y a pas besoin de le faire toutes les semaines.
En Corse, les données disent que pour l'instant, on est moins touchés par le cancer colorectal. Comment peut-on expliquer cela ?
Nous avons un mode de vie qui est quand même plus intéressant. Vous savez que c'est la population où on vit le plus vieux, donc ce n'est pas le hasard. Et le hasard ne fait pas les choses dans ce domaine. Nous avons ce qu'on appelle le régime méditerranéen qui fait la part belle aux circuits courts, à nos agriculteurs locaux, à nos revendeurs de nos produits locaux et de légumes en particulier, et ces légumes ont la chance de ne pas être traités avec des pesticides comme dans d'autres régions.
Est-ce qu'il y a un aspect génétique et héréditaire ?
Il y a toujours une prédisposition. On a dans la génétique des gens qui ont effectivement des caractéristiques qui vont leur permettre d'avoir plus rapidement ou plus tôt un cancer que d'autres, et d'autres n'en auront jamais. “Mon grand-père il a fumé toute sa vie, il n'a jamais rien eu”, c’est ce genre de réflexion que l'on entend. Mais c'est vrai, il y a des gens qui n'auront jamais rien et qui passent au travers de tout parce qu'ils sont sur le plan immunologique au-delà des normes traditionnelles. Ce sont des costauds.
Retrouvez l'entretien de Marc-Antoine Renucci et Yann Benard :
