Cette année, Ajaccio célèbre les 80 ans de sa libération. Retour sur la journée du 9 septembre 1943, où la cité impériale devint la première ville française libérée.
"La Corse a la fortune et l'honneur d'être le premier morceau libéré de la France." Ces mots sont prononcés le 9 octobre 1943, à Ajaccio, par le général de Gaulle.
Un mois plus tôt, les combats pour la libération commençaient sur l’île.
Dans la soirée du 8 septembre, la nouvelle de l’armistice entre l’Italie et les Alliés parvient jusqu’à Ajaccio. "Une rumeur joyeuse monte de la rue, s’enfle et roule sur la ville, se souvient le résistant Maurice Choury dans Tous bandits d’honneur, publié aux éditions Piazzola. Dehors, on danse, on s’embrasse, on court en tous sens, lançant à tous les échos la prodigieuse nouvelle".
Insurrection
Si la liesse s’empare de la cité impériale, pour la cellule de résistance locale, c’est le moment d’agir. "Il faut profiter du désarroi des Italiens avant que les Allemands se ressaisissent et les reprennent en main comme ils l’ont fait à la fin du mois de juillet, après la chute de Mussolini", analyse Maurice Choury dans son ouvrage.
Les résistants corses décident alors d’appeler aux armes pour libérer l’île. L’ordre est donné d’entrer en insurrection dès le lendemain, le 9 septembre. "À dix heures, nous entrons en ville au milieu des acclamations, raconte le résistant. Des drapeaux surgissent de chaque portail. D’emblée, le cortège se transforme en une irrésistible marée humaine. La Marseillaise éclate dans l’air limpide"
Ce sont près de quinze mille personnes qui se massent dans les rues d’Ajaccio, et se dirigent vers la mairie. Un nouveau conseil municipal est alors élu. "Minute doublement historique. C’est le premier conseil municipal de la Libération et, pour la première fois dans l’histoire de la République, une femme en fait partie", souligne Maurice Choury.
La foule se presse ensuite vers le monument aux morts, square Campinchi, pour se recueillir et prêter serment pour la France libre. Elle se dirige ensuite vers le cours Napoléon, pour rejoindre la préfecture où pénètrent les délégués du Front national.
Opération "Vésuve"
"Ils ressortent un quart d’heure après. L’insurrection a triomphé. La foule acclame les arrêtés préfectoraux du 9 septembre." Ces derniers proclament notamment le ralliement de la Corse à la France libre.
En parallèle, l’opération "Vésuve" est déclenchée : elle prévoit l’envoi de renforts de l’armée française à partir des rares unités de la marine disponibles.
Les premiers à accoster dans la cité impériale sont les 109 hommes du 1er Bataillon parachutiste de Choc, le 13 septembre. Ils ont voyagé à bord du sous-marin Casabianca.
Au total, ce sont quelque 6 500 hommes qui seront ainsi envoyés en renfort pour soutenir les résistants corses.
Les combats se termineront le 4 octobre, après la bataille de Teghime et la libération de Bastia.