À la suite de l'agression d'une enseignante par un parent d'élève lundi dernier à l'école Salines 6 d'Ajaccio, un débrayage d'une heure a eu lieu ce jeudi 16 mai au matin dans les établissements du premier degré de Corse-du-Sud. Un mouvement de soutien et de protestation qui a été suivi dans 70% des écoles du Pumonti, et dans toutes celles de la ville d'Ajaccio.
Professeurs des écoles, représentants syndicaux, parents d'élèves, personnels de l'Éducation nationale...
Tous se sont réunis ce jeudi 16 mai au matin devant l'école élémentaire Salines 6 d'Ajaccio. C'est ici, lundi dernier, qu'une enseignante a été agressée par la mère d'une élève. Placée en garde à vue, la maman sera jugée en comparution immédiate ce vendredi au tribunal.
En signe de soutien à l'enseignante, le STC avait lancé un appel au débrayage pour ce matin à 8h30 dans tous les établissements scolaires du premier degré de Corse-du-Sud. Une mobilisation à laquelle se sont également joints d'autres organisations syndicales (Snuipp-FSU, CGT Éducation, Snalc...).
Le débrayage a duré une heure. Selon le rectorat de Corse, 100% des écoles à Ajaccio ont suivi le mouvement, 70% au niveau de la Corse-du-Sud.
Le reportage de Florence Antomarchi et Jacques Paul-Stefani :
Dominique Poggioli : "Ce n'est pas acceptable"
Au micro de France 3 Corse, Dominique Poggioli, directeur académique des services de l'Éducation nationale (DASEN) en Corse-du-Sud, revient sur l'incident qui a eu lieu lundi 13 mai à l'école Salines 6.
France 3 Corse : Que s’est-il passé lundi dernier à l’école Salines 6 d’Ajaccio. Pourquoi la mère d'une élève s’est-elle rendue dans l’établissement ?
Il s'agit d'un différend entre la maman et l'enseignante qui est très futile, somme toute. Cette maman reproche certainement l'accompagnement de son enfant mais cela n'est pas la cause véritablement. En fait, c'est plutôt le comportement de la maman qui a été tout de suite outrancier et qui a débordé. Ça, ce n'est pas acceptable.
Le parent d'élève avait été reçu à l'école ?
Oui, la mère de l'élève avait été reçue toute la journée. Le dialogue était enclenché. Mais je pense, en effet, qu'elle a été jusqu'au bout avec le souhait d'en découdre avec l'enseignante. Ça, ce n'est pas acceptable. L'institution a tout de suite accompagné l'enseignante qui a été agressée. Je me suis rendu aux urgences. Demain (vendredi), puisqu cette dame passera au tribunal, je me rendrai auprès de nos équipes pour soutenir cette démarche.
Ces altercations entre les parents et le corps enseignant sont-elles fréquentes ?
Non, cela n'arrive pas fréquemment, fort heureusement. Mais c'est quelque chose qui peut en effet arriver. On a quelques situations avec des familles qui outrepassent leur droit et cela n'est pas acceptable. L'institution réagit très rapidement. C'est ce que je voudrais affirmer aujourd'hui : nos sommes aux côtés de nos enseignants.
Pourtant, certains syndicats et des fédérations de parents d'élèves disent que ces tensions sont de plus en plus récurrentes...
Alors c'est quelque chose qui arrive et il faut que dans notre travail quotidien, nous tenions compte de ces situations. Avec les syndicats, avec les parents d'élèves, le dialogue est permanent. Nous y travaillons, même au niveau national, car l'autorité à l'école est un sujet national ; nous mettons en place des mesures. Peut-être aussi que derrière il y aura de nouvelles mesures qui viendront renforcer ce travail. C'est quelque chose que nous accompagnons au quotidien.
L’autorité aujourd'hui, c'est surtout un dialogue, une collaboration.
Dominique PoggioliDASEN de Corse-du-Sud
Le dialogue est-il compliqué entre les enseignants et les parents ? Le ressentez-vous au niveau de l'Académie ?
En règle générale, je pense que le dialogue s'installe et il est très serein. Il y a quelques familles qui n'ont pas un dialogue serein avec nos équipes et c'est ce que je demande. Quand cela arrive, nous sommes véritablement aux côtés de nos enseignants pour que ce dialogue se rétablisse. Il m'arrive de recevoir des courriers de famille, une trentaine par an. La première chose que je demande, c'est le dialogue. Ensuite, c'est d'être aux côtés de nos équipes et de ne pas accepter toute forme de violence.
Il semble y avoir une impression d’autorité envers les enfants mais aussi envers les parents...
L’autorité aujourd'hui, c'est surtout un dialogue, une collaboration. Ce dialogue, il est la plupart du temps plutôt serein et apaisé. C'est ce qu'on constate dans nos écoles. Malheureusement, en effet, il y a quelques situations qui débordent et ça, je le répète, c'est vraiment inacceptable.